Appel à créer un Forum social local à Rennes

samedi 22 février 2003, par Webmestre

Appel à créer un Forum social local à Rennes
samedi 22 février 2003.

À l’heure où se termine le troisième Forum social mondial de Porto Alegre, qui a réussi en très peu d’années à devenir un rendez-vous majeur des « altermondialistes », nous vous proposons de participer avec nous à la mise sur pied d’un Forum social local (FSL) à Rennes s’inspirant de la même philosophie.

De Seattle à Gênes, de Porto Alegre à Barcelone, un mouvement populaire de fond a émergé. Un enjeu majeur pour tous les mouvements sociaux qui se battent contre les logiques néolibérales destructrices ou qui ont déjà commencé à élaborer des alternatives est à présent d’enclencher un processus planétaire se déclinant à tous les niveaux. C’est dans cette perspective que des forums continentaux ont vu le jour l’année dernière, et notamment le premier Forum social européen qui s’est tenu à Florence en novembre 2002, avant celui de Paris en 2003.

Mais pour gagner le pari d’un mouvement qui fasse véritablement boule de neige, il nous faut redescendre jusqu’au niveau local, celui où nous vivons et agissons quotidiennement, afin de rendre crédible et de concrétiser l’idée qu’un autre monde est possible. Un monde plus civilisé, où une démocratie adaptée à ce siècle, le développement économique, la protection sociale, le respect de l’environnement et la richesse culturelle progressent de concert, où la coopération et la solidarité remplacent la mise en concurrence et l’affrontement, où le droit prime sur la puissance. C’est dans cet esprit que des Forums sociaux locaux devraient se tenir un peu partout en France cette année.

Des Forums sociaux, pour quoi faire ?

Quel que soit le niveau où ils se situent, les Forums sociaux ont pour vocation d’être des espaces de rencontre et d’échange entre les différents acteurs qui s’opposent, de différentes façons, aux logiques économiques et sociales dominantes et qui sont en même temps porteurs d’autres valeurs et d’alternatives.

Ces logiques dominantes se déclinent à tous les niveaux et sont portées par des acteurs qu’il s’agit d’identifier clairement. Ce sont d’abord les firmes transnationales et le capital financier qui imposent partout leur dictature ; ce sont ensuite tous leurs relais : le Medef et les politiques gouvernementales qui s’en inspirent, la Commission européenne, le G8, l’OMC, le FMI et la BM, ainsi que la politique impériale américaine, telle qu’elle se manifeste avec le projet de guerre contre l’Irak ou avec les tentatives de mise sous tutelle économique et idéologique des nations européennes.

Toutes ces logiques ont une traduction très concrète au plan local : pensons à la fermeture de l’usine Mitsubishi d’Étrelles, aux multiples autres entreprises qui licencient actuellement, notamment dans le secteur des télécoms, et ferment des unités de recherche et développement (par exemple, Thomson). Pensons sur un autre registre à la suppression du dispositif des emplois-jeunes, qui sont devenus indispensables au fonctionnement de nombre d’associations, à la disparition des statuts de maître d’internat et de surveillant d’externat, qui permettaient à des étudiants d’origine modeste de payer leurs études tout en jouant un rôle pédagogique essentiel, à la précarité des intermittents du spectacle, à la situation faite aux sans papiers et autres sans droits. Les exemples sont innombrables.

Isolés, nous ne pourrons pas nous faire entendre et résister. La seule solution est une riposte d’envergure regroupant toutes les forces syndicales et associatives. Tous ensemble, le succès est objectivement possible, car nos adversaires sont plus faibles que ce qui est généralement admis. Cependant, si une riposte est indispensable, elle ne suffira pas : il convient en même temps de rechercher des alternatives crédibles à la logique destructrice néolibérale. Telle est la double vocation des Forums sociaux.
Les objectifs d’un Forum social local à Rennes

Le Forum social local auquel nous vous convions vise à concrétiser la belle formule : « Penser global, agir local ». S’il est souvent indispensable aujourd’hui de réfléchir et de se mobiliser à l’échelle de la planète ou de l’Europe, et bien sûr aussi au niveau national, les solutions alternatives diversifiées doivent se construire à partir des réalités locales. Il s’agit d’abord pour cela de remettre la citoyenneté au centre, en dépassant en particulier dans nos têtes comme dans nos formes d’organisation et d’action les séparations idéologiques entre production et consommation ou entre travail et hors travail qui écartèlent les travailleurs et qui sont propices à la marchandisation excessive de nos sociétés. Il s’agit de créer des liens entre nous ou de renforcer ceux qui existent déjà, de mettre en réseau et en synergie nos idées, nos démarches, nos pratiques, de constituer ensemble une force de résistance et de proposition à partir des multiples questions autour desquelles nous militons. Il s’agit aussi d’essayer de sensibiliser un public plus large aux idées et aux pratiques que nous promouvons et de mobiliser davantage nos adhérents.

Dans cette perspective, il nous paraît important que chacune des entités qui participe au FSL développe le souci de la transversalité (ce que l’on peut traduire par cette autre formule : « penser globalement le niveau local ») : le FSL ne doit pas être en effet une sorte de foire-expo où chacun viendrait présenter dans son coin son domaine d’action et éventuellement vendre ses produits (même si cela y a bien sûr aussi sa place), mais un lieu et un temps de réflexion et d’action réellement collectives, nous permettant d’être plus forts ensemble et d’inscrire dans la durée une citoyenneté active ancrée dans un mouvement social dense, en mesure de formuler des propositions alternatives convergentes et de peser sur les orientations de nos sociétés, à tous les niveaux.
L’état du projet

Concrètement, un comité de pilotage provisoire a été mis sur pied à partir de quelques associations pour cadrer un peu le projet et lancer l’invitation que voici. Il sera remplacé lors de la première assemblée générale qui fera suite à cette lettre par un comité permanent jusqu’à la tenue du Forum.

S’agissant des dates, nous avons retenu la période du 12 au 18 mai 2003 pour la tenue du Forum, étant entendu qu’il conviendra ensuite de décider de sa durée effective. Rappelons que quinze jours plus tard se tiendra le sommet du G8 à Evian et que de ce point de vue le FSL sera aussi un tremplin : de nombreuses organisations entendent contester la légitimité du G8, à la fois pour des raisons de forme (un club de pays riches prenant des décisions concernant toute la planète) et pour des raisons de fond (des orientations politiques contraires à la volonté de la majorité des populations).

Quant au contenu, l’idée est d’essayer de regrouper les initiatives autour d’un nombre relativement limité de grandes thématiques partageant une même philosophie, afin de donner au Forum une identité forte et d’éviter d’en faire un lieu attrape-tout. Les intitulés qui suivent sont purement indicatifs :
- les droits économiques et sociaux dans l’entreprise et dans la société
- repenser nos modes de production et de consommation
- biens publics, services publics
- développement local et démocratie participative
- la culture, une richesse collective
- pour une éducation au service de la citoyenneté
- lutter contre toutes les formes d’exclusion
- promouvoir la solidarité internationale
- repenser les institutions internationales (dans la perspective de la réunion du G8)

Que vous soyez d’ores et déjà prêt à participer avec nous à la réussite de ce projet ou que vous souhaitiez au préalable en savoir davantage, nous vous invitons à participer à la première assemblée générale de préparation du FSL :

Le mercredi 19 février 2003 à l’OSCR à 20 h 30 (Maison du Champ de Mars, 6 cours des Alliés)

Nous y discuterons de façon plus précise de la philosophie du projet, des dates, des lieux, des thèmes, des activités (ateliers, conférences, manifestations de rue, événements culturels, etc.). Nous y désignerons également un comité de pilotage permanent.

En espérant vous y voir nombreux (n’hésitez pas à relayer l’information autour de vous).

Bien amicalement,

Le comité de pilotage provisoire (Attac Rennes, L’archipel, FRCIVAM Bretagne)

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