Pourquoi un groupe emploi ? Groupe Travail Emploi

Présentation

dimanche 20 octobre 2002

Il n’est pas besoin de chercher bien loin pour justifier l’importance d’un groupe emploi d’ATTAC. Pour au moins deux raisons.
On assiste depuis quelques mois à une modification radicale de la « problématique » emploi en France. Souvenons-nous de l’offensive du MEDEF avec son projet de « refondation sociale » qui, comme par hasard, est sorti des cartons en même temps que la loi de « modernisation sociale ». Avec cette offensive, qui ne dissimule pas son inscription idéologique néo-libérale, est (im)posée une conception de la société, d’une part, totalement dominée par l’économie (le marché comme l’alpha et l’omega du social), d’autre part mettant en place les conditions d’une « flexibilité » maximale dont on se doute, sans être grand clerc, qu’elle s’organise au bénéfice exclusif du secteur marchand et à l’inconvénient, également exclusif, des travailleurs. Cette flexibilité sait s’accompagner de notions séductrices qui ont l’avantage des évidences que l’on n’interroge pas : Qui serait contre la compétence, donc pour l’incompétence et oublierait que celle-ci va se substituer à la qualification, laissant tout-à-chacun sans possibilité de reconnaissance officielle de son travail ? Qui, dans un pays dont l’histoire révolutionnaire s’est fondée sur justement le contrat social, contesterait le contrat en oubliant que celui-ci est le Cheval de Troie pour réduire les protections collectives (le droit négocié contre le droit légiféré) ? Qui s’opposerait à l’efficacité des services publics en gobant le postulat « Mieux d’État = Moins d’État » ? Qui remettrait en cause la responsabilisation des chômeurs en oubliant qu’au bout du compte le chômeur va devenir responsable - donc coupable - de sa situation ?
Seconde raison, comment concevoir une réelle citoyenneté sans poser le problème de l’indépendance économique ? Peut-on raisonnablement penser ou prétendre que l’individu est en mesure d’accéder à une « conscience citoyenne » lorsque ses poches sont vides, qu’il est à la merci d’offres d’emploi de plus en plus précaires ou d’allocations accordées sous conditions : accepter l’emploi qu’on vous propose, non pas parce que vous avez les compétences et les qualifications, mais parce que c’est là, dans ce secteur professionnel, que les employeurs poussent les cris d’orfraies des « pénuries de main d’oeuvre » ? Il n’y a pas d’autonomie sociale sans indépendance économique et, sauf à valider l’assistance ou le trafic, celle-ci passe par l’emploi peut-être par l’allocation universelle préconisée par certains.Ce n’est donc pas la matière qui manque mais plutôt le risque de dispersion qui est à maîtriser ! Nous essayerons collectivement, avec le groupe emploi d’ATTAC et dans un premier temps, de décrypter le discours de la nébuleuse néo-libérale. Puis, dans un second temps, avec « le pessimisme de la raison mais l’optimisme de la volonté », il s’agira de voir là où nous pouvons agir, résister, faire reculer les thèses d’une telle conception de l’économie : financiarisée, accentuant les inégalités, produisant des individus kleenex, organisée sur le profit immédiat et sur une irresponsabilité à l’échelle du temps, de la planète, des générations à venir.

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