Contre l’évasion fiscale, les "faucheurs de chaise" mettent les banques sous pression par Thomas Clerget | 4 décembre 2015 dans Regards

vendredi 4 décembre 2015

Comment récupérer les capitaux évadés par les banques, notamment pour financer la transition énergétique ? Des militants passent à l’action… en prélevant des chaises dans les agences : illustration hier au siège parisien de BNP Paribas.

« C’est un peu David contre Goliath », résume Dominique Plihon. L’économiste et porte-parole d’Attac s’exprime au pied de l’agence centrale de la BNP Paribas, dans le 9e arrondissement de Paris. En cette matinée du 3 décembre, l’immeuble est fermé « pour cause d’évasion fiscale », annonce une affiche installée sur les barreaux métalliques de la grande porte. Environ 250 personnes, équipées de badges, pancartes et banderoles frappés de slogans comme « Qui vole qui ? », barrent l’entrée du bâtiment. Les journalistes sont nombreux, les policiers aussi. Ces derniers ceinturent le rassemblement, mais gardent leurs distances. Ils n’interviendront pas.

Depuis la rentrée, la campagne de "réquisition citoyenne" de chaises, menée dans les grandes banques françaises, et notamment dans la première d’entre elles, BNP Paribas, a gagné en visibilité publique. Jeudi 3 décembre, les associations à l’origine de ces actions de "désobéissance non violente", parmi lesquelles Bizi !, un collectif altermondialiste issu du Pays basque, Attac France, ou les Amis de la Terre, appelaient à « prendre le siège » de la multinationale [1]. Objectif de l’opération ? Dénoncer son rôle et celui des grandes banques françaises dans l’évasion fiscale, qui coûterait, via les paradis fiscaux, 60 à 80 milliards d’euros par an à l’État, et quelques 1.000 milliards d’euros à l’échelle de l’Union européenne.

Réquisition surprise dans une agence de la Bastille
Cet argent, les faucheurs de chaises, qui se placent dans la filiation symbolique des faucheurs d’OGM, veulent le mettre au service de l’intérêt collectif, à l’heure où les délégations réunies pour la COP 21 « ne trouvent toujours pas les cent milliards de dollars de financements additionnels du Fonds vert pour le climat », précise l’appel. « Première banque française et 9e banque internationale à soutenir le charbon, l’énergie fossile la plus polluante, BNP Paribas a une grande part de responsabilité dans le dérèglement climatique. Détentrice du record mondial de présence dans les paradis fiscaux (171 filiales !), BNP Paribas organise l’évasion fiscale et assèche les budgets des États. »

Pour soutenir les activistes, plusieurs personnalités politiques avaient fait le déplacement : l’ancien faucheur José Bové est venu passer le témoin, en compagnie du leader de Nouvelle donne Pierre Larrouturou et du coordinateur du Parti de gauche, Éric Coquerel. « Nous espérons que ce type d’action se multipliera », a déclaré ce dernier. Annoncée publiquement quinze jours à l’avance, la réquisition de sièges initialement prévue n’a pas eu lieu. La banque avait pris ses précautions, et fermé ses bureaux. Mais les organisateurs ont annoncé la réquisition surprise de six fauteuils, au même instant, dans une agence de la place de la Bastille.

« L’argent de la transition existe, il est dans les paradis fiscaux »
Au total, depuis le 12 février 2015 – date de la première réquisition par Bizi ! dans une agence HSBC de Bayonne –, plus de 230 chaises auraient été "fauchées" dans différentes banques, en France et en Belgique. Depuis, le porte-parole de Bizi !, Txetx Etcheverry, a été auditionné plusieurs fois. Mais pas inculpé. « Plutôt que de diligenter la police contre les militants, les pouvoirs publics feraient mieux de mettre un terme à cette situation intolérable. L’argent de la transition existe, il est dans les paradis fiscaux », dénoncent les associations. Cette fois, devant le siège de la BNP, il s’agissait surtout de profiter de l’écho médiatique de la COP 21 pour dénoncer, une fois de plus, les agissements des banques.
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