vidéo et texte de la vidéo : Grèce : pourquoi la capitulation ? Une autre voie est possible par Eric Toussaint
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Éric Toussaint analyse de manière critique l’attitude de Syriza en ce qui concerne la dette depuis 2010, pour expliquer comment le gouvernement grec en est venu à signer l’accord funeste du 13 juillet 2015. Une des explications fondamentales est la non prise en compte de l’audit de la dette qui aurait pourtant permis, en suspendant son paiement, de ne pas se soumettre aux diktats des créanciers. Éric Toussaint présente un plan B portant sur la dette, les banques, l’austérité, la monnaie et la fiscalité.
La question de la dette grecque est absolument centrale. À partir de mai 2010 et du premier mémorandum et du moment où se constitue la Troïka entre le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et l’Union européenne, cette question reste absolument centrale au cours des années à venir |1|.
La Commission d’audit citoyen de 2011
En décembre 2010, la députée Sofia Sakorafa intervient au Parlement en disant qu’il faudrait créer une Commission d’audit de la dette grecque s’inspirant de l’Équateur qui en avait constitué une en 2007-08. Cette députée fait référence à ma participation à cette expérience et dit qu’on pourrait faire appel à mon aide |2|. Il était clair que ce parlement qui était dominé par le PASOK et Nouvelle Démocratie n’avait aucun intérêt à faire la clarté sur la dette, et cette proposition a donc été rejetée. Avec toute une série de mouvements sociaux, et cette députée Sofia Sakorafa, on a décidé de créer une initiative d’audit citoyen de la dette |3|. Cela a pris quelques mois pour être lancé. On a mis au point un dispositif de lancement, par exemple en s’appuyant sur la réalisation d’un documentaire « Debtocracy » par le cinéaste Aris Chatzistefanou, qui allait jouer un rôle très important dans la diffusion de cette proposition. Le documentaire a été téléchargé par plus de 1,5 million de personnes en 6 semaines sur une population de 10 millions, c’est donc un écho extrêmement important. Évidemment, il n’est pas passé sur les chaînes de TV privées ou publiques mais il a eu une résonance extraordinaire |4|. La population, qui avait participé à un grand nombre de grèves, s’est lancée dans la foulée du mouvement des indignés espagnols dans l’occupation des places publiques d’une multitude de villes, à commencer par Athènes et Thessalonique mais ça a touché des villes moyennes pendant les mois de juin et juillet 2011. Les membres du Comité d’audit citoyen ont trouvé un écho extraordinaire à une proposition présentant les résultats préliminaires de la remise en cause des dettes réclamées à la Grèce et l’explication de comment la Grèce avait accumulé une telle dette qu’on pouvait considérer comme illégitime.
La position de la direction de Syriza vis-à-vis du Comité d’audit citoyen de 2011
Du côté des forces politiques constituées à la gauche, il y avait très peu d’enthousiasme pour soutenir cette initiative. Du côté de Syriza, des personnes comme Lafazanis |5| qui est par la suite devenu ministre du gouvernement Tsipras à partir de janvier 2015 ou une autre ministre du gouvernement Tsipras, Nadia Valavani |6|, sont des personnes qui, dès le début, c’est à dire depuis 2011, se sont engagées dans le soutien à cette Commission, mais du côté de la majorité de Syriza il n’y avait pas véritablement d’enthousiasme. Par exemple le ministre des Finances du gouvernement Tsipras, Yanis Varoufakis, a déclaré quand nous l’avons contacté en 2011 qu’il ne pouvait pas soutenir cette initiative d’audit citoyen car si il s’agissait de proposer à la suite de l’audit une suspension de paiement, cela ramènerait la Grèce à l’âge de la pierre disait-il dans une lettre publique |7|. Ce qui permet de comprendre des choses qui se sont passées en 2015 et le type de positionnement de quelqu’un comme Varoufakis.
Le programme de Syriza aux élections législatives de mai-juin 2012
Cette initiative d’audit citoyen a trouvé finalement un écho dans Syriza malgré les difficultés de départ et Syriza a repris la proposition dans son programme en cinq points |8| pour les élections de mai puis de juin 2012 pour lesquels les cinq points étaient :
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