Les Possibles, Revue éditée à l’initiative du Conseil scientifique d’Attac

Éditorial : À point nommé et en contrepoint Numéro 22 - Hiver 2020, lundi 20 janvier 2020, par Jean Tosti, Jean-Marie Harribey

C’est peut-être le moment. Celui de dresser une barricade contre la guerre sociale menée tambour battant par le pouvoir néolibéral. En voulant chambouler le système de retraite pour en faire un instrument de la baisse des pensions en même temps que de celle des dépenses publiques, le gouvernement Macron-Philippe jette le masque. Il organise un recul permanent de l’âge de la retraite, et il bâtit peu à peu une capitalisation rampante destinée aux plus riches des salariés. Mais point trop n’en faut. (...)

Le monde étrange des taux d’intérêt négatifs : raisons et conséquences

Depuis plusieurs années on assiste à un phénomène étrange, celui des titres émis par des gouvernements qui rapportent un rendement négatif. Dans le cas des titres à court terme, cela signifie par exemple que des agents sont prêts à payer 1000 euros pour un titre émis par le gouvernement français, lequel leur remettra seulement 998,40 euros dans trois mois. Le taux d’intérêt sur ces bons du Trésor est donc de −0,16 % sur trois mois, soit l’équivalent de −0,64 % sur une base annuelle. C’est la même chose dans la plupart des pays de la zone euro, et aussi au Danemark et en Suède, sans oublier le Japon. De fait, pour ce qui est des titres émis par la France, depuis juillet 2019, il faut acheter des titres d’une durée supérieure à 10 ans pour obtenir un rendement positif ; pour l’ensemble de la zone euro, le taux de rendement est nul ou négatif pour les titres à 15 ans ou moins, et pour l’Allemagne le taux de rendement est nul ou négatif pour les titres à 20 ans ou moins. On note aussi que dans un très grand nombre de pays, les taux d’intérêt nominaux sont bien plus faibles que ce qu’ils étaient il y a dix, vingt ou trente ans. En Italie, par exemple, le taux d’intérêt sur les obligations d’État à 10 ans est maintenant de seulement 1 %.

La crise de la politique des banques centrales dans la crise globale
Dossier : Les politiques monétaires des banques centrales, lundi 20 janvier 2020, par Eric Toussaint

Pour la direction de la Banque centrale européenne (BCE) et celle de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed), le temps est à l’orage. La direction de la BCE a été en crise tout au long de l’année 2019. Et l’arrivée de Christine Lagarde à la tête de l’institution n’a pas mis fin aux discordes profondes entre ses dirigeants. La direction de la Fed, qui est en conflit avec le président Donald Trump, a fini par plier largement à ses injonctions qui font écho aux demandes des grandes banques privées. Il est grand temps de passer en revue le bilan de la politique suivie par les grandes banques centrales, en particulier la BCE et la Fed, et de faire des propositions radicales.