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Retraites : un enjeu de civilisation. Le moment de faire la vérité sur les retraites est venu

dimanche 2 mai 2010

Le gouvernement français et le patronat sont décidés à aller encore plus loin dans les réformes des retraites, alors que les précédentes ont déjà entraîné une régression sociale de très grande ampleur. Deux motivations les animent. D’une part, même durement mise à mal ces dernières années, la protection sociale telle qu’elle est issue des combats passés des salariés est incompatible avec la logique capitaliste subordonnant tout à l’impératif de marchandisation. D’autre part, il s’agit de savoir qui va endosser la crise qui sévit depuis trois ans. Pour sauver l’ordre néolibéral qui a failli, pour préserver leurs privilèges et renouer avec leur prospérité d’avant 2007, les classes dirigeantes sont déterminées à démanteler la protection sociale et en particulier les retraites.
Promues au nom de l’équité et du sauvetage du système par répartition, ces « réformes » masquent une volonté d’affaiblir les mécanismes de solidarité qui sont au fondement de la Sécurité sociale, afin de faire évoluer les régimes de retraite vers des formes d’épargne individuelle, qui peuvent même se cacher derrière le masque de la répartition, comme les « comptes notionnels »...

Ainsi, la société serait dispensée de fixer des normes collectives, tant en ce qui concerne le partage entre temps de travail et temps de repos que le niveau de vie des personnes âgées. En enlevant toute idée de normes accompagnant le progrès social, on renvoie tout à une prétendue responsabilité individuelle. Il est alors facile de changer le sens de la retraite par répartition et de présenter la capitalisation comme un recours pour « compléter et sauver les retraites ». Mais il s’agit là d’une mystification supplémentaire.
Le présent document propose un inventaire des principales questions dont les citoyens peuvent s’emparer pour déjouer les mensonges et rendre explicites les non-dits dont les porte-parole du capitalisme néolibéral sont coutumiers. Nous complétons cet inventaire par la réfutation systématique des contrevérités les plus fréquemment exprimées par eux. Le sens de la mobilisation à construire est indiqué dans l’appel « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites » [1] dont nous présentons les éléments à la fin de ce document. Les citoyens pourront trouver de plus amples développements dans le livre publié par Attac et la Fondation Copernic : Retraites : l’heure de vérité [2].

1. Répartition ou capitalisation ?

Dans un système de retraite « par répartition », on prélève des cotisations sociales qui sont immédiatement reversées aux retraités. En France, ces cotisations sont assises, c’est-à-dire calculées en appliquant deux taux au salaire brut : l’un est dit taux de cotisation « salarial », l’autre taux de cotisation « patronal ». En réalité, l’ensemble des cotisations fait partie de la masse salariale – elle-même étant une partie de la valeur ajoutée par le travail –, les employeurs ne s’y trompant pas puisque, pour eux, tout est du coût salarial.
Dans un système de retraite « par capitalisation », l’épargne individuelle est placée dans des institutions financières (fonds de pension, compagnies d’assurances…). Chaque individu verse des primes à son organisme qui achète pour son compte des titres financiers dont les revenus sont capitalisés. Le moment de la retraite venu, les titres sont liquidés pour servir une pension sous forme de rente.

En apparence, seul le système par répartition est fondé sur le principe selon lequel les travailleurs actifs prennent en charge les retraités. En réalité, bien que la chose soit un peu moins visible, c’est le même principe qui prévaut dans le système par capitalisation, car lorsque les fonds de pension veulent liquider des titres pour verser des pensions, ils les vendent aux actifs. C’est la raison pour laquelle un système par capitalisation est placé devant les mêmes contraintes économiques et démographiques que le système par répartition, puisque, en lui-même, il n’est pas capable de créer de la richesse supplémentaire à répartir, ni donc de « compléter » le système par répartition, comme veulent le faire croire ses partisans.

La récente crise financière a montré que la plupart des fonds de pension dans le monde ont été mis en grande difficulté, entraînant immédiatement la ruine de leurs souscripteurs. Soucieux avant tout de verser des dividendes à leurs actionnaires, les fonds de pension avaient progressivement remplacé des contrats de retraite à prestations définies (on sait ce qu’on touchera comme pension) par des contrats à cotisations définies (on sait ce qu’on verse mais pas ce qu’on touchera). Cela n’a pas empêché les fonds de pension des pays de l’OCDE de voir la valeur de leurs actifs baisser de 23 % en 2008. Et, aux États-Unis, le solde des comptes détenus par les 35-44 ans a fléchi de près de 15 % et celui des 45-54 ans de 18 %.

2. Que se passe-t-il dans la démographie ?

Il se passe des choses simples et sans gravité aucune. En France, la descendance finale est en moyenne de 2,03 enfants par femme, très proche du taux qui permet aux générations de se renouveler (2,1), alors que partout ailleurs en Europe les taux de fécondité sont beaucoup plus bas (par exemple : 1,3 à 1,4 en Allemagne ou en Italie)...

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