Questions sur la dette grecque Pierre Khalfa – février 2015

La dette a servi de prétexte dans tous les pays européens pour mener des politiques d’austérité drastiques qui ont amené l’Europe au bord de la déflation et qui ont eu des conséquences sociales dramatiques. La dette grecque est aujourd’hui au coeur de l’affrontement entre le nouveau gouvernement du pays et les institutions européennes.

1) D’ou vient-elle ?

Quadruplant pendant la dictature des colonels entre 1967 et 1974, elle a continué
à croître par la suite à cause de l’importance des dépenses militaires
(4% du PIB, contre 2,4% en France) dont les entreprises européennes d’armement
ont été les grandes bénéficiaires, des dépenses somptuaires, pour la
plupart inutiles, des jeux olympiques de 2004, de la corruption généralisée
des classes dirigeantes et de l’impossibilité de faire payer l’impôt aux plus riches,
parmi lesquels l’Église orthodoxe et les armateurs
La croissance de la dette depuis la crise est le produit de l’effet combiné des
cures d’austérité, qui ont plongé le pays dans la dépression, et de la spéculation
financière qui fait exploser les taux d’intérêt. En 2009, avant même
l’éclatement de la crise de la dette grecque, les banques se refinançaient auprès
de la Banque centrale européenne (BCE) au taux de 1 % et prêtaient à la
Grèce à 6 %, ce taux passant même à 12 % début 2010. Salué par la plupart
des commentateurs, le retour de la Grèce sur les marchés financiers en avril
2014 s’est traduit par un emprunt à un taux de 4,75 % alors que le taux de refinancement
des banques était de 0,25 %. Conséquence : la dette est passée
de 113 % du PIB en 2009 à 174 % aujourd’hui et se monte à 319 milliards
d’euros et ce, malgré une timide restructuration en mars 2012.

2) Que penser de la première restructuration de la dette grecque ?

Une restructuration d’une dette consiste à en réduire le montant et/ou à en
étaler le remboursement. A partir d’avril 2010, la Grèce est soumise à des attaques
spéculatives de la part des marchés financiers. Les taux d’intérêt explosent
et le pays est au bord de la faillite ne pouvant plus emprunter pour refinancer
sa dette. L’Union européenne impose des plans d’austérité massifs et
met le pays sous la tutelle de la Troïka composée de représentants du Fonds
monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de
la Commission européenne. De nouveaux crédits sont accordés à la Grèce
pour qu’elle rembourse ses créanciers. Mais l’activité économique s’effondre
et la dette continue de croître pour atteindre 160 % du PIB en 2012.


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