Climat : urgent besoin d’un ouragan citoyen pour renverser la table des négociations ! | 23 OCTOBRE 2015 | PAR MAXIME COMBES sur blog de Médiapart

jeudi 29 octobre 2015

Au moment où le plus puissant ouragan de l’histoire jamais enregistré frappe les côtes mexicaines, la session de négociations de l’ONU qui s’achève à Bonn illustre une fois de plus l’urgent besoin d’un ouragan citoyen pour éviter le chaos climatique que préparent, en toute connaissance de cause, les Etats.

A l’ouverture des négociations, trois scénarios étaient sur la table : le très mauvais texte proposé par les co-présidents de la négociation (voir notre analyse ainsi que le CP d’Attac France) pouvait être accepté ou rejeté en bloc, ou bien pouvait s’ouvrir un houleux processus de modifications. C’est la troisième option qui l’a emporté, dans un cafouillis indescriptible. La dernière possibilité d’arriver à Paris avec un texte de négociations resserré et compréhensible, tel que le souhaitaient François Hollande et les négociateurs français, s’est envolée.

Voici un premier retour, non exhaustif, sur cette semaine de négociations et les enseignements que nous pouvons en tirer.

Vers un apartheid climatique ?

La semaine s’est ouverte sur un énorme coup de gueule des pays du G77, qui regroupe près de 135 pays du Sud : il n’était pas question pour eux d’accepter le très mauvais texte de négociations, rapidement renommé « US text » (texte américain) tant il était déséquilibré au profit des intérêts défendus par les Etats-Unis et les pays du Nord. Vécu comme une offense, ce texte a permis au G77 de réaffirmer son unité que certains voyaient voler en éclat à l’approche de Paris. C’est donc à Bonn que s’est joué Retour vers le futur version 2015 : une très forte opposition entre pays du Sud et pays du Nord s’est à nouveau exprimée, opposition qui avait eu tendance à se réduire les années passées.

La représentante sud-africaine du G77, Nozipho Mxakato-Diseko, a même affirmé que la non inclusion des propositions des pays du Sud dans le texte initial ressemblait fortement à ce qu’il se passait dans le régime d’apartheid en Afrique du Sud quand « les Noirs devaient justifier pourquoi ils avaient le droit de voter ». Malgré les réticences, les pays du G77 ont obtenu gain de cause et le reste de la semaine a été dédié à compléter le texte initial et rajouter les propositions manquantes dans les différents chapitres du texte.

Des ONG et associations exclues des négociations

Cette semaine de négociation restera marquée par le refus du Japon – et d’autres Etats du Nord – d’accepter la présence d’observateurs (ONG, associations, syndicats, etc.) dans les réunions où se déroulent les négociations. Malgré les demandes réitérées des délégués des pays du Sud, et notamment de la Malaisie, les pays du Nord ont importé dans les négociations sur le réchauffement climatique des méthodes utilisées dans les négociations commerciales où il est bon ton de cultiver le secret et de négocier derrière des portes closes. Le processus de négociation n’est alors plus transparent, inclusif et démocratique et il ne permet pas à certains pays du Sud, disposant d’un petit nombre de négociateurs aguerris, de s’appuyer sur l’expertise citoyenne. Qui plus est lorsque plusieurs réunions de travail se déroulent en même temps, au nom de l’urgence de la négociation.(voir également ce reportage de France 3)

Cette semaine à Bonn a permis de mettre en lumière le décalage abyssal existant entre l’urgence climatique et la réalité des engagements des Etats. Une nouvelle étude, réalisée par les ONG, associations et syndicats, analyse le contenu des contributions volontaires que les Etats ont rendu publiques dans la perspective de la COP21. Les résultats sont sans équivoque : les contributions volontaires des Etats (INDC dans la novlangue onusienne) sont inacceptables car elles préparent un réchauffement climatique supérieur à 3°C et elles ne sont absolument pas équitables (voir notre article). Un verdict bien éloigné des commentateurs qui laissent entendre que les Etats seraient sur la bonne voie en matière de lutte contre les dérèglements climatiques.

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