Forum-débat sur les retraites

mardi 11 mars 2003, par D.

12 mars 2003, 20h30, Maison du Champ de Mars

Par Gérard Hédé.

Les conquêtes démocratiques et sociales ne sont jamais définitivement
acquises.
Dans les années 1945/1950 des choix politiques, liés aux rapports de forces
de l’époque issus de la Libération, ont mis en avant un principe de
solidarité qui s’est concrétisé en France par l’extension des services
publics, l’institution d’une sécurité sociale à objectif général et des
politiques budgétaires et fiscales relativement interventionnistes et
redistributives.

Depuis le début des années 1980 les attaques idéologiques libérales contre
ce principe de solidarité et ses concrétisations ont été facilitées par la
mondialisation financière : partout, les systèmes de retraites sont attaqués
et continuent de l’être. Le but est de réduire les solidarités
intergénérationnelles qui existaient, de fragiliser un peu plus les salariés
et de récupérer pour les marchés financiers tout ou partie des masses
monétaires concernées.

Les partis politiques et les gouvernements qui prônent ces orientations ne
dévoilent jamais les véritables raisons de leurs choix. Ils s’abritent
souvent sous la caution d ’ " experts" choisis pour la circonstance et qui
sont en fait au service de ceux qui les payent. Ces experts prétendent par
exemple que la France n’est plus en mesure de faire vivre son système de
retraite qui a pourtant été mis en place en 1945-1950 dans un pays qui
sortait de cinq années d’occupation et dont une bonne partie des
infrastructures et des moyens de production était détruits.

La retraite par répartition a fait ses preuves : elle a permis une
augmentation considérable du niveau moyen des pensions (d’ailleurs les
"grands" PDG ne s’y trompent pas : ils cotisent tous aux régimes de
répartition) . Il faut conforter ce système de retraite fondé sur la
solidarité entre les générations et ne pas laisser les marchés financiers ni
les spéculateurs décider du niveau des pensions.

Il faut maintenir la parité moyenne de niveau de vie entre actifs et
retraités , résultat de décennies de développement du régime par
répartition, parité remise en cause par les mesures Balladur de 1993 et les
accords Arrco/Agirc de 1996 sur lesquelles il faut revenir. Aucune retraite
ne doit être inférieure au SMIC. L ’accroissement de la richesse nationale
peut permettre de financer ces objectifs puisqu’ une croissance même très
modérée de 1,7 % par an (on a eu 2,1% par an entre 1973 et 1996), permet un
doublement du PIB en 2040 alors que la charge des inactifs n’aura été
multipliée que par 1,25. Un moyen important de diminuer cette charge est de
réduire le chômage ! Une politique familiale dynamique y contribuerait
également.

La France n’a jamais été aussi riche que maintenant : le seul réel problème
est politique, c’est celui du partage de cette richesse. Une participation
plus importante des entreprises est d’autant plus indispensable que la part
des salaires dans la valeur ajoutée (la richesse produite par les
entreprises) n’a fait que baisser depuis 20 ans : de 70% en 1980, elle est
redescendue à moins de 60 % aujourd’hui, niveau de 1960 (source : INSEE). Or,
dans le même temps, la productivité du travail augmentait de plus de 50 %.

Un rééquilibrage de la valeur ajoutée pour financer les retraites est donc
tout à fait possible. Le problème politique qui est posé est celui de
l’accaparement des gains de productivité par le patronat et les financiers.
Un nouveau partage de gains de productivité entre profits et salaires au
sens large (salaire direct, pension, temps de travail) doit être mis en
oeuvre. Ainsi, un transfert de 0,5 point de productivité par an suffirait à
résoudre le problème de financement des retraites, même dans les hypothèses
économiques les plus défavorables. Il faut arrêter la fuite en avant des
exonérations de cotisations patronales (payées par l’Etat, donc les salariés
 !) et mettre à contribution les revenus financiers qui échappent à la
solidarité. C’est ça l’équité !

Cela suppose simplement la volonté politique de l’imposer au patronat.. La
régression sociale peut être évitée, des solutions existent pour garantir
l’avenir des retraites. à condition d’être capable de construire les
rapports de force nécessaires.

Un forum/débat sur les retraites est organisé le mercredi 12 mars 2003 à
20H30, à la Maison du Champs de Mars à RENNES par La FSU, le SNUI et Sud
(G10), la CGT DRASS-35 et ATTAC-Rennes.

La conférence débat a été proposée sur la base du plan suivant :

- la contexte actuel du débat sur les retraites

- Un rappel historique de ce que sont les caisses, régimes..de
retraite.

- Démonter l’argumentaire libéral sur la pseudo nécessité d’
allongement.

- Démonter celui sur la capitalisation et mettre en lumière les
avantages de la répartition.

- Donner de façon offensive nos solutions : emploi, répartition des
richesses etc.

- En conclusion, évoquer les deux mondes opposés, les deux
conceptions de la société et de la vie qui s’affrontent ici.

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