La Ciotat - Gemenos : aucun gendarme à Gémalto sur la route des licenciements

Sylvain Fournier jeudi 3 mai 2018

Jean-Marie Roucairol, délégué syndical CFE-CGC, ici lors d’une action devant le péage de La Ciotat en décembre dernier, dénonce la vitesse fulgurante avec laquelle la direction a été en capacité de dérouler le plan social de Gémalto, un plan grandement facilité par les ordonnances Macron. Photo S.F.

Les salariés et les délégués syndicaux de Gémalto à La Ciotat - Gemenos ont « inauguré » la nouvelle procédure de licenciements découlant de la loi Travail et des ordonnances Macron. Retour d’expérience. Malgré une victoire juridique et des rapports alarmants du comité hygiène et sécurité et de l’inspection du travail, l’entreprise a déroulé son plan en quelques mois.

Il n’y a manifestement plus aucun radar sur l’autoroute des licenciements. Ils s’effectuent, depuis l’adoption de la loi Travail et la promulgation des ordonnances Macron, à tombeau ouvert, pied au plancher, comme l’ont constaté Jean-Marie Roucairol, délégué des personnels CFE-CGC et Tania Roucairol, secrétaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) de Gémalto invités par le comité local d’Attac à sa réunion mensuelle.

« Nous avons croulé sous les réunions, les centaines de pages de documents, les différentes versions du PSE, parfois envoyées à la dernière minute, en "saturation", au fil de semaines jalonnées de réunions de négociations autour de la restructuration, des NAO qui ont été maintenues, - d’allers-retours entre Meudon - le siège de la filiale Gemalto France - et les Bouches-du-Rhône, sans compter les assemblées générales, les rendez-vous avec les élus, les lettres d’interpellations, de relance, des demandes qui souvent n’aboutissent pas,ou pour s’entendre dire, comme en Préfecture, "tout le monde fait ça, on y peut rien"... » racontent-ils.

Les plans sociaux n’ont même plus besoin d’être sérieusement justifiés
La - nouvelle - procédure de licenciements collectifs ne va pas simplement plus vite, « elle va à un train d’enfer ». Non content d’en faciliter la justification, « les résultats du groupe dans sa globalité ne sont plus pris en compte dans le cas d’une filiale » - Gémalto a tout de même réalisé plus de 300 millions d’euros de bénéfices en 2017 - la loi permet à ces « PSE d’être officiellement réalisés avant la vente à une autre société », ici en l’occurrence Thales qui s’est portée candidate quelques semaines après l’officialisation d’une « restructuration » motivée par le « maintien de la compétitivité »...