La retraite solidaire face au péril du libéralisme, par Nicolas Cléquin (févr. 2010)

(mars 2010)

Même la crise ne les fera pas changer d’avis !

La retraite solidaire face au péril du libéralisme.

Malgré un bilan catastrophique, Sarkozy et Fillon s’entêtent

Le résultat des réformes de 1993 (Balladur), 2003 (Fillon) et 2007 est désastreux. L’allongement de la durée de cotisation à 40 et bientôt 41 ans, le calcul de la retraite sur les 25 meilleures années au lieu des 10 pour les salariés du privé et l’indexation sur les prix et non plus sur les salaires et la productivité, ont conduit à une baisse des pensions de 15 à 20%. Cela n’empêche pas l’aggravation des déficits des caisses de retraite (10 milliards en 2010), essentiellement due à la crise, car moins de salaire distribué c’est moins de cotisations et donc moins de recettes. Avec la crise, les entreprises continuent d’évincer les salariés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits. Enfin, les salariés qui ont les moyens, anticipant la baisse programmée de leurs retraites, épargnent davantage, offrant aux organismes de placement de nouveaux moyens plus puissants pour spéculer et provoquer des krachs à répétition.

Pourtant, l’orchestration de la propagande en faveur d’une nouvelle réforme des retraites s’est accélérée depuis quelques mois :

Le Medef exige que l’on recule l’âge de départ à la retraite (de 60 à 65 voire 67 ans) alors qu’il organise la mise sur la touche des salariés de plus de 55 ans. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a remis au Parlement (1) son rapport qui étudie la situation des régimes de retraite. Dans ce contexte, le gouvernement envisage la refonte complète du système (passage d’un système par répartition et par annuités à un système par points ou par comptes notionnels).

Le COR examine les solutions disponibles pour piloter l’équilibre du système de retraite. Il note que « l’effet positif d’une hausse du taux de cotisation sur le solde du régime est immédiat et durable » et c’est le seul levier pour lequel les effets sont si positifs.

De nouvelles régressions pour le plus grand nombre…de nouveaux profits en perspective pour les autres

Pourtant, l’augmentation du taux de cotisation est absente des solutions envisagées et le gouvernement s’apprête à utiliser une fois de plus un seul levier, celui de l’allongement de la vie active, soit en reculant l’âge légal du départ à la retraite, soit en allongeant encore la durée de cotisations. Les conséquences en seraient pires que celles des précédentes réformes, compte tenu de l’aggravation des conditions de travail et de la précarité accrue. Aujourd’hui seuls 40% des actifs le sont encore à 60 ans, les autres ayant été remerciés avant.

En focalisant sur l’emploi des seniors, il ne favorise pas la lutte contre le chômage des jeunes (20%), ni le taux d’emploi des femmes.

Gouvernement et patronat ignorent les derniers rapports de l’INSEE. Ces derniers montrent que l’allongement de l’espérance de vie s’est ralenti alors que le nombre des naissances est très élevé depuis l’an 2000. Par conséquent, la dégradation du rapport actif/inactif sera moins impressionnante que prévue en 2001.

Le COR imagine alors ce que donnerait un changement complet de système. Disons-le nettement : ce serait une catastrophe. Il estime à 15% la nouvelle baisse des pensions à prévoir. Il ne resterait plus qu’à reprendre une campagne de publicité pour promouvoir des fonds de pension qui viennent pourtant de jouer un rôle énorme… dans le déclenchement de la crise actuelle.

Des solutions pour les retraites pour une société plus solidaire

La question des retraites ne sera pas résolue tant qu’on ne s’attaquera pas à la racine du problème : la répartition fondamentale entre revenus du travail (retraites incluses) et revenus du capital. En pourcentage, la part des salaires dans le PIB s’est effondrée de presque 10% depuis le début des années 80. En revanche, la part des richesses nationales consacrées aux dividendes des actionnaires est passée de 4 à 8%. Tant que le tabou de ne pas accroître les cotisations patronales, soit en augmentant le taux, soit en élargissant l’assiette, dominera, rien ne sera possible hormis l’aggravation de la pauvreté, des inégalités et des discriminations envers les femmes.

Attac, qui a joué avec d’autres, un rôle important en 2003 pour décrypter les mensonges et les bêtises entourant la question des retraites, s’engagera résolument au côté de ceux qui prendront le parti de la solidarité et qui refuseront celui de l’accaparement des richesses par une minorité.

 Nous affirmons toujours que le financement d’une retraite digne de ce nom est possible. Il passe par l’abrogation des réformes précédentes , l’augmentation des salaires et des cotisations patronales, la taxation de certains revenus (stock options, primes d’intéressement…), la suppression de certains allègements de cotisations inutiles.
 Nous appelons dès aujourd’hui à la création d’un collectif de défense des retraites dans le Loiret avec l’ensemble des forces prêtes à se battre pour un droit à la retraite à 60 ans, avec 75% des meilleurs salaires pour 37 ans de cotisations.

Nous invitons à une première réunion de constitution du collectif sur ce sujet le lundi 22 mars, à 20 h 30 à la maison des associations.

1 COR, Retraites : annuités, points ou comptes notionnels ? Options et modalités techniques, Rapport 2010,