Attac 64 Béarn

Groupe local d’Attac France localisé à Pau, Pyrénées Atlantiques

Projet E-CHO : la réunion du 12 avril à Billère

, par Yves Godard

Le Comité Local ATTAC Béarn a participé à l’organisation d’une réunion publique le 12 avril à Billère, consacrée au projet E-CHO destiné entre autres à produire sur le site de Lacq du kérosène à partir de la biomasse forestière. Voici le résumé des interventions des participants :

- Jacques DESCARGUES, ancien Secrétaire Général de l’ONF :
Du fait du changement climatique (sécheresse, parasites, incendies ...), le puits de carbone de la forêt est en baisse et on craint d’ici à 2040 de passer en puits de carbone négatif. Entretemps, les prélèvements de la filière bois augmentent : il n’y aura pas assez de bois pour tous les usages futurs. L’Académie des Sciences préconise de diminuer l’utilisation du bois pour l’énergie ... tout le contraire d’E-CHO !

- Philippe GARCIA, Président de l’ONG Défense des Milieux Aquatiques :
Du fait des sécheresses, l’Agence Adour Garonne a chiffré à 10% le besoin de diminution des prélèvements dans le bassin de l’Adour... Alors que le projet Elyse augmenterait le prélèvements de 2,5%. A titre d’exemple, le débit d’étiage du gave de Pau pourrait diminuer de moitié, jusqu’à 7 m3/s en 2050 ... et ce, sans le projet E-CHO !

- Bernard GALTIE, référent du groupe local palois des Shifters :
La décarbonation du kérosène mobiliserait des prélèvements de biens communs (biomasse forêt, eau, électricité), au service d’une minorité (favorisée) d’utilisateurs de l’avion, et ce en majeure partie pour des vols touristiques. Selon les prévisions d’Airbus, le trafic aérien doublerait à l’échéance de 2042. La question de la sobriété du trafic aérien se pose, sans laquelle le plan de décarbonation français n’est pas viable (cf étude Carbone 4).
Par ailleurs, les technologies de production d’E-CHO ne sont pas matures à l’échelle où elles devraient se déployer.

- Pierre BISCAY, membre du groupe local palois des Shifters :
La biomasse utilisée par E-CHO sera approvisionnée à partir d’abattage d’arbres vivants (de l’ordre de 5000 ha/an), car les autres sources prévues ne seront pas disponibles : l’utilisation de déchets serait en conflit d’usage avec les filières bois et agricole existantes ; et l’utilisation du bois mort serait limitée car il faut préserver la régénération des sols et la biodiversité.
Elyse a calculé le bilan carbone du projet E-CHO selon le règlement européen RED2 en vigueur, en considérant qu’un prélèvement de biomasse était neutre en émission de CO2. Or c’est inexact à court terme : cela supposerait que le bois coupé se régénère instantanément. Pour que l’empreinte carbone du bois énergie soit neutre, il faut attendre une durée de l’ordre du siècle ! Nous ne disposons pas de ce temps pour décarboner le transport aérien.

- Henri PEPIN, membre de la SEPANSO Béarn conclut les présentations :
Selon ce qui précède, la perte du puits de carbone à l’horizon 2050, du fait du temps de régénération de la forêt, représenterait plus de 300 kilotonnes d’émission de CO2 du bio-kerosène par an en plus ... et non pas 300 kilotonnes de CO2 évitées comme le prétend Elyse. Alors que pour fabriquer ce bio-kérosène il serait possible d’utiliser du CO2 issu des rejets industriels provenant des environs de Lacq. Il faudrait mettre en place des dispositifs de captation du CO2, il faudrait aussi incorporer, et donc produire plus d’hydrogène. Le prix à payer pour la préservation de la forêt.

Une séance de questions / réponses a conclu la soirée.

Pour plus d’information, voir le site de TPMF https://www.touchepasamaforet.eu/

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