Capitalisme 1 - Climat 0

21 MARS 2015 | PAR JADE LINDGAARD DANS MÉDIAPART

Dans son nouveau livre, Tout peut changer, la journaliste canadienne Naomi Klein analyse les liens génétiques entre capitalisme et dérèglement climatique. Pour sauver le climat, il faut changer de système de production de valeurs, décentraliser nos démocraties et bouleverser nos modes de vie.

Depuis le début de son œuvre singulière d’intellectuelle-journaliste-activiste, Naomi Klein poursuit une quête : quel est le bon récit des luttes ? Comment raconter une juste histoire de l’engagement aujourd’hui ?
À l’orée des années 2000, cela tournait autour de la marchandisation du monde et de l’assignation identitaire par la pub (No Logo – Actes Sud). Sept ans plus tard, elle explorait des liens entre l’impérialisme guerrier, les traumatismes des peuples et le néolibéralisme (La stratégie du choc – Actes Sud). Aujourd’hui, elle affronte les ressorts systémiques de la crise climatique, avec un nouveau livre, sorti fin 2014 aux États-Unis : Tout peut changer (Actes Sud/Lux. Le titre est plus catégorique, et plus frappant en anglais : This changes everything).

L’enjeu n’est pas du tout celui du storytelling à la manière des néo-conservateurs qui voulaient façonner le monde à l’image de leurs obsessions (voir Dreams = Re-imagining progressive politics in an age of fantasy, de Stephen Duncombe). C’est plutôt l’idée d’une contre-propagande au discours dominant sur l’absence d’alternative. Pour que l’espoir d’un autre monde germe dans les esprits, il ne suffit pas d‘accumuler des faits : il faut aussi un grand tableau général qui leur donne du sens, de manière à semer un peu d’espoir dans le cadre d’interprétation.

À chaque fois, des experts relèvent des erreurs, contestent des faits et des dates. Mais l’essentiel n’est jamais là dans les livres-somme de Naomi Klein : ce qu’elle apporte, ce sont des diagnostics brillants sur les maux du capitalisme mondialisé, et sur ce qu’ils engendrent comme expériences sociales, politiques et culturelles. Avec toujours, une forte incitation à la rébellion contre cet ordre.

LIRE LA SUITE