Nomination de Pascal Lamy à la direction de l’OMC : une très mauvaise nouvelle pour les peuples, par Raoul Marc JENNAR (été 2005) Extrait de la Lettre d’Attac 45 n°31-32, été 2005

COMMUNIQUE DE l’URFIG (UNITE DE RECHERCHE DE FORMATION ET D’INFORMATION SUR LA GLOBALISATION)

Pascal Lamy, membre du Parti socialiste français, va accéder à la direction générale de l’Organisation Mondiale du Commerce.

Après avoir été, en France, un de ceux qui mirent en oeuvre le « tournant de la rigueur » en 1983, il est devenu directeur de cabinet de Jacques Delors quand celui-ci, à la tête de la Commission européenne, instillait des doses de plus en plus massives de réformes néolibérales avec l’Acte unique, puis le traité de Maastricht.

Ce proche de Strauss-Khan et de Jospin, membre du comité directeur du PS de 1985 à 1999, a été pendant 5 ans un des conseillers en Europe du principal think tank du complexe militaro-industriel américain, la Rand Corporation ; il a été aussi le président de la commission « prospective » du patronat français.

Après un passage à la tête du Crédit Lyonnais où il organise sa privatisation avec la casse sociale qui l’accompagne, il devient membre de la Commission européenne en charge du commerce, c’est-à-dire négociateur unique de l’Union européenne à l’OMC et pour toutes les négociations commerciales de l’UE.. Il manifeste une agressivité néolibérale digne de son prédécesseur, le thatchérien Léon Britan. C’est lui qui formule les propositions les plus avancées pour une mise en œuvre de la libéralisation des services (AGCS). C’est lui qui tente d’imposer aux 148 pays de l’OMC le contenu de l’Accord Multilatéral sur l’Investissement, rebaptisé “matières de Singapour”. Son obstination et son arrogance sont à l’origine de l’échec cuisant subi sur ce dossier par l’Union européenne à Cancun en 2003.

Cette personnalité du PS est célèbre pour avoir déclaré : « le libre-échange est une bonne chose, même quand il provoque des licenciements, pourvu que cela se fasse selon certaines règles. » Depuis la fin de la Commission Prodi, il a été candidat partout où on peut imposer les dogmes néolibéraux : à la présidence de la Commission européenne, puis au FMI et à l’OMC. Il était appuyé par l’Union européenne et par les Etats-Unis après que les Européens aient soutenu la candidature du néo-conservateur Wolfowitz à la tête de la Banque Mondiale.

Il y a quelques jours, assuré de son élection comme directeur général, il aurait déclaré, en aparté, à Genève, « si la Constitution européenne est adoptée, je n’aurai pas de problème à l’OMC avec les Européens. »

Raoul Marc JENNAR, chercheur URFIG/OXFAM -