Accord historique à la COP21 : « L’océan va bientôt arriver à Paris »

PAR IVAN DU ROY, MYRIAM THIEBAUT, RACHEL KNAEBEL 13 DÉCEMBRE 2015

Au moment où les 195 États représentés à la 21e conférence sur le climat adoptent un accord sur les réductions de gaz à effet de serre, historique par son existence mais peu ambitieux, des milliers d’activistes du monde entier se sont rassemblés à Paris, près de l’Arc de Triomphe et de la Tour Eiffel. 

Malgré l’état d’urgence qui règne en France, ils ont manifesté pour une véritable justice climatique qui ne solde pas l’existence des générations futures et n’oublie pas les communautés les plus touchées par le réchauffement. Reportage avec ces citoyens, souvent jeunes, qui tentent de rappeler aux États leur responsabilité face à l’avenir de la planète.

« L’océan va bientôt arriver à Paris. Ça m’arrange : pas la peine d’aller en camion aux Pays basque pour faire du surf. En plus, ça pollue », rigole une clown, qui a revêtu une combinaison de surf, et pose avec sa planche devant une poignée de gardes mobiles harnachés d’armures en plastique noir. « Le coefficient des marées est très élevé, une énorme vague se prépare et je cherche “bourges plage”, où il y a beaucoup de requins », poursuit-elle, aussi inlassable dans l’absurde que les 195 délégations de pays qui viennent d’adopter un accord au Bourget. Un texte « inconsistant », selon plusieurs observateurs, qui laisse l’avenir de l’humanité en sursis, dépendant pour sa survie du nombre de millions de tonnes de CO2 qui seront émises pendant les prochaines années.

Notre surfeuse a intégré l’armée des clowns à Barcelone, il y a trois ans, au moment du mouvement des indignés. Avec son compère Lucien, qui a rejoint la bande il y a un mois, ils ambitionnent de « combattre le pouvoir de la manière la plus efficace, par l’humour ». La dizaine de clowns se met en marche, mimant une parade militaire. À ce moment, le pouvoir se situe à notre droite, à un bout de l’horizon, où se profilent les tours de la Défense, siège de multinationales comme le pétrolier Total. A l’autre extrémité, l’Arc de Triomphe, où repose le soldat inconnu, victime anonyme de la folie meurtrière du début du XXème siècle. La première tuerie industrielle de masse. Au milieu, 10 000 anonymes dressent une immense ligne rouge, faite de banderoles, de parapluies, de vestes, de bonnets ou de fleurs : la ligne rouge que nos sociétés ne doivent pas dépasser pour que le climat de la planète ne devienne pas incontrôlable. Les initiatives du 12 décembre ont été autorisées in extremis par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, mais restent fortement encadrées par des gendarmes mobiles plutôt détendus.

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