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Synthèse de la conférence de Jacques NIKONOFF
Vendredi 03 décembre 1999 - Aix en Provence

Par Jean-Marc SERRE

 

Les fonds de pension relèvent d'une escroquerie intellectuelle et financière

Les fonds de pension sont des facteurs de crises financières

La question du financement des retraites peut être résolue par l'emploi

 

Les fonds de pension relèvent d'une escroquerie intellectuelle et financière

 

Une escroquerie intellectuelle

 

Les partisans des fonds de pension ont transformé en fatalité un phénomène positif qui est l'allongement de l'espérance de vie. Ils ont transformé un espoir en peur.

Parler de "vieillissement" équivaut à transformer la réalité et faire de l'idéologie. C'est une notion qui est née dans l'esprit d'une élite malthusienne qui discrédite tout ce qui peut engendrer du progrès humain.

"Avoir 70 ans" aujourd'hui n'a rien à voir avec "avoir 70 ans" il y a 50 ou 100 ans en arrière.

On ne devrait pas parler de "vieillir" mais "d'être jeune plus vieux"

Il en est de même pour la notion de "choc démographique" : il n'y a pas de choc démographique mais simplement une évolution normale. Les plus de 65 ans représentent 15% de la population en 1995, ils représenteront 27% en 2040. Cela équivaut à une augmentation de 0,26% par an alors que dans le même temps la productivité et la croissance économique augmentent de 2% à 3% par an.

Il suffit donc de mettre en place de nouveaux dispositifs permettant une meilleure répartition de la richesse produite au profit des retraités.

C'est un raisonnement simpliste et dangereux que d'annoncer : " Vieillissement => choc démographique => déséquilibre des régimes de retraites => nécessité d'augmenter la durée des cotisations et créer des fonds de pension.

 

Une escroquerie financière

 

Les fonds de pension sont incapables de résoudre la question du financement des retraites

Les fonds de pension vont contribuer à diminuer le montant des retraites car les investissements actuels provoquent une augmentation spéculative du prix des actions. Ces prix vont chuter lorsque les fonds seront massivement retirés pour payer les retraites des salariés qui aujourd'hui alimentent par leurs cotisations les fonds de pension.

 

L'objectif des fonds de pension est de transférer sur le salarié, le risque financier et boursier assumé aujourd'hui par l'Etat.

Actuellement, la retraite est garantie par l'Etat. Avec les fonds de pension ce ne sera plus le cas. Ce sera le marché financier qui fixera le montant des retraites.

Par ailleurs la notion de "système facultatif" est profondément destructeur de solidarité sociale car il contribue à l'exclusion des catégories populaires qui ne peuvent pas y accéder.

Déjà avec le système actuel ce sont les chômeurs et précaires qui seront le plus touchés par la faiblesse de leurs retraites à venir. Les fonds de pension renforceront ce phénomène d'exclusion sociale.

Avec un système de redistribution, ce sont les catégories les plus aisées qui participent à financer dans une moindre mesure les retraites des catégories les moins favorisées. C'est tout l'opposé qui se produirait avec les fonds de pension : les plus pauvres paieraient les retraites des plus riches à travers notamment le système d'exonérations et d'avoirs fiscaux qui sont supportés par le budget de l'Etat donc par les impôts de chacun.

Les fonds de pension fonctionnent très bien pour seulement 10 à 20% de la population la plus riche.

 

Les fonds de pension sont des facteurs de crises financières

 

Les fonds de pension déstabilisent les marchés financiers :

leur rôle a été majeur dans la crise financière asiatique qui a provoqué une crise économique et 12 millions de chômeurs. La forte progression des indices boursiers ( Cac 40, Dow Jones…) est uniquement due à l'arrivée massive des fonds de pension qui achètent des actions et font monter virtuellement les cours. La progression des cours boursiers est un phénomène ponctuel car dans la longue période il y a forcément ajustement de la valeur boursière avec la valeur économique réelle.

 

Les fonds de pension déstabilisent les entreprises :

ils laissent croire que c'est le marché financier qui crée de la valeur alors que celui-ci ne fait que capter de la valeur. La valeur est créée par le travail humain et non par la spéculation financière. En gouvernant les entreprises, les fonds de pension les obligent à se fixer comme objectif la maximalisation du profit et du cours de leurs actions, anéantissant ainsi l'esprit saint-simoniste qui privilégie le progrès social grâce à l'industrie. Les nouveaux dirigeants d'entreprises deviennent des "killers" au service des gestionnaires des fonds de pension.

 

La question du financement des retraites peut être résolue par la création d'emplois

 

Il convient de rappeler un principe de base : les chômeurs sont des "non cotisants" aux systèmes de retraites. Il faut donc permettre à chacun de travailler et dans ce cas une augmentation de 70 F par mois des cotisations retraites suffirait à résoudre le problème du financement des retraites dans les années à venir.

La pensée économique dominante (monétariste - ultra libérale) pose comme une fatalité le principe de "taux de chômage naturel", qui serait en France de l'ordre de 9% (5% aux USA). Le commissaire général au plan (Charpin) justifiait la nécessité de la mise en place de fonds de pension sur la base de ce postulat ultra - libéral qui n'a dans la réalité aucun fondement.

Les politiques publiques menées actuellement par la plupart des puissances économiques ont pour but de maintenir un taux de chômage correspondant aux taux décidés par les théoriciens ultra libéraux comme taux de chômage naturel. On considère en effet qu'en dessous de ce taux il y a une tendance inflationiste. Or l'inflation est considérée comme sacrilège par ces mêmes économistes ultra libéraux.

La réalité est tout autre : un peu d'inflation est favorable aux couches populaires, mais défavorable pour les rentiers (les rentiers modernes sont les fonds de pension). L'école de pensée ultra libérale sous prétexte de maîtrise de l'inflation défend donc la classe rentière (fonds de pension) au détriment des couches populaires.

 

En conclusion le problème du financement des retraites est un faux problème car il suffit de multiplier par 3 le montant des cotisations d'ici 2040. Ces mêmes cotisations ont été multipliées par 10 depuis les 40 dernières années sans que cela pose des problèmes majeurs.

Attac La Ciotat
Jean-Marc Serre

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