L’Université d’été d’Attac sonne le regain des mobilisations

28 août 2017 / par Lorène Lavocat (Reporterre)

Deux mille personnes se sont retrouvées à Toulouse pour l’université européenne d’Attac. Dans une atmosphère studieuse et chaleureuse, ils ont préparé les mobilisations de la rentrée. Finance, migrations et écologie sont les trois thèmes dominants l’agenda européen des mouvements sociaux.

Toulouse (Haute-Garonne), reportage
Malgré la torpeur estivale, les allées de l’université Jean Jaurès de Toulouse fourmillent d’activités. Si les étudiants n’ont pas encore repris le chemin de la fac, c’est déjà la rentrée (de la lutte) des classes pour les altermondialistes d’Attac. Venus par centaines des quatre coins de la France et de l’Europe, ils ont tenu, du 23 au 27 août, leur université d’été.
Au programme, un foisonnement de forums, séminaires, ateliers et autres conférences gesticulées. Solidarité avec les migrants, précarisation du travail, alternatives monétaires, lutte contre l’expansion du trafic aérien. De quoi satisfaire tous les goûts militants. « Il y a peu d’événements de cette envergure, qui mélangent réflexion et action, et réunissent pendant quatre jours des militants du monde entier », se réjouit Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France. Plus de 2.000 personnes ont participé à cette université populaire, dont un quart d’internationaux, soit le double de ce qui était attendu. Reporterre était un des partenaires de cette université.
Résultat, des amphithéâtres transformés en sauna par l’effervescence humaine, du café en rupture de stock régulière, et des échanges à bâtons rompus en espagnol, anglais, allemand ou français. « L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, mais aussi de Donald Trump ou de Teresa May, qui incarnent l’opposé de nos valeurs, a montré la nécessité d’un discours et d’une opposition radicale, analyse Aurélie Trouvé. Les gens cherchent une autre voix, une autre mondialisation fondée sur la solidarité et la coopération entre les peuples. Et ils veulent des espaces de débat et de réflexion ouverts, où puissent s’exprimer différents points de vue. »

Comme lors de l’atelier consacré à l’état des gauches européennes, où l’insoumis Eric Coquerel et l’écologiste Yannick Jadot ont croisé le fer, l’un prônant la conquête de l’hégémonie et et l’autre la recherche du compromis. Ou encore lors du forum sur l’avenir du travail, où la taxe robot, le revenu de base et les effets pervers du bénévolat ont suscité des envolées verbales au sein de l’assemblée. « La finance, la question des migrations et l’écologie sont sans doute les trois thèmes principaux qui agitent le mouvement social européen en ce moment, observe la porte-parole. Mais nous avons été surpris de voir comment la question du travail a resurgi : les gens en France ont vraiment la volonté d’en découdre avec le gouvernement. »
Quatre jours plus tard, les débats ont permis la rédaction d’une feuille de route des mobilisations à venir. Contre la loi Travail le 30 août devant l’université d’été du Medef à Jouy-en-Josas, puis le 12 septembre dans les rues. Contre l’état d’urgence le 10 septembre, et contre le Ceta le 21 septembre. « Vous achetez une bonne paire de basket le 9 septembre, et vous ne la quittez plus de l’automne », résume Omar Slaouti en conclusion d’un forum. Sans oublier les mobilisations européennes contre les traités commerciaux, les multinationales, ou pour défendre le droit à l’avortement.
L’heure est donc à la mobilisation générale, malgré certains accents pessimistes, comme le discours de clôture de Geneviève Azam, d’Attac France : « Nous ne devons plus parler de crises mais d’effondrement. C’est la fin d’un monde, qui peut être dangereuse car les stratégies survivalistes peuvent être porteuses d’autoritarisme. A nous de construire non seulement des résistances, mais aussi des résiliences. »
Au sortir de cette Université d’été, les militants galvanisés sont cependant unanimes : « nous avons deux fois plus envie d’agir ! », sourit une jeune femme. « Le mouvement social est loin d’être atone, insiste Aurélie Trouvé. Il y a des fronts et des bagarres multiples, mais nous comptons sur la convergence des luttes, notamment au niveau européen, et sur le renouvellement des générations et des pratiques, que l’on voit s’opérer peu à peu. » Ainsi, à l’ombre des quelques pins qui parsèment la pelouse du campus, têtes grisonnantes et tignasses ébouriffées se côtoient et discutent dans un joyeux brouhaha multilingue.


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