Le sommet Business et Climat de Paris est squatté par les gros pollueurs

20 MAI 2015 | PAR JADE LINDGAARD

À six mois de la Cop 21, le sommet mondial sur le climat, le monde des entreprises s’offre, à partir de ce mercredi 20 mai, trois jours de forums à l’Unesco pour promouvoir sa vision de l’action contre le dérèglement climatique : du business, encore du business et un peu de climat.

Les tables rondes et les échanges de couloirs doivent porter sur « la croissance soutenable », la construction et les transports bas carbone, les villes intelligentes, et, intitulé authentique, « Comment rendre la vie bas carbone cool »

C’est une idée de Brice Lalonde, ex-ambassadeur du climat auprès de Jean-Louis Borloo sous la présidence Sarkozy et désormais conseiller spécial du Global Compact, une initiative de l’ONU lancée en 2000 pour développer la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. François Hollande y est allé de son discours introductif.


François Hollande ouvre le sommet du business et du climat, à l’Unesco, le 20 mai (©Présidence de la République).

Etaient aussi annoncés des représentants des gouvernements de Norvège, du Mexique, du Pérou (hôte de la précédente COP), du Bangladesh, du Canada, de Côte d’Ivoire… Globalement, les participants sont moins internationaux et moins prestigieux que ne l’avaient initialement espéré les organisateurs : il y a par exemple très peu d’Américains, d’Indiens et de Chinois.

Pour les industriels présents, gratifiés du label officiel « Paris 2015, Cop 21 », « la transition vers une économie bas-carbone est le seul moyen de garantir une croissance économique soutenable et la prospérité pour tous ».
C’est le discours de la croissance verte, fondée depuis le sommet de Rio en 1992 sur l’idée que le développement peut être durable, et que l’on peut continuer à produire, consommer et commercer tout en réduisant l’impact de l’économie sur l’écosystème. Cette vision est aujourd’hui largement contredite par la croissance continue des émissions de gaz à effet de serre qui rend nécessaire des changements beaucoup plus radicaux pour éviter le dérèglement climatique.

L’objectif des entreprises du Business and Climate Summit est néanmoins de construire « une meilleure économie » dans le contexte du réchauffement du globe, et pas d’endiguer la précarité énergétique, ni de désinvestir des fossiles, ni d’élaborer un modèle alternatif à la croissance.

Entre intérêts publics et privés, ses initiateurs pratiquent le mélange des genres : Areva a par exemple placé une de ses cadres dans l’équipe organisatrice de ces rencontres, comme Mediapart l’a révélé en janvier dernier. Tout a été fait pour que l’industrie du nucléaire trouve une belle place sur les estrades de l’Unesco. Des lobbies de divers secteurs ont été mobilisés pour l’occasion : Entreprises pour l’environnement (EPE), Association technique énergie environnement (ATEE), l’Afep, le Medef, Caring for climate, la chambre de commerce internationale, etc.


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