COMMUNIQUE D'ATTAC

Les entreprises agro-semencières productrices d'organismes génétiquement modifiés (OGM) tentent en France de les imposer en force à travers une pétition qui vient d'être rendue publique à Paris le 18 septembre.
Cette pétition, lancée par M. Alain Toppan, cadre de la firme Biogemma (filiale du semencier Limagrain), condamne les destructions d'essais de plantes transgéniques en plein champ. Ces essais, selon les signataires, "ne font courir aucun risque ni à l'homme ni à l'environnement." Attac conteste ce point de vue.
Une autre pétition, signée cette fois-ci par plusieurs centaines de scientifiques et chercheurs, et largement relayée en France durant cet été, posait le problème de la manière suivante : " Nous avons pris conscience qu'au-delà de la recherche, les OGM constituaient une véritable machine de guerre commerciale pour certains groupes multinationaux visant à contrôler totalement les paysans et l'agriculture de la planète, en les rendant dépendants, par le biais de brevets, de ce qui a toujours été gratuit : la biodiversité génétique. Ces comportements montrent clairement l'utilisation qui risque d'être faite des résultats de nos propres recherches, si la société et les pouvoirs politiques, ensemble, ne définissent pas les moyens d'en garder le contrôle ".
La dernière livraison des Dossiers de l'environnement de l'INRA (n°23 de juillet 2003, page 164) nous apprend également que " l'utilisation de plantes génétiquement modifiées (OGM ou PGM) pour la résistance à un herbicide facilite a priori les pratiques extensives par la simplification du travail du sol ; cependant, elle induit de nombreux problèmes agronomiques tels que le contrôle des repousses, la sélection d'adventices tolérantes, le contournement des résistances variétales monogéniques, l'apparition d'hybrides "invasifs ", l'éviction accrue des "petites espèces " indispensables à la diversification, la maîtrise des contaminations génétiques. Des résultats récents semblent montrer que la simplification des pratiques sur les parcelles est plus que compensée par la complexité et le coût des pratiques d'isolement et de prévention indispensables aux bordures de celles-ci. Quant aux plantes génétiquement modifiées pour l'expression de la toxine entomopathogène de Bacillus thuringiensis, elles présentent, pour la préservation de la diversité biologique, un double inconvénient lié aux limites de la spécificité d'action de cette toxine, d'une part, et au risque accru de la sélection de souches de ravageurs résistants, d'autre part. "
La volonté des peuples doit se placer au-dessus de la volonté du profit privé des entreprises (les Français, selon les sondages, refusent les OGM à 71%). Pendant ce temps, des entreprises tentent, par des pressions et des arguments démagogiques, comme pour les " OGM médicaments ", de faire accepter les essais en plein champ contre notre gré.
Attac refusera les essais en plein champ, ce qui relève du principe de précaution, tant que tous les essais confinés en laboratoire ne seront pas menés à terme, tant que les études alimentaires n'auront pas démontré l'innocuité des OGM alimentaires, tant que des assurances ne seront pas souscrites par les entreprises sur les effets possibles des OGM pour prévenir les risques sur l'environnement et sur notre santé, tant qu'une transparence totale n'existera pas sur cette recherche particulière.
La pétition lancée par l'entreprise Biogemma est une entrave sévère à la volonté du peuple français. Que des scientifiques de renom la signent laisse songeur sur leurs connaissances en matière d'OGM ; que s'y fourvoient des membres de l'Académie des sciences, pour ceux d'entre eux qui ne sont pas liés aux industriels du secteur, relève davantage d'un esprit scientiste que de l'analyse scientifique.
Attac réclame le maintien du moratoire sur les OGM en France et en Europe, l'application du protocole de Carthagène (qui permet à un pays d'interdire les importations d'OGM), et l'ouverture d'un débat national sur les OGM dans le cadre de la Commission nationale des débats publics.

Attac, Paris, 18 septembre 2003.