Après 15 ans de lutte contre l’oppression de la finance, Attac aspire toujours à « désarmer les marchés »

Depuis 1998, l’association Attac se bat pour que le monde ne soit plus un terrain de jeu pour la finance et les multinationales. Taxation des transactions financières, refus des traités de libre-échange, réforme du système bancaire, lutte contre la financiarisation de la nature ou pour la justice climatique, Attac est de tous les combats altermondialistes. Et continue inlassablement d’imaginer d’autres mondes possibles. A l’occasion des 15 ans de l’association, qui compte environ 10 000 adhérents, entretien sous forme de bilan avec l’économiste Geneviève Azam, l’une de ses porte-paroles.

Basta !  : Il y a 15 ans, un édito du Monde diplomatique appelant à « désarmer les marchés » a entraîné la création d’Attac. Ces marchés apparaissent aujourd’hui plus puissants que jamais... tout en étant de plus en plus contestés. Considérez-vous cette situation comme une victoire ou comme un échec ?

Geneviève Azam  : Ce n’est ni une victoire, ni un échec. Désarmer les marchés, c’est s’attaquer aux bases du capitalisme dans ses nouvelles formes. Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Nous avons alerté les citoyens concernant des mécanismes qui étaient peu connus au moment de la création d’Attac. Nous avons été des lanceurs d’alerte sur les risques d’effondrement financier et sur leurs conséquences. Nous avons, avec d’autres, participé à délégitimer cette idée selon laquelle les marchés allaient maintenir les équilibres économiques et sociaux, et maintenant les équilibres écologiques. L’histoire nous a malheureusement donné raison. Mais les marchés financiers continuent à dominer les sociétés et le champ politique. C’est pourquoi notre combat continue.

Attac s’est aussi construite, comme tout le mouvement altermondialiste, sur le refus des accords de libre-échange. Car c’est la libéralisation des marchés financiers, à l’échelle du monde, qui a permis l’explosion de la finance. Souvenons-nous de la bataille contre l’accord de libre-échange entre le Mexique et les États-Unis (Alena), en 1994, avec la lutte au Chiapas autour du sous-commandant Marcos. La lutte contre l’accord multilatéral d’investissement (AMI) en 1997 précède tout juste la création d’Attac. Les manifestations de Seattle en 1999, lors de la conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sont un autre moment fondateur de la lutte contre les accords de libre-échange. De même que le démontage du Mac Do de Millau. Nous luttons actuellement contre les accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, entre l’Union européenne et les États-Unis. A l’origine d’Attac, il y a ce refus d’un monde qui serait sous la coupe des transnationales industrielles ou financières, un monde globalisé où tous les territoires sont des terrains de jeu pour les firmes et les salles de marché.

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