5 avril 2024 - Conférence-Débat avec Pierre STAMBUL, Palestine-Israël : quelles perspectives de paix et quelles solutions

, par François

Source : Attac Hautes-Alpes

Conférence débat en présence de Pierre STAMBUL, porte parole de l’Union Juive Française pour la paix (UJFP) à la Cinémathèque de Montagne, 7bis rue du Forest d’Entrais à Gap.

Conférence-débat à partir de 18h, suivie d’un moment convivial et musical avec apéro dinatoire proposé par la cantine autogérée de Gap.
Prix libre.

Cinémathèque de Montagne
7 bis rue du Forest d’Entrais

Pour télécharger le texte en format pdf cliquer ici :

Palestine-Israël : quelles perspectives de paix et quelles solutions

Cette soirée est à l’initiative du collectif 05 pour une paix juste et durable en Palestine.
Le collectif a été créé après le 7 octobre et manifeste tous les samedis matin dans Gap pour exiger le cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Ce collectif rassemble :

  • Des associations : Attac 05, le Mouvement de la Paix, la Ligue des Droits de l’Homme, l’AFPS, l’Association France-Palestine Solidarité 05, les Gilets Jaunes, La Libre Pensée 05
  • Des syndicats : Solidaires, Sden-CGT 05, FO
  • Des organisations politiques : le NPA 05, la FI 05, Ensemble ! 05, EELV 05, PCF 05

    La conférence s’est tenue à la Cinémathèque d’Images de Montagne (CIM de Gap) avec la présence de la Librairie la Loupiote.
    Elle a été suivie d’un moment convivial d’échanges avec un repas partagé par la Cantine Solidaire et le Trio Musical

Introduction et présentation

Je suis extrêmement content que cette salle soit pleine (180 personnes).
Parce que nous jouons un rôle extrêmement important qui est de forcer nos gouvernements complices à ne plus être complices. Donc, le nombre ici, sachez qu’il a énormément de valeur.

Je vais commencer par présenter l’Union Juive Française pour la Paix, dont je suis un des porte-paroles.

Nous existons depuis maintenant 30 ans, depuis 1994.
Au début, c’était sur la position : pas de crime en notre nom.
Mais très rapidement, la réalité de ce que l’état d’Israël inflige au peuple palestinien nous a sauté aux yeux.
Ça s’appelle crimes de guerre, contre l’humanité, occupation, colonisation, suprémacisme, apartheid, et maintenant génocide et fascisme.
Nous sommes une organisation juive antisioniste, donc ça va être un des grands thèmes.
Nous sommes antisionistes, non pas « bien que juifs », mais « parce que juifs ».
Je vais essayer de vous expliquer que le sionisme est un crime contre les palestiniens.
Mais pour nous juifs, c’est une injure totale à notre mémoire, à notre histoire, à notre identité et en ce moment, avec le génocide en cours à Gaza le gouvernement israélien n’extermine pas seulement les palestiniens, il est en train de tuer la mémoire de l’antisémitisme, la mémoire du génocide.
Et il est en train de tuer le droit international. Donc, quelque part, c’est quelque chose qui nous concerne toutes et tous.
L’UJFP, donc l’Union Juive Française pour la Paix, est également une association antiraciste.
Si l’antisémitisme a été un racisme à part au moment du génocide nazi, il ne l’est plus. Il nous paraît complètement faux aujourd’hui de dire qu’il y a plus d’antisémitisme que de racisme contre les noirs, contre les arabes, contre les roms, contre les musulmans.
Nous luttons contre le racisme sans faire de hiérarchie entre les différentes formes de racisme.

Quelques mots sur moi-même

Je suis professeur de maths à la retraite.
Je viens d’une famille juive athée venue de Bessarabie, un pays qui n’existe plus, partagée aujourd’hui largement entre Moldavie et un petit peu l’Ukraine.
Mes parents communistes sont arrivés en France en 1938.
Ils ont fait partie de la résistance communiste de la MOI [Main d’Œuvre Immigrée, organisation de résistance affiliée au FTP, communiste].
Ma mère a été la seule survivante d’une famille exterminée et disparue en Europe orientale, et mon père a été le seul survivant des 67 arrêtés du groupe Manouchian en novembre 1943, il a été déporté à Buchenwald, mais il est revenu.
Donc, comme je parlerai pas mal de la question juive, qui est entrelacée à la question palestinienne, ma « légitimité » -entre guillemets- vient aussi de ce passé. C’est au nom de ce passé que je n’ai aucun problème pour dire aujourd’hui que les dirigeants israéliens sont des fascistes.

Je vais commencer assez largement sur l’histoire de cette guerre et essayer de commencer sur toutes les idées fausses qui circulent.

Par exemple, il y a une idée que les sionistes ont émis, qui est « notre légitimité sur cette terre ne se discute pas. Nous avons été en exil et nous rentrons chez nous » : la quasi-totalité des historiens, des archéologues nie complètement cette idée.
La bible hébraïque qui est devenue l’ancien testament pour les chrétiens est un livre religieux, ce n’est pas un livre d’histoire.
Autrement dit, de très nombreux épisodes qui sont racontés sont légendaires.
Alors qu’Abraham et Moïse soient légendaires, chacun en fait ce qu’il en veut. Ce qui est plus important pour l’actualité, avec la Palestine c’est que la conquête sanglante de Canaan par Josué, quand Josué détruit toutes les villes où il y a des impies, tue tout le monde : c’est le livre de chevet, aujourd’hui, des colons. Cette histoire est complètement inventée parce que les hébreux sont un peuple autochtone. Ils ne se sont pas conquis eux-mêmes.
Le royaume unifié de Salomon et David : j’ai appris quand j’étais en sixième le plan du Temple de Salomon.
A l’époque de Salomon ou présumée, Jérusalem était un petit village de l’âge de fer de quelques centaines d’habitants, donc la reine de Saba, le Grand Temple, vous pouvez oublier.

Ce qui est une réalité

Les sionistes disent aujourd’hui : avec Israël, nous avons reconstitué le royaume unifié. Cela est légendaire.
Ce qui est une réalité, c’est que la Palestine, à partir du moment où commence vraiment l’histoire soit au 9ème siècle avant Jésus-Christ, a toujours été un territoire constitué de populations très différentes et mélangées, où à 15 km d’écart, on ne parlait pas la même langue, on n’avait pas les mêmes dieux.
C’est cette réalité multiple, aujourd’hui en particulier, que le sionisme voudrait nier. Mais la Palestine a toujours été une terre de mélange.
Si je saute quelques siècles, les sionistes disent : quand l’empereur Titus prend Jérusalem en 70 après Jésus-Christ et détruit le second temple, des centaines de milliers, des millions de juifs disent-ils, se seraient répandus partout en Méditerranée et en Orient.
Les juifs d’aujourd’hui seraient leurs descendants. Vous voyez que je n’ai pas vraiment le type proche-oriental avec mes cheveux blancs.
La réalité est têtue. Les juifs d’aujourd’hui sont des descendants de convertis de différentes époques et de différentes régions.
Pour moi qui suis ashkénaze, donc juif d’Europe orientale, probablement issu de l’empire Khazar, qui était un empire turco-slave.
Pour les juifs d’Afrique du nord, des berbères judaïsés.
Et les descendants des judéens de l’antiquité sont essentiellement les palestiniens qui n’ont pas bougé, qui ont été tour à tour juifs, chrétiens, musulmans, et puis un petit peu les trois à la fois, puisque pendant plus d’un millénaire, en Palestine, il y a en gros un peu plus de 80% de musulmans, 10 à 15% de chrétiens et 5% de juifs.
Les palestiniens ont toujours eu la conscience qu’ils étaient les gardiens des lieux saints des trois religions monothéistes et ces trois religions, avant l’arrivée du sionisme, ont cohabité en paix.
Leila Shahid raconte comment son grand-père était maire de Jérusalem à la fin de l’empire ottoman et comment, dans le conseil municipal, il y avait des conseillers municipaux musulmans, chrétiens, juifs et comment tout ça vivait en bonne entente.
Donc, première chose que je vous enlève, c’est l’exil et le retour. Je reprends là-dessus ce que Shlomo Sand a écrit : il n’y a eu ni exil, ni retour.
Les palestiniens sont un peuple autochtone et probablement les descendants des autochtones d’autrefois, qui étaient les judéens.

Une deuxième idée que je voudrais enlever : le sionisme a combattu l’antisémitisme

J’expliquerai tout à l’heure ce qu’est le sionisme, mais d’entrée, ce que je veux dire, c’est qu’est l’antisémitisme.
Il y a eu historiquement l’antijudaïsme chrétien.
Quand les chrétiens ont pris le pouvoir à la fin de l’empire romain vers le 5ème siècle, ils étaient en concurrence avec le judaïsme, qui était une religion prosélyte. Quand ils prennent le pouvoir, ils prennent toute une série de mesures. Ils enferment les juifs dans des quartiers réservés qui porteront les noms de « juderias » en Espagne, de ghetto plus tard, en Europe, ils interdisent aux juifs la possession de la terre.
Ils confinent les juifs dans des métiers interdits aux chrétiens : banquiers, usuriers, et ils profèrent contre les juifs toute une série de stigmatisations : ils veulent dominer le monde, ils commettent des crimes rituels et, surtout, qu’ils sont le peuple déicide.
Donc, on va avoir 15 siècles de l’antijudaïsme chrétien, ponctué par des expulsions, des stigmatisations, des massacres.
A Strasbourg, en 1348, on va brûler 2 000 juifs accusés de propager la peste noire.
En Espagne, où 5% de la population était juive, on va les forcer à se convertir, et ceux qui ne se convertissent pas vont être brûlés ou expulsés.
L’Ukraine, où il y aura plus de 100 000 juifs massacrés par les cosaques au 17ème siècle.
Cet antijudaïsme chrétien va se transformer, au 19ème siècle, en antisémitisme racial.
Première chose : le mot antisémite est un mot impropre, mais c’est le mot de l’ennemi, c’est Wilhelm Marr, un des premiers théoriciens racialistes, qui a inventé ce mot-là. Mais les sémites, ça n’existe pas.
Les aryens non plus, même les indo-européens, c’est remis en doute par un assez grand nombre d’anthropologues aujourd’hui.
Et il y avait des langues sémitiques : l’araméen, l’arabe, l’hébreu.
Il y avait des peuples sémitiques dans l’antiquité, mais déjà les arabes, disent qu’ils sont sémites aujourd’hui, mais pas les berbères, ni les égyptiens.
Et le mot Palestine vient des philistins, qui n’étaient pas des sémites.
Les juifs sont des convertis, donc ce ne sont évidemment pas des sémites. Donc ce mot-là est tout à fait impropre, mais il a été inventé à des fins racialistes. Ce racialisme qui apparaît au 18ème siècle et qui est en vogue en ce moment avec la montée de l’extrême droite en France, il correspond à une période où, parce que l’Europe domine le monde, elle va inventer les races supérieures et les races inférieures.
Des races inférieures dans les pays dominés, ce sera l’amérindien, le noir, l’arabe, et en Europe, ce sont les juifs et les tziganes.
Et il va y avoir un consensus antisémite en Europe qui va gagner toutes les élites dans le courant de la deuxième moitié du 19ème siècle, qui va gagner la France : cf l’affaire Dreyfus, mais ça commence déjà avec le général Boulanger.
Une vague qui va gagner l’Autriche, où il y aura un maire antisémite, à Vienne, pendant une dizaine d’années, alors que 15% de la population de Vienne était juive ; qui va gagner l’Allemagne, mais surtout, qui a gagné la Russie, mais si je dis surtout la Russie, c’est parce que, à la fin du 19ème siècle, 60% des juifs du monde entier vivent dans un seul pays, c’est l’empire russe.
Pour moi, il nous faut revoir l’idée qu’on a que les juifs étaient tous des banquiers, dans l’empire russe c’étaient des prolétaires.
Dans l’empire russe, il y avait 6 millions de juifs sur 135 millions d’habitants au premier recensement, en 1881. Ils sont colporteurs, ouvriers, artisans, commerçants. Ce ne sont pas des banquiers.
Mais c’est un peuple qui sait lire et écrire, parce que c’est le peuple du livre et parce qu’ils connaissent l’hébreu religieux. Et ils connaissent la langue du coin, et ils joueront un rôle fondamental dans la révolution [russe, 1905-1917].

Donc, le sionisme va naître dans cet univers-là. C’est une réaction à l’antisémitisme. Mais c’est la pire des réactions et je vais expliquer pourquoi c’est la pire des réactions.

Le sionisme déclare dès le début, donc quand Théodore Herzl, en 1894, écrit son livre « l’État des Juifs » que juifs et non-juifs ne peuvent pas vivre ensemble. Cette théorie de la séparation déclare, il y a 130 ans maintenant, que le vivre ensemble dans l’égalité des droits est impossible, et donc ce n’est pas la peine de lutter contre l’antisémitisme, il n’y a qu’une seule solution : partir.
Je vous fais une petite comparaison : imaginez aujourd’hui, parmi les plus discriminés en Europe, il y a les tziganes, imaginez qu’il y ait des dirigeants tziganes qui disent : « ce n’est pas possible la discrimination qu’on subit. Il nous faut un état ». Et qu’il fasse un congrès au hasard à Bâle en se demandant s’ils vont créer l’état Tsigane en Roumanie ou en Inde. On comprend bien que c’est absurde,que ça serait la guerre.
C’est ça qui s’est passé pour le sionisme, c’est-à-dire qu’il y avait une discrimination évidente, il y avait un racisme terrible, il y avait une politique de pogroms organisés en Europe de l’est, mes deux grand-mères, paternelle et maternelle, ont été des survivantes du pogrom de Kichinev.
La réaction, ça a été de dire : on part et on crée un état.
Donc, ils n’ont pas combattu l’antisémitisme, ils vont s’appuyer dessus.
Theodor Herzl va rencontrer tous les antisémites de l’époque en leur disant : votre intérêt et le nôtre est le même : que les juifs quittent l’Europe.
Édouard Drumont, le chef des antidreyfusards, écrira ce verset : ce monsieur fait notre bonheur en faisant le sien.
Guillaume II, l’empereur d’Allemagne, quand il apprend qu’il y a un congrès sioniste en préparation qui, initialement devait avoir lieu à Munich, écrira à son ministre de l’intérieur : « ne mettez aucun obstacle à un monsieur qui veux nous débarrasser des juifs ».
Donc, Herzl rencontrera Plehve [Vyacheslav von Plehve, 1846-1904], l’organisateur des pogroms en Russie, le ministre de l’intérieur du Tsar [1902-1904].
Et les deux hommes tomberont d’accord sur le fait que les juifs doivent quitter la Russie et Plehve ira intercéder auprès du sultan ottoman pour favoriser l’implantation sioniste.
Je vais parler du rapport des sionistes avec des antisémites particuliers, les chrétiens sionistes.
Aujourd’hui, ils jouent un rôle fondamental. Vous devez savoir que l’essentiel de la colonisation de la Cisjordanie a été financée par les chrétiens sionistes, qui sont des antisémites redoutables.
Ce courant est apparu chez les évangélistes anglo-saxons dès le 17ème siècle. Comme dans le protestantisme, la bible est traduite dans la langue du coin.
Les personnages de la bible sont devenus des personnages de tous les jours, et dans ce courant protestant anglais, les juifs doivent rentrer en Terre Sainte, chasser le mal Armageddon, c’est-à-dire les arabes, puis se convertir à la vraie foi, sinon ils disparaîtront. Ce sont des millénaristes. Ils sont aujourd’hui 95 millions aux États-Unis. Ils ont un argent fou. C’est eux qui décident en partie de qui est le futur président des États-Unis. C’est eux qui imposent aujourd’hui un soutien absolu à l’état génocidaire israélien.
Mais ce courant-là existait depuis le 17ème siècle, et parmi les chrétiens sionistes, il y avait Arthur Balfour, celui qui va faire la jolie déclaration Balfour. Balfour était un antisémite qui, quand il avait été premier ministre en 1905, avait promulgué des lois contre les juifs qui venaient semer la révolution à Londres, et le même Balfour envoie une belle lettre au mouvement sioniste, à Lord Rothschild, qui était le financier du mouvement sioniste, en lui disant : « vous allez avoir ce que vous voulez, nous allons conquérir ce territoire, la Palestine, nous vous le donnons comme futur foyer juif ».
Est-ce qu’il y a une contradiction entre le Balfour antisémite et le Balfour sioniste ? Il n’y en a pas, je vais reprendre les mots d’Hannah Arendt, célèbre philosophe juive allemande : « pour les antisémites, les juifs étaient des parias asiatiques inassimilables en Europe, et ils devenaient des colons européens en Asie s’ils acceptaient d’immigrer là-bas ». Et c’est ce virage là que le sionisme a fait.

Autre idée que je veux vous enlever, le rapport entre sionisme et religion.

Aujourd’hui, on a les pires intégristes religieux, farouchement armés et fanatiques qui sont à la manœuvre en Cisjordanie. Mais le sionisme a été créé par des laïcs. Il a été créé par des gens qui ne croyaient pas en dieu. Herzl était agnostique.
Ben Gourion était athée et on lui prête le mot « Dieu n’existe pas, mais il a donné sa terre au peuple juif ».
Ils se sont servis d’une bible à laquelle il ne croyait pas comme d’un cadastre.
Quelle était la position des religieux ?
La religion juive historiquement est une religion non territorialisée, c’est-à-dire qu’on peut étudier la Torah et commenter le Talmud n’importe où. On n’a pas besoin d’un territoire.
Et c’est même plus, comme c’est une religion messianique, dans la religion qui a été majoritaire avec cette conception jusque dans les années 1960, il est interdit aux juifs de retourner en terre sainte avant l’arrivée du messie : les juifs sont punis, punis par dieu pour s’être mal conduits.
Ils sont en exil, ça se dit Galuth en hébreu, et tant qu’il y a l’exil, ils n’ont pas le droit de retourner.
L’hébreu est réservé à un usage strictement religieux. Sinon, les juifs ont leurs propres langues, le Ladino, pour les juifs séfarades, descendants des juifs espagnols, le judéo-arabe pour les juifs maghrébins ou pour les juifs yéménites, et le yiddish, langue germanique avec des mots slaves et hébraïques pour les juifs d’Europe de l’est.
Dans la religion « L’an prochain à Jérusalem » n’a jamais voulu dire « je vais à Jérusalem, je chasse les autochtones et j’y fais un état ». Dans la religion juive, ça voulait dire « mes pensées vont vers Jérusalem » comme les pensées du musulman vont vers La Mecque.
Le peuple élu, ça ne voulait pas dire celui qui avait le plus de droits, ça voulait dire celui qui a le plus de devoirs. Donc, on comprend que… Et y compris la phrase « Dieu a donné cette terre au peuple juif », La phrase complète c’est « quand l’exil sera terminé, s’il se conduit bien ».
Donc, on comprend que la conception aujourd’hui ultra majoritaire de la religion juive n’est pas la conception historique, ce qui explique qu’il y a toujours eu, historiquement, une très forte opposition des religieux au sionisme.
Cette opposition était très forte et majoritaire au moment de la création de l’idéologie, vers les années 1900, et elle s’est progressivement estompée : c’est le grand rabbin de la Palestine mandataire, qui s’appelait Abraham Cook, qui, le premier dans les années 1930, a fait le lien entre sionisme et religion. Mais historiquement, le sionisme ce n’est pas la religion.

Troisième idée qu’on doit avoir : le colonialisme

Il est totalement indubitable que le sionisme, idéologie colonisatrice, c’est un colonialisme un peu particulier.
Le colonialisme français, britannique en Afrique visait à exploiter terriblement l’indigène, jusqu’à la mort parfois, et à en tirer le maximum de richesses.
Le colonialisme sioniste dès le début est différent. C’est un colonialisme qui vise à expulser l’indigène, à nier son existence, « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », ou des années après Golda Meir qui disait « les palestiniens ? Je ne vois pas de quoi vous parlez ».
Nier son existence, nier sa dignité, l’expulser et le remplacer.
Et depuis 120 ans, la position fondamentale des sionistes, c’est un maximum de terre pour un minimum d’arabes.
C’est ce que vous devez comprendre de ce qui se passe à Gaza : la tentative de réalisation d’une nouvelle Nakba, d’un nouveau nettoyage ethnique.
A mon avis, ils ne vont pas y arriver. Mais en tous cas, ce massacre absolument ignoble et innommable qui est en train de se passer, c’est toujours sur l’idée « un maximum de terre pour un minimum d’arabes ».
Le sionisme est un nationalisme
C’est quelque chose de très grave. A la fin du 19ème siècle dans toute l’Europe, sur les ruines des trois grands empires : l’empire Ottoman, l’empire Russe, l’empire Austro-Hongrois, naissent toute une série de nationalismes qui seront des nationalismes antisémites.
Pourquoi ils sont antisémites ? Parce qu’ils ont la conception qu’ils développent partout, la conception de l’état ethniquement pur, qui est une atrocité.
Mais dans tous ces nationalismes qui voulaient un état ethniquement pur il y avait des endroits en Europe où la grosse majorité de la population était polonaise -donc on pouvait penser à un état polonais là-, où la grosse majorité de la population était serbe, ou était lituanienne, sauf que les juifs, il n’y avait aucun endroit en Europe où ils représentaient plus de 10% de la population.
C’était en gros 10% de la population de la zone de résidence de l’empire Russe, entre mer Baltique et mer Noire, et partout ailleurs c’était moins.
Et donc cette idée d’états ethniquement purs ne pouvait évidemment résulter que d’une politique coloniale, puisqu’en Europe, il y avait aucun endroit où ils avaient la possibilité de faire ça.
Et leur conception d’état ethniquement pur va aller complètement à l’encontre des juifs français ou allemands qui étaient majoritairement assimilationnistes, c’est-à-dire que pour eux, c’était : on va essayer d’avoir petit à petit l’ensemble de la citoyenneté et des droits dans les pays où on vit. C’était aussi contre l’avis des juifs d’Europe de l’est qui, très majoritairement, vont abandonner la religion, vont s’engager dans des partis révolutionnaires ou progressistes, simplement parce que les rabbins prônaient la soumission : les juifs sont en exil, ils n’ont pas le droit de se révolter.
L’existence d’un aussi grand nombre de juifs révolutionnaires à l’est, qui fera qu’Hitler parlera de judéo-bolcheviques, elle vient aussi de la réaction qui se passe à ce moment-là. Il y aura même un parti révolutionnaire juif, le Bund, qui était farouchement antisioniste, qui ne voulait pas d’état juif et qui prônait une forme intéressante de vivre ensemble qui, je pense, est énormément d’actualité dans la France d’aujourd’hui : c’est l’autonomie culturelle sans territoire, c’est-à-dire l’entièreté des droits culturels, politiques et sociaux, sans territoire au milieu des autres. D’ailleurs les palestiniens d’Israël aujourd’hui revendiquent pour eux l’autonomie culturelle. Dans une France de plus en plus raciste, la solution au racisme, ce n’est pas l’effacement des minorités, c’est comprendre que la différence, c’est un enrichissement et pas un appauvrissement. Ce débat-là existait déjà à l’époque.
Donc, on comprend que le sionisme va être minoritaire chez les juifs pratiquement jusqu’à la 2ème guerre mondiale. Mais s’il est minoritaire chez les juifs il a le soutien actif des impérialistes. Pour les britanniques qui s’emparent de la Palestine en 1920, le sionisme, c’est un moyen de coloniser et donc il va y avoir tout un colonialisme qui va se développer avec le soutien du gouvernement britannique, avec le soutien du mandat britannique.
Une autre idée que je vais enlever, est-ce que la création de l’état d’Israël c’est une réparation du génocide nazi
Il est certain que sans le génocide nazi, l’état d’Israël n’aurait pas existé.
Mais vous devez comprendre que l’entièreté des institutions qui ont expulsé le peuple palestinien de son propre pays, vont être créées 10 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans avant Auschwitz.
La banque coloniale juive, celle qui collecte les fonds pour acheter les terres à des féodaux absents et expulser les métayers présents, est créée en 1898.
Le KKL, Keren Kayemeth LeIsrael, le Fond National Juif, celui qui plante des arbres là où il y avait des villages palestiniens, est créé en 1901.
Mais il était impossible de conquérir la Palestine avec un colonialisme individuel. C’est ce qui explique que les sociaux-démocrates, les ancêtres des travaillistes d’aujourd’hui, deviennent majoritaires dans le mouvement sioniste à partir de 1920.
Pour moi, il n’y a évidemment pas de gauche sioniste, il n’y a pas de gauche de l’apartheid, mais je vais un petit peu en rajouter sur ce courant, parce qu’il y a tellement d’illusions là-dessus.
Comme parmi les gens qui m’ont invité, il y a des syndicats qui seront le moteur du colonialisme de cette pseudo gauche sioniste : certains syndicats, comme la Histadrout, qui est fondée en 1920 - l’article numéro 1 des statuts de la Histadrout c’est la défense du travail juif.
Vous imaginez si Solidaire ou la CGT avait la défense du travail français comme article numéro 1 ? Ça ne sentirait pas très bon.
La première action de la Histadrout en 1921, c’est un appel au boycott des magasins arabes pour acheter juif. C’est-à-dire qu’en 1920, leur seul et unique modèle, c’est la société séparée, c’est le colonialisme de remplacement. Curieux socialisme, n’est-ce pas ?
C’est la Histadrout qui va créer la compagnie Mekorot des eaux, celle qui aujourd’hui pille l’eau de la Cisjordanie et la revend 10 fois plus cher aux palestiniens qu’aux colons.
Elle va fonder la Compagnie Solel Boneh des travaux publics, celle qui a construit toutes les colonies.
Elle va fonder la compagnie Zim de navigation, celle qui permet aux bateaux israéliens de commercer, d’aller dans nos ports.
Elle va créer les deux grandes banques du pays : la Bank Leumi, la banque Hapoalim.
Elle va créer les caisses de sécurité sociale qui, aujourd’hui, doivent des centaines de millions de Shekels aux travailleurs palestiniens qui ont été obligés de cotiser quand ils ont travaillé en Israël et qui n’ont jamais vu l’argent quand ils ont été malades ou quand ils ont été à la retraite puisqu’ils avaient été licenciés.
C’est la Histadrout qui va fonder la Haganah, l’ancêtre de la vaillante Tsahal qui est en train de perpétrer un génocide à Gaza, dès 1920, avec le parapluie britannique, et qui va créer l’Agence juive. C’est aussi ce courant social-démocrate qui va créer les kibboutz.
Moi-même, quand j’avais seize ans, j’étais sioniste, j’ai travaillé en kibboutz. Les illusions ont mis un certain temps à s’estomper, mais je suis à peu près entièrement d’accord avec ce qu’en dit Shlomo Sand : le kibboutz n’était pas un instrument de socialisme, c’était un instrument de conquête.
Pourquoi ce n’était pas un instrument de socialisme ? Parce qu’il était interdit à l’écrasante majorité de la population, qui était palestinienne. Si un kibboutznik avait l’idée malencontreuse de tomber amoureux d’une palestinienne, ils étaient expulsés instantanément du kibboutz.
Ce socialisme ethnique est-ce qu’il a pu perdurer dans une société coloniale ? Aujourd’hui, les kibboutz sont cotés en bourse, les cantines ont été privatisées et l’activité agricole est devenue minoritaire. Ils fabriquent essentiellement des gilets pare-balles et des munitions.
C’est pour vous dire que penser le socialisme dans un cadre colonialiste et raciste n’est pas possible. Le socialisme, c’est pour tout le monde, ça ne peut pas être pour une minorité, et l’expérience des kibboutz quelque part quand je dis, c’était un instrument de conquête, les kibboutz ont été installés là où il y avait beaucoup de palestiniens, en Galilée, sur les frontières au nord du Néguev, autour de Gaza, et, véritablement, ils étaient tous armés, ils ont véritablement servi à la conquête.
Existe-t-il donc une gauche sioniste ? Je vais un petit peu énumérer tous les crimes qu’elle a commis contre les palestiniens, qui sont majeurs.
Déjà, cette gauche sioniste va faire quelque chose d’assez horrible. En 1933 Hitler arrive au pouvoir, et Ben Gourion, qui dirige l’Agence juive, négocie avec les autorités nazies les accords de Haavara.
Haavara en hébreu veut dire transfert. Ces accords vont permettre l’immigration de 60 000 juifs allemands fortunés en Palestine mandataire.
C’était un accord très bizarre, réservé à ces riches-là : les pauvres, ils sont allés crever, ils ont cherché à aller en Suisse, en France... et beaucoup sont morts.
C’est cet accord qui a obligé les juifs riches à laisser l’essentiel de leurs biens en Allemagne et obligé les juifs de Palestine à consommer allemand. Ça a été énormément critiqué. Les juifs américains ont été tout à fait contre. Ils avaient décrété le boycott de l’Allemagne nazie, mais cet accord a permis à Hitler, puisqu’il n’y a pas eu boycott, d’avoir un libre accès au marché de l’acier, au marché du pétrole avec lequel il a pu façonner sa puissance militaire.
En pleine guerre, en 1942, lors du congrès sioniste de Biltmore, on pouvait s’attendre - on est pleine extermination nazie- à ce que la résolution finale soit « on va mettre tous nos moyens pour combattre Hitler ».
La résolution finale, ça a été « nous concevrons un état juif sur l’ensemble de la Palestine », et pour eux l’ensemble la Palestine n’avait pas de frontières, ça allait, y compris en Jordanie et au sud-Liban.
Après la guerre en 1948, il n’y a plus de débat historique sur la guerre de 48. Ben Gourion a tout de suite dit « les arabes sont partis d’eux-mêmes », on ne disait pas les palestiniens. Et c’est une version que beaucoup de gens ont accepté.
Les palestiniens ont tout de suite expliqué qu’ils avaient été victime d’un véritable nettoyage ethnique programmé.
Il aura fallu attendre l’ouverture des archives israéliennes en 1988 pour que tous les historiens israéliens, qu’ils soient sionistes comme Benny Morris, qu’ils soient antisionistes comme Shlomo Sand, Ilan Pappe, Avi Shlaim ou Tom Segev, tous ont confirmé la version palestinienne : il y a eu nettoyage ethnique prémédité.
J’ai rencontré à Gaza des gens, des bédouins notamment, qui m’ont raconté la Nakba, comment l’aviation a joué son rôle, comment, dans tous les villages, les sionistes avaient les noms des gens qu’il fallait abattre pour que les autres s’en aillent … C’était en gros « vous partez ou vous mourrez ».
Et quand il y a le fantasme, « alors vous voulez jeter les juifs à la mer », il y a eu la réalité : les palestiniens de Jaffa et de Haïfa ont été jetés à la mer puisqu’ils sont partis en bateau. On n’inverse pas les rôles sur ce qui s’est passé.
Cette gauche sioniste obtient 55% des voix aux premières élections en Israël.
Elle en est maintenant à moins de 10% parce que, pour paraphraser Jean-Marie Le Pen, les électeurs ont fini par préférer l’original à la copie, et qu’ils n’avaient plus besoin de cette gauche sioniste. Elle est toujours aux manettes en 1956, avec Moshé Dayan dans l’attaque de l’Égypte de Nasser, avec les impérialistes français et anglais, parce que Nasser avait nationalisé le canal de Suez, au passage elle occupe Gaza où il y aura plusieurs centaines de morts.
La guerre de 1967, elle a été présentée comme une guerre d’auto-défense d’Israël. Moi, j’ai eu "la chance" d’avoir dans ma famille un général d’extrême droite qui m’a expliqué dès 1967 que tous les plans d’attaque étaient prêts et qui m’a expliqué dès 1967 que la colonisation avait commencé.
Donc non seulement en 67, c’est Israël qui attaque et qui occupe en six jours la Cisjordanie, Jérusalem, le Golan, Gaza, le Sinaï.
Mais dès 1967 des ministres tout à fait laïques comme Yigal Allon vont commencer la colonisation. Ils vont expulser plusieurs milliers de palestiniens de la vieille ville de Jérusalem autour du Mur des lamentations. Ils vont construire les premières colonies dans la vallée du Jourdain, ou à Beit Homa.
Donc, l’idée colonie égale extrême-droite est fausse : ce sont les sociaux-démocrates qui ont fait les premières colonies en 1967.
Cette gauche sioniste va perdre le pouvoir en 1977. Elle ne l’aura plus que brièvement ou dans des gouvernements de coalition. Mais sachez quand même que :

  • le mur qui balafre la Cisjordanie, c’est Fuad Ben-Eliezer, ministre des travaux publics et secrétaire général du parti travailliste, qui est à la manœuvre.
  • l’attaque contre le Liban en 2006, c’est Amir Peretz, secrétaire général du parti travailliste.
    Les dirigeants de la Histadrout, laquelle Histadrout, c’est un tout petit détail, son président Arnon Bar-David siège à la Confédération Syndicale Internationale avec la CGT, la CFDT et FO : donc il y a du boulot syndical pour les virer ...
    Et le secrétaire général de la Histadrout, ça date d’il y a quinze jours, quand il visitait une usine d’armement Elbit, grande fabrique d’armes israéliennes : sur un gigantesque obus, il a écrit : « avec le soutien des travailleurs israéliens ».
    C’était juste pour en dire un peu plus sur ces dirigeants. Voilà ce courant politique-là, il est en train de disparaître et on va parler de la droite.
    La droite sioniste c’est des fascistes pas récents, des fascistes qui ont un siècle.
    Il y a une scission dans le mouvement sioniste qui commence en 1920 et dont l’idéologue est Vladimir Jabotinsky [1880-1940] qui était un juif d’Odessa. Ce courant va lui-même s’appeler le courant révisionniste, et il va passer au terrorisme à peu près tout de suite.
    Il passera au terrorisme contre les palestiniens, mais aussi tuera un dirigeant travailliste, Haïm Arlozorov.
    Dans ces courants armés des révisionnistes, va apparaître l’Irgoun, dont le chef sera Menahem Begin. L’Irgoun est fondée en 1931. Menahem Begin sera plus tard premier ministre pendant de nombreuses années après 1977.
    L’Irgoun fera scission en 1939 et apparaîtra un groupe encore plus radical, le groupe Stern ou Lehi, dont le dirigeant historique sera, après la mort de Stern, Yitzhak Shamir, qui sera lui aussi premier ministre pendant 7 ans en Israël.
    Ces gens étaient des fascistes. Jabotinsky était un grand admirateur de Mussolini. La radio des révisionnistes était à Civita Vecchia en Italie.
    Mussolini parlait régulièrement de son ami, le fasciste juif Jabotinsky.
    Jabotinsky avait créé une milice armée qui existe toujours, le Betar, de sinistre réputation. Le Betar faisait des entraînements armés dans l’Italie fasciste à la fin des années 30.
    Le secrétaire particulier de Jabotinsky, qui s’appelait Bension Netanyahou, est le père de Benjamin Netanyahou.
    La filiation est plus que forte : après l’arrivée au pouvoir de Begin, en 1977, tous les premiers ministres de ce courant-là dont Ariel Sharon, Ehoud Olmert, Naftali Bennett, ou tous des dirigeants politiques, Ayelet Shaked, Avigdor Lieberman, etc. Tous se réclament de Jabotinsky, c’est-à-dire d’un courant qui était un courant fasciste.
    Et même pour le groupe Stern, courant collabo : les anglais arrêtent l’immigration juive en Palestine en 1939, parce qu’il y a eu une révolte palestinienne qui a fait 12 000 morts, qui a été réprimée avec une grande sauvagerie par les britanniques, avec l’aide des milices sionistes. Les anglais ont peur, à la veille de la 2ème guerre mondiale, que le monde arabe se retourne contre eux. Donc ils arrêtent l’immigration juive et, du coup, l’extrême droite sioniste leur déclare la guerre. L’Irgoun a arrêté sa guerre contre les anglais au moment de l’invasion de la France par les nazis, mais le groupe Stern a continué.
    Donc sachez que pendant 7 ans, le premier ministre Yitzhak Shamir qui a dirigé Israël, c’était un ancien collabo qui a assassiné des soldats britanniques, en 42, 43, 44, au moment où l’extermination battait son plein. Ils assassineront Lord Moyne, le haut représentant britannique au Caire, en 1944.
    Ces gens-là qu’on retrouve aujourd’hui, qui réalisent sans aucun problème un génocide et qui appellent tous courants confondus à tuer aussi les femmes et les enfants, ce courant-là n’est pas tout à fait sorti de nulle part.
    Je vais vous parler de Rabin et des accords d’Oslo : Là aussi il y a des illusions que je voudrais vous enlever.
    D’abord Yitzhak Rabin, pendant la guerre de 48, il est un des trois généraux préférés de Ben Gourion, avec Moshe Dayan et Yigal Allon. Il est coupable de grands crimes de guerre. Si vous avez vu le film Tanturra, c’est un crime de guerre, un village de 250 habitants, un village de pêcheurs au sud de Haïfa, dont toute la population a été massacrée. C’était la brigade Alexandroni, c’était Rabin.
    L’évacuation, avec tous les guillemets qu’il faut mettre, de la ville palestinienne de Ramla, qui a été une ville de 17 000 habitants et où toute la population a été déportée c’était également Yitzhak Rabin. Il avait ce passé-là.
    Plus tard… Il y a quelques jours, on fêtait la Journée de la Terre, le 30 mars. La Journée de la Terre, c’est une révolte des paysans palestiniens d’Israël en 1976, qui est réprimée avec une grande violence avec une vingtaine de morts, c’est Yitzhak Rabin.
    L’attaque contre le siège de l’OLP à Tunis en 1986, une centaine de morts, dont un soldat tunisien, les numéros 2 et 3 de l’OLP qui sont tués, c’est toujours Yitzhak Rabin.
    La première intifada, avec le discours de Rabin « brisez-leur les jambes et les os », et il y aura un peu plus de mille morts, c’est encore Yitzhak Rabin.
    Alors allez-vous me dire : oui, mais en 1993, il signe les accords d’Oslo.
    Qu’est ce qui a été signé à Oslo ?
    La seule chose qui est signée, en dehors des heures d’ouverture des check points, c’est l’obligation pour l’occupé d’assurer la sécurité de l’occupant. C’est ce qu’on appelle la coopération sécuritaire.
    C’est-à-dire ce qui fait institutionnellement de l’autorité palestinienne une autorité collaborationniste, dont le rôle est d’assurer la sécurité de l’occupant.
    Et on s’aperçoit aujourd’hui que ça continue. Il y a quelques jours la police de Mahmoud Abbas a essayé d’attaquer des combattants à Tulkarem : c’est la suite logique. Elle a tué Nizar Banat, il y a deux ans.
    C’est son boulot, je veux dire que rien d’autre n’a été signé.
    Les questions vives que posent les palestiniens, c’est-à-dire un état palestinien, l’arrêt de la colonisation, la libération des prisonniers, le retour des réfugiés, c’est vraiment les grandes questions vives palestiniennes. On en a causé Oslo, et on a reporté, on verra plus tard. Donc, ça a été un marché de dupes.
    Il y avait, au moment de la signature des accords d’Oslo, 150 000 colons, il y en a 900 000 maintenant.
    Et on peut aller plus loin. Dans les 26 mois qui séparent les accords d’Oslo de l’assassinat de Rabin par l’extrême droite, il y a 60 000 nouveaux colons qui sont installés.
    De quoi s’agissait-il ?

Je vous ai décrit ce qui amène au virage sans fin qu’on a depuis le début du 21ème siècle.

Au début du 21ème siècle, il y a les ultimes négociations, où les États-Unis vont montrer évidemment ce qu’ils sont, c’est-à-dire des complices totaux du sionisme. Il y a des négociations qui ont été décrites dans le livre de Charles Enderlin entre Barak, Clinton et Arafat.
Et on propose à Arafat que la capitale soit Aboutis, à 15 km de Jérusalem ; les réfugiés, on va en prendre quelques-uns, mais pas trop, peut-être 4 ou 5000 (il y a plusieurs millions de réfugiés) ; les prisonniers, on verra au compte-goutte, On va en libérer un peu et tu signes.
Arafat n’a pas signé. Clinton le prend au collet, c’est Enderlin qui décrit la scène, et il lui dit « tu signes, sinon tu es un homme mort et nous te ferons porter la responsabilité de l’échec ».
Les deux se sont déroulés. Il a été un homme mort et on lui a fait porter la responsabilité de l’échec.
Le lendemain Ehoud Barak, travailliste, a déclaré : « nous avons fait des offres généreuses que Yasser Arafat a refusé, nous n’avons plus de partenaire pour la paix ». Et ça a été un basculement complet et définitif de l’opinion israélienne du côté de la guerre à outrance, du côté du fait qu’il fallait écraser les palestiniens.
Depuis, on a une extrême droite qui est devenue complètement hégémonique dans tous les secteurs de la société israélienne.
Y compris les secteurs qu’ils n’avaient pas : ils étaient hégémoniques chez les colons, c’est compréhensible. Ils sont hégémoniques chez les religieux, je vous ai expliqué que c’est après la conquête de 1967 qu’ils vont le devenir.
Mais ils vont devenir hégémoniques chez les misrahims et les séfarades, donc les juifs du monde arabe, qui votent massivement pour l’extrême droite et, hélas, il n’y a pas qu’en Israël que les pauvres et les discriminés votent pour l’extrême-droite. La France et les États-Unis ne font pas exception à cette chose-là. Ils vont devenir hégémoniques chez les russes, ils vont devenir hégémoniques dans l’armée.
Donc si dans le débat vous me dites « mais quand même, il y a eu des manifestations contre Netanyahou » je vous répondrai « ces manifestations, ce sont les contradictions internes de la société israélienne, laïcs contre religieux, ashkénazes contre séfarades, russes contre tous les autres, colons contre israéliens européanisés, mais ça ne concerne pas les palestiniens ».
Les dirigeants de l’opposition à Netanyahou sur la Palestine disent les mêmes choses. Naftali Bennett, qui avait été un moment premier ministre à la place de Netanyahou, avait déclaré en 2013, « j’ai tué beaucoup d’arabes dans ma vie. Je ne vois pas où est le problème ». Vous imaginez un premier ministre qui dirait : « j’ai tué beaucoup de juifs dans ma vie. Je ne vois pas où est le problème » ?
Ayelet Shaked, ministre de l’intérieur et de la justice, et ça explique ce qui se passe à Gaza aujourd’hui : « les femmes palestiniennes élèvent des serpents, il faut les exterminer dans l’œuf ».
On comprend pourquoi, aujourd’hui, il y a les ordres de tuer les femmes et les enfants aussi. Benny Gantz, qui est pressenti pour succéder à Netanyahou, en 2014, au moment de [l’opération militaire] « Bordure protectrice », a dit « je réduirai Gaza à l’âge de pierre ».
Netanyahou pourrait dire : trop tard, c’est déjà fait.

C’est pour vous dire qu’il n’y aura pas de rupture du front intérieur dans la société israélienne s’il n’y a pas de sanctions.

Deux fois dans son existence, l’état d’Israël a été sanctionné et deux fois, ils ont cédé instantanément. Mais sans sanction, il ne se passera rien. D’où l’énormité de notre responsabilité à nous aujourd’hui.

Je vais finir sur deux choses : sur Gaza et sur comment en sortir.

Gaza, j’y suis allé deux fois en 2013, en 2016. En 2013 par l’Égypte, en 2016 par Israël, avec la complicité du consul de France de l’époque.

C’est une société incroyablement calomniée. Qu’est-ce que je peux en dire ?

75% des Gazaouis sont des réfugiés venus de tout le sud d’Israël, ou c’est leurs descendants. 72% ont la carte de l’UNRWA, l’office des nations unies des réfugiés.
L’UNRWA assure : l’éducation, la santé, l’alimentation. Couper les vivres à l’UNRWA ça veut dire la famine pour tout le monde.
Gaza, c’est une population, comme toute la Palestine, incroyablement éduquée. Il y a 1% d’illettrisme à Gaza. En Égypte voisine, il y en a 35%.
L’école est gratuite, que ce soit l’école de l’UNRWA ou l’école gouvernementale, payée par Ramallah, du cours préparatoire au bac.
Mais il y a tout le reste : le préscolaire, le périscolaire, une véritable prise en charge des enfants, qui sont la majorité de la population à Gaza.
Il y a aussi le post-scolaire, l’université. La société s’organise d’une façon extraordinaire. Il y a un fourmillement d’associations qui assurent le préscolaire, le périscolaire, énormément d’associations de femmes.
Pour les universités, c’est payant, c’est très cher, les familles se saignent pour pousser les jeunes à l’université. Quand j’y étais en 2016, la statistique qu’on m’a donné c’est 100 000 étudiants dans 6 universités, 21 000 diplômés chaque année.
J’ai visité plusieurs universités et je peux vous garantir que les programmes sont du même niveau que les universités françaises. Mais il n’y a pas de boulot à l’arrivée.
Et dans Gaza, la stratégie, c’est les gens qui sont formés, qui parlent des langues, qui n’ont pas de boulot, mettent toutes leurs compétences pour que leur société ne s’écroule pas.
Je vais vous donner un exemple qui m’avait vraiment frappé.
Le fameux hôpital Al Shifa qui vient d’être réduit en bouillie, avec plusieurs centaines de morts, des malades qui ont été éventrés dans leur lit, des malades qui ont été envoyés sur ce qui restait de la route côtière, qui est transformé en colline, et avec les pseudos tunnels qui ont été trouvés, qui ressemblent étrangement aux armes de destruction massive en Irak il y a quelques années…
Quand je visite Al Shifa on est reçu par la seule psychologue salariée de l’hôpital Al Shifa.
Elle nous dit : il y a un tel besoin psychologique pour les malades et pour les soignants, que je ne pouvais pas faire front.
Donc, j’ai pris ma page facebook, j’ai demandé : je veux des psychologues diplômés qui acceptent de travailler gratuitement. Elle a eu 100 réponses, elle ne pouvait pas prendre 100 personnes.
Elle a fait passer un examen écrit et oral. Elle a pris les 26 meilleures, 23 femmes et 3 hommes, ce qui dit aussi pas mal de choses sur l’éducation à Gaza.
Et je rencontre ces gens, je dis : mais vous venez, vous payez votre taxi, vous avez payé votre superbe uniforme (les femmes et les hommes ont chacun un très bel uniforme), et pourquoi vous faites ça ? Et la réponse a été : « un, on a fait cinq ans d’études. On ne peut pas laisser notre société s’écouler. Deux, un jour, le blocus s’arrêtera, on aura de l’expérience et on aura du travail ».
Gaza, c’est une société où les femmes s’expriment énormément. Si vous avez vu le film Yallah Gaza, vous avez vu le nombre d’associations de femmes qui existent à Gaza.
Nous avions organisé une discussion à l’Institut Français, qui était sur « faut-il éduquer de la même façon les petits garçons et les petites filles ? » je vous garantis que les femmes se sont exprimées, et super exprimées, dans ce genre de débat.
Gaza c’est absolument pas ni des fanatiques prêts à tuer, ni des gens terrorisés par le Hamas.
Il y a un pluralisme politique total. Nous avons rencontré la direction politique de tous les partis à Gaza : Hamas, Fatah, Jihad islamique, FPLP, Parti Communiste, Union Démocratique Palestinienne, Initiative Palestine, etc.
Les gens parlent, l’opposition au Hamas en dit le plus grand mal. Le Hamas dit le plus grand mal de l’Autorité Palestinienne et ça discute. Vous rentrez dans un taxi collectif, c’est : « vive le Hamas », ou « à-bas le Hamas, ce sont des corrompus ». En tout cas, il y a une liberté de ton et de critique.
Le Hamas a bien sûr cherché à imposer ses conceptions obscurantistes sur la société. Il y a des trucs où il y est arrivé, il y a des trucs où il a totalement échoué, où la société s’y est opposée et il a dû rendre les armes.
Le Hamas n’est absolument pas Daesh. Il y a eu une apparition de Daesh en 2015, le Hamas les a exterminés.
C’est une société sur laquelle on raconte les pires conneries, excusez-moi, qui ne correspond pas du tout, du tout à la réalité.
Si je devais conclure sur Gaza, je dirais : Gaza, c’est une société totalement normale dans une situation totalement anormale, parce que vous devez comprendre que ce sont des gens qui ont été victimes d’un nettoyage ethnique il y a 75 ans, qui sont occupés depuis 57 ans, qui sont enfermés, bouclés par terre, par mer et par air depuis 17 ans, avec des bombardements réguliers.
Chaque fois qu’on doit bombarder Gaza, avant le 7 octobre, la première cible c’était la centrale électrique, après c’était la station d’épuration des eaux et après, c’était les fermes à poulets.
Nous, l’UJFP, on a notre nom à Gaza. Depuis 2016, si vous allez sur notre site, on travaille avec les paysans de la bande de Gaza, une solidarité qu’on veut non coloniale. C’est eux qui prennent les décisions et c’est nous qui cherchons à trouver les fonds et à les envoyer pour y arriver.
Ils ont construit un magnifique château d’eau 17 mètres de haut. Ils ont écrit en haut du château d’eau UJFP. Quand le château d’eau a été abattu le 6 février, on a publié un communiqué : « la destruction du château d’eau de Khuza’a, un acte antisémite » et, bien sûr, on le pense très profondément.
Donc à Gaza, on s’est présentés partout « Union Juive Française pour la Paix ». La réponse, c’était toujours : « nous sommes contre l’occupation, nous n’avons rien contre les juifs ». C’est la position historique des palestiniens.

Je vais terminer. Comment en sortir ?

Il y a le fameux débat « un état, deux états », que je ne vais pas reprendre. Mais je vais quand même dire : deux états, ce n’est ni possible ni souhaitable.
Ce n’est pas possible, parce que si vous allez là-bas, notamment en Cisjordanie, dès que vous avez franchi ce qui était la ligne verte, la frontière internationalement reconnue, la première chose c’est « elle est où la Palestine ? ».
Ce que vous voyez partout : le mur, les colonies, la captation des richesses, les routes de contournement.
Le monde diplomatique avait publié il y a quelques années une carte de l’archipel palestinien, et maintenant, c’est plus un archipel, c’est un confetti.
Sans unité territoriale, avec des check-points partout, avec 900 000 colons qui ont pillé l’essentiel des richesses. Donc ce n’est pas possible.
Et pourquoi ce n’est pas souhaitable, et là j’insiste : parce que le sionisme, c’est une théorie de la séparation et que la séparation a mené au fascisme. Parce que l’état juif c’est une monstruosité -j’en parle en tant que juif- il ne peut pas y avoir un état qui ne soit pas un état de tous ses citoyens.
Et donc quelque part, et c’est ce qu’on va développer, il n’y a pas d’alternative au vivre ensemble dans l’égalité des droits.
Je ne vais pas parler d’un état, parce que c’est de la pure utopie. Il y a eu la position de l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine jusqu’en 1988, c’était un seul état laïc et démocratique. Ils l’ont abandonné. À mon avis, ils ont eu tort, mais bon, le résultat, en tout cas, c’est que maintenant il n’y a plus les forces pour porter ça.
Il y a eu chez les juifs de Palestine, à l’époque du mandat britannique, un assez fort courant qui était pour le bi-nationalisme, pour un état binational, et ce courant a volé en éclats au moment de la guerre de 1948. Donc c’est une belle utopie, l’État laïc et démocratique, c’est une utopie aujourd’hui.
La position de l’Union Juive Française pour la Paix, vous pourrez dire ce que vous en pensez, nous demandons que le droit international soit appliqué aux palestiniens. Nous ne confondons pas le droit international et l’ONU, parce que l’ONU, en 47-48, a violé le droit international contre les palestiniens. Le droit international, c’est un certain nombre de textes, dont la déclaration universelle des droits de l’homme.
Qu’est-ce que ça veut dire le droit international pour les palestiniens ?
Ça veut dire la liberté : fin de l’occupation, fin de la colonisation, destruction du mur, fin du blocus de Gaza, libération des prisonniers.
Ça veut dire l’égalité des droits pour tous les habitants de la région, quelle que soit leur origine, leur identité réelle ou supposée, leur religion ou leur non religion.
Ça veut dire la justice : le crime fondateur de 48 ayant été l’expulsion programmée des palestiniens, c’est le droit au retour des réfugiés, et c’est aujourd’hui, vu ce qui se passe à Gaza, le jugement des criminels de guerre.
Nous pensons que c’est ça qui doit être affirmé, que le rôle de ce qui peut rester de la communauté internationale, si on ne veut pas retourner à la loi de la jungle, parce qu’aujourd’hui les israéliens détruisent le droit international.
Aussi à Gaza, c’est de l’affirmer : ce droit international doit être appliqué en Palestine.
Et, sur la base de ce droit qui sera appliqué, il y aura des négociations pour voir la forme étatique que ça prendra. C’est notre position et je pense qu’elle est plus juste parce qu’elle lie en même temps le fait que défendre la Palestine ce n’est pas un supplément d’âme : défendre la Palestine, c’est nous défendre nous-mêmes.
Défendre la Palestine, c’est défendre nos droits, c’est comprendre ce qu’Israël est devenu.
Pourquoi Israël est soutenue tellement par les dominants de cette planète :

  • parce que c’est un état qui a effectué une reconquête coloniale. Donc tous les nostalgiques du colonialisme, évidemment sont avec Israël
  • parce que c’est un état qui montre comment on peut enfermer une population, comment on peut réprimer une population réputée dangereuse
  • parce que c’est une start-up technologique : c’est un pays qui vend les armes les plus sophistiquées en expliquant qu’elles marchent bien puisqu’on les a expérimentés sur les palestiniens.
    Ce type d’État doit être vaincu. Il doit être vaincu pas militairement, il doit être vaincu politiquement, c’est absolument obligatoire.
    Donc, défendre la Palestine, ça veut dire nous défendre nous-mêmes, défendre le droit international, comprendre qu’Israël ne tue pas seulement des palestiniens aujourd’hui : il tue le droit, il tue la mémoire du judaïsme.
    Quand j’étais petit, juif ça voulait dire ceux qui ont survécu à un terrible génocide, et aujourd’hui, ça veut dire être le soutien d’un État génocidaire.
    Je vous rassure quand même sur une question que vous allez me poser : il y a moins de 30% de la population d’Israël qui est liée au génocide. Le reste c’est de la propagande mais ce n’est pas leur histoire familiale. Donc quand ils avancent ça, évidemment c’est faux.
    Dernière chose : est-ce que que tout ce que j’ai dit, ça veut dire les juifs à la mer ?
    C’est l’inverse. Qu’est-ce qui a permis aux blancs sud-africains de rester ? Est-ce que c’est la fin de l’apartheid ou le maintien de l’apartheid ? C’est clairement la fin de l’apartheid, sinon, tôt ou tard, ils allaient partir.
    Qu’est-ce qui permettra aux juifs israéliens de rester et de pas terminer comme les croisés ? C’est la fin du sionisme, c’est le vivre ensemble dans l’égalité des droits, c’est l’application du droit international.
    Ça ne peut pas être le maintien d’une domination, donc l’idée d’Oslo, on va faire la paix, on maintient l’état juif, on maintient le sionisme était une idée fausse dès le départ. Si vous maintenez ça, vous maintenez automatiquement le colonialisme et la guerre.
    Donc oui, c’est dans le cadre du vivre ensemble complet, avec une égalité de tous les habitants de la région qu’il pourra y avoir une solution. Toute solution qui voudrait s’imposer par la force ne marchera pas. Nous avons ici une responsabilité fondamentale.
    On en a une double : on doit empêcher une défaite du peuple palestinien, parce que des peuples vaincus, ça existe : les amérindiens ont été vaincus aux États-Unis, les aborigènes ont été vaincus en Australie.
    C’est important et ici, nos gouvernements complices, c’est une horreur, nos médias complices, c’est une horreur, Mais vous sentez bien, et il suffit de voir que la salle est pleine : l’opinion est en train de changer.
    C’est à vous qu’il appartient qu’elle change complètement et qu’on impose autre chose. Merci.