Life and Debt,, film de Stéphanie Black au Mazarin à 20h30 suivi d’un débat animé par Damien Millet du CADTM France

vendredi 14 janvier 2005

Le film montre l’influence du FMI, de la Banque mondiale et d’autres organisations sur l’économie de la Jamaïque ces 25 dernières années
"La bande-son mêle ces valeurs sûres que sont Bob Marley et Peter Tosh et quelques mélopées inconnues et lancinantes qui hantent le spectateur longtemps après la projection - Ras Ivy and the Family of Rastafari, ou l’excellent Mutabaruka." Le Monde

Life and Debt, de Stéphanie Black

"Life and Debt" : L’infini malheur d’un pays exploité
LE MONDE | 06.04.04 | 14h55 • MIS A JOUR LE 06.04.04 | 19h06

Documentaire sur la Jamaïque, terre aux richesses méconnues.
À la fois cri de colère et déclaration d’amour éperdue à une terre oubliée de tous, le film de la documentariste Stéphanie Black fait la part belle à de grands artistes jamaïcains, avec une générosité qui saisit d’emblée. La bande-son mêle ces valeurs sûres que sont Bob Marley et Peter Tosh et quelques mélopées inconnues et lancinantes qui hantent le spectateur longtemps après la projection - Ras Ivy and the Family of Rastafari, ou l’excellent Mutabaruka.

Quant au commentaire - une longue et véhémente tirade à la première personne -, il est tiré d’un court texte de Jamaica Kincaid, A Small Place (1987). Avant même de dérouler le fil de sa démonstration, Life and Debt choisit donc un camp. S’inscrire ainsi dans un tissu de références littéraires et musicales, c’est en effet affirmer avec vigueur que la Jamaïque est un pays vivant, dont les richesses intellectuelles sont injustement méconnues. Un puissant sentiment d’injustice est d’ailleurs le moteur du film. Injustice du passé esclavagiste. Injustice de cette indépendance payée au prix fort, celui qu’ont fixé les grandes institutions financières internationales.

ENTRE INDIGNATION ET DÉSESPOIR

Le FMI est le principal accusé dans le film de Stéphanie Black, qui repose sur la mise en parallèle sobre et efficace de deux entretiens - l’un avec un ancien premier ministre jamaïcain, Michael Manley, l’autre avec le numéro deux du FMI, Stanley Fischer. Manley raconte ses années au pouvoir (près d’une décennie à partir de 1972), son sentiment d’impuissance, l’étau dans lequel la dette tenait, tient encore, le pays. A cela, aux témoignages des agriculteurs écrasés par la concurrence internationale, Stanley Fischer oppose les arguments à la fois sensés, logiques et moralement inacceptables de l’économiste expérimenté.

Comment un pays qui consacre près de deux tiers de son budget national à la dette peut-il survivre ? La vie et la dette sont incompatibles : c’est ce que démontre le film, animé par le texte fort et rageur de Kincaid. Après s’être attardée sur les hôtels luxueux, les plages paradisiaques et les beuveries de vacanciers inconscients, la réalisatrice filme les zones franches où les syndicats sont interdits, où 10 000 ouvriers travaillent, pour 30 dollars par semaine, aux finitions de vêtements de grandes marques américaines. Life and Debt n’a à proposer ni demi-mesure, ni discours tempéré, ni analyse subtile. L’urgence, le scandale ne le lui permettent pas. En choquant le spectateur occidental, en lui jetant à la figure l’infini malheur d’un pays exploité, Stéphanie Black espère sans doute susciter une révolution, au moins des mentalités, réparer ne serait-ce qu’un peu l’injustice. L’existence même de ce film témoigne d’une véritable foi politique, de l’espoir que la prise de conscience collective peut transformer le monde. A cela, le groupe de Ziggy Marley, The Melody Makers, répond par la résignation, dans une chanson intitulée G7 : "Ces pays veulent rester au sommet/ Ils trouveront n’importe quel moyen/ Pour eux, les peuples du tiers-monde/ Ne sont qu’un petit prix à payer". Ecartelé entre indignation et désespoir, Life and Debt laisse le spectateur, sonné, face à cette certitude implacable et désarmante.

Florence Colombani

Documentaire américain. (1 h 26.)


Life and debt

réalisateur :
Stéphanie Black

durée : 1 h 26

origine :
Etats-Unis

date de sortie :
07 avril 2004

acteurs :
Belinda Becker, ...

histoire :
Ce portrait désenchanté de la Jamaïque accompagne les touristes américains qui déferlent sur l’île sans même se rendre compte du dénument de sa population et du délabrement de son économie. Très vite, on découvre les coupables de cet enfer des tropiques : le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, etc.
En donnant la parole à l’ex-Premier ministre jamaïcain, au directeur du FMI, comme aux ouvriers exploités et aux éleveurs et agriculteurs ruinés par les importations de lait ou de viande, ce documentaire décrypte mieux que de longs discours la triste réalité de la mondialisation.

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Life and Debt, Black Stéphanie ; Etats-Unis 2001,
Présenté en 2004

Panorama : « Regards croisés » ; 35 mm ; 86’ ; couleur ; v.o. anglais ; s-t. français

Le film montre l’influence du FMI, de la Banque mondiale et d’autres organisations sur l’économie de la Jamaïque ces 25 dernières années. Pour sa réalisatrice, « il s’agissait d’éclairer, de simplifier et de rendre plus lisible un sujet éminemment invisible, à savoir l’incidence des politiques économiques sur la vie quotidienne de populations qui devraient à l’évidence en bénéficier, mais qui, concrètement n’en retirent rien ».

Life and Debt associe le genre documentaire réaliste aux techniques narratives poétiques. Il montre des entretiens avec des fonctionnaires du FMI, des touristes américains et des travailleurs et paysans jamaïcains. Pour la réalisatrice, le touriste est « une métaphore des privilèges et de l’incompréhension ». Les extraits d’archives sont intimement mêlés à des images du quotidien, ce qui permet au spectateur de pénétrer la complexité des politiques monétaires et commerciales internationales. Les frontières les plus évidentes ici sont les lignes de partage des classes, des races et des idéologies ; par contre, Life and Debt remet en cause les frontières séparant le global du local, le passé du présent, le monde développé du monde en développement.

image : Malik Sayeed, Kyle Kibbe, Richard Lannaman, Alex Nepominiaschy ; montage : John Mullen ; son : Caleb Mose
production :
Stephanie Black,
135 Hudson Street,
New York 10013 - USA,
tél. +1 212 925 6528,
stephanieblack@mindspring.com
contact copie :
Eurozoom
4bis, rue de l’Armée d’Orient,
75018 Paris - France,
tél. +33 1 42 93 73 55,
fax +33 1 42 93 71 99,
eurozoom@club-internet.fr

Lire l’article sur le livre rédigé à l’occasion du film "La Jamaïque dans l’étau du FMI par Damien Millet / François Mauger,la dette expliquée aux amateurs de ragagae, aux fumeurs de joints et aux autres..."


titre documents joints

Tract sur Life and Debt à faire circuler sans modération......

6 janvier 2005
info document : RTF
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Critique du Monde

16 décembre 2004
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Life and Debt

16 décembre 2004
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