ATTAC - Responsables locaux de formation. Réunion
du 18 octobre 2003 - Rochefort, Palais des Congrès, 14h à
18h.
Présents :
François Bouyat, Michel Menant (Attac 16 - Angoulême)
Michèle Berret, François Bonnes, Annie Polguer (Attac 17
- Rochefort)
Dominique Aumignon, Émilie Ferry, Gaël Gentric, Claude Guichard,
Geneviève et Yves Laigle, Carine Lepage, Gaëtan Loubignac
(Attac 17 - Saintes)
Animation : François Riether (Attac 17 - Marennes Oléron).
Ceux d'Attac 79 qui étaient intéressés n'ont pu venir,
car ils tenaient ce jour leur Forum Social.
Présentation.
À partir du compte-rendu de la session de formation des 3-4 mai
2003, rapide rappel de la notion de "mouvement d'éducation
populaire" et de la nécessaire présence d'une dimension
"formation" dans toutes nos actions. Exemples : une manif doit
être l'occasion d'expliquer clairement aux participants et aux spectateurs
pourquoi on est dans la rue ; une réunion réussie est une
réunion d'où l'on repart avec les idées plus claires.
Le responsable local de formation (RLF) n'a pas vocation à être
le "Monsieur je sais tout" du groupe, son rôle est de
veiller à ce que cette dimension "formation" soit toujours
présente.
Tour de table.
Il est demandé à chacun(e) de se présenter, d'indiquer
les actions "formation" réalisées dans son groupe
ou dans son comité et d'exprimer les problèmes rencontrés
et ses attentes.
N'étant que 14, nous prenons le temps d'un tour de table qui permette
à chacun(e) de s'exprimer largement et d'ébaucher le débat.
Chaque groupe est conscient de la nécessité de mieux accueillir
les nouveaux adhérents -il y avait parmi nous deux personnes adhérant
à Attac depuis moins d'un an, et leur avis nous a été
précieux.
Attac 16 organise une fois par an une journée-formation axée
sur un grand thème d'Attac, ainsi qu'une soirée publique
thématique. Une permanence-accueil est tenue une fois par mois.
Un questionnaire est remis à chaque nouvel(le) adhérent(e),
lui demandant ses possibilités d'investissement (compétences,
temps) et ses thèmes de préoccupation.
Une réunion spécifique à destination des jeunes est
organisée chaque mois.
Chaque comité édite un bulletin (bi- ou trimestriel), indiquant
contacts, dates et lieux de réunions, conférences, notes
de lecture et présentant des articles de fond à valeur pédagogique.
Dans chaque groupe, des adhérents "travaillent" un sujet
et restituent ensuite le résultat de leur recherche.
Attac 17 -Saintes met en place à Pons un groupe "vulgarisation"
et envoie régulièrement des invitations personnalisées
à ses réunions.
Les problèmes rencontrés et les attentes qui en découlent
peuvent se résumer en quelques mots :
mieux accueillir, mieux impliquer, mieux former.
Les possibilités d'investissement sont limitées : proximité
(zones rurales), disponibilité, beaucoup sont engagés dans
plusieurs associations, sont militants syndicaux et/ou politiques.
On a l'impression que "ce sont toujours les mêmes". Il
faut davantage de militants pour diluer la charge, ceux qui "donnent"
ont aussi besoin de retour et de relève.
Comment faire venir les gens et comment les faire passer d'une attitude
de "consommateurs" à un engagement actif ? Plein de gens
sont des acteurs potentiels : comment les impliquer ?
Comment combattre une certaine résignation ? "Il n'y a pas
de fatalité", 1ère valeur d'Attac.
Comment susciter la curiosité, l'envie de comprendre et d'agir
?
Comment éviter le décalage entre nouveaux et "anciens"
qui ont acquis un bagage conceptuel économique et politique et
désirent aller plus loin ?
Comment ne pas bloquer l'échange par son discours ? Nécessité
d'une formation à l'animation et à la communication, besoin
d'apprendre à maîtriser le langage, besoin d'outils. Beaucoup
se sentent incapables de prendre la parole : comment prendre confiance
en soi, comment apprendre à "ne pas parler pour se faire plaisir",
mais parce qu'on a quelque chose à partager ?
Comment créer de la convivialité dans les réunions
? Beaucoup ne viennent pas seulement pour le contenu, mais aussi par recherche
de contacts, "pour sortir de l'impression qu'on est tout seul dans
son coin à penser comme ça".
Comment répondre aux attentes des jeunes, de celles et ceux qui
veulent "de l'action" ? Nécessité d'actions concrètes
et lisibles.
Il y a un manque de cohérence entre l'image festive des manifs
et le sérieux des réunions et des conférences : beaucoup
de jeunes viennent à une réunion et sont déçus,
nous risquons de devenir un club de retraités !
Comment ne pas donner l'impression qu'on vit sur une autre planète,
notamment vis à vis de ceux des "quartiers" ? Nous donnons
trop souvent l'image d'un groupe "fermé" et élitiste.
Comment s'adresser à celles et ceux qui sont les premières
victimes du libéralisme ? Problèmes de mixité culturelle,
de composition sociologique d'Attac : difficile de rendre accessibles
des choses complexes (nous ne sommes pas René Passet !), d'utiliser
un langage simple, d'être attractifs, de "concurrencer"
la télé et le foot. Mais la priorité des milieux
populaires est-elle de s'éduquer ?
Comment faire découvrir des choses aussi importantes que l'AGCS
à celles et ceux qui n'en ont aucune idée ? On nous prend
parfois pour des paranoïaques...
Comment ne pas se laisser submerger par trop d'infos ? Nécessité
de faire des synthèses, par exemple après chaque conférence.
Comment apprendre à transmettre ("que ce que j'ai appris serve
à quelque chose") ?
Mais aussi comment écouter ? Il faudrait savoir répondre
aux préoccupations des gens et partir de ce qu'ils savent : difficile,
car les disparités sont immenses.
Comment créer l'espoir ? Prendre garde à ce que notre discours
sur les instruments de la mondialisation (OMC, UE, FMI, etc.) ne soit
pas démobilisateur ("Attac m'a tué").
Comment sortir de certains blocages, notamment avec les syndicats ? Une
formation serait utile pour mieux gérer nos partenariats avec les
syndicats.
Comment améliorer les rapports d'Attac avec les autres organisations
et mieux travailler en réseau ?
On n'utilise pas assez le réseau des fondateurs d'Attac, notamment
dans le secteur social : MJC, CRAJEP, etc. peuvent être des partenaires
précieux pour atteindre les "quartiers".
Comment mieux communiquer avec les groupes et comités voisins,
comment mutualiser les travaux de chacun ?
L'ensemble du groupe exprime la nécessité d'une formation
de base pour chaque adhérent(e), certains sont en attente de formations
plus pointues (lectures personnelles, exemple du remarquable travail fourni
par le Conseil Scientifique sur les retraites : chaque article d'un économiste
libéral était immédiatement suivi d'une réponse
précise et argumentée ; nous avions donc toujours des billes
pour être pertinents dans les débats).
Quelques propositions sont exprimées :
- une université d'été locale, organisée à
partir des compétences locales.
- création de "groupes de besoin", constitués
à partir des demandes et besoins exprimés.
- travailler sur un argumentaire de base : réponses simples aux
questions les plus fréquentes.
Rôle du Responsable local de formation :
- être pédagogue
- assurer une cohérence (forme et fond) dans les rouages de l'association
- faire le lien entre les thèmes traités et les fondamentaux
d'Attac
- suivre les formations et les restituer
- bien maîtriser les sujets traités et rationaliser les énergies
- veiller à ce que la formation soit prise en charge collectivement.
Accueil, fidélisation, animation et prise de parole ayant été
les préoccupations les plus fréquemment exprimées,
le groupe décide d'y consacrer la 2ème partie de la réunion,
après dix minutes de pause.
Quelques pistes, proposées par François Riether et discutées
au fur et à mesure.
•Accueil :
- Livret d'accueil : aucun groupe présent n"a réalisé
de livret d'accueil. Nous faisons circuler celui d'Attac 66, qui semble
un bon exemple, les 4 pages consacrées aux "sigles et intitulés
divers" sont particulièrement appréciées. Tous
sont d'accord pour que le livret comporte deux parties : une partie nationale
commune à tous les comités, afin d'assurer une unité
dans la forme et dans le fond (nous attendons avec impatience une proposition
du groupe de travail national) et une partie locale.
- Aspect humain de l'accueil, qui doit correspondre à nos valeurs
: ouverture, chaleur humaine, tolérance, aider à sortir
de l'anonymat. Ne pas hésiter à organiser de temps en temps
un "pot". Organiser l'échange : ce que le groupe peut
apporter, ce que chacun peut apporter au groupe.
Être à l'écoute des nouveaux, les aider à exprimer
leurs attentes et leurs points de vue, ne pas les contredire s'ils ont
des analyses différentes des nôtres, mais les amener à
la critique par des questions progressives. On ne convainc pas les gens
en les brusquant !
Un bon accueil est la meilleure manière de fidéliser : quelqu'un
qui s'est senti accepté par le groupe, qui repart avec l'impression
de ne pas avoir perdu son temps a toutes les chances de revenir.
Prévoir une feuille où celles et ceux qui le désirent
peuvent laisse leur contact. Une feuille de présence peut être
utile, mais veiller à ce que ce ne soit pas perçu comme
un "flicage".
Indiquer clairement les contacts du groupe et les dates de réunion.
•Animation de réunion :
Toute réunion a un avant, un pendant et un après.
- Avant : organisation. Réserver la salle, penser à la clé
(bien définir "qui s'occupe de quoi"). Prévoir
le matériel nécessaire (qq feuilles de papier, transparents,
rétro-projecteur, tableau et marqueurs, etc.). La disposition de
la salle est déterminante pour l'ambiance de la réunion
: une disposition "frontale" induira une hiérarchie entre
"tribune" et "public", une disposition en rond ou
en carré facilitera les échanges.
Soigner la communication : presse, radios locales, affiches, tracts. S'assurer
que les adhérents et les partenaires (fondateurs et autres) ont
bien été informés.
Préparer sérieusement le thème : rigueur intellectuelle,
vérification des infos et des chiffres, se servir des textes originaux
(traités, lois) plutôt que des commentaires de deuxième
main.
Être "bien dans sa peau : ne pas arriver énervé
au dernier moment, prendre le temps !
- Pendant : demander un volontaire pour le compte-rendu.
Être autant auditeur qu'animateur et veiller à ce que chacun(e)
puisse prendre la parole. Ménager des moments où les moins
"bavards" puissent intervenir, mais éviter de forcer
quelqu'un à sortir de sa réserve : ce peut être ressenti
comme une agression.
Ne pas hésiter à modérer les "ténors"
: il faut être capable d'autorité pour éviter que
certains ne monopolisent la parole et ne recréent ainsi des positions
de pouvoir.
Toujours penser que tout le monde n'est pas au même niveau de connaissances
: décoder les acronymes, expliquer ou faire expliquer les notions
difficiles. Être très attentif à ce que la "culture"
et le langage communs acquis dans les réunions précédentes
ne soient pas ressentis par les nouveaux comme excluants : on prend vite
des habitudes de langage qui "ferment" le groupe. Partir du
vécu et des connaissances des gens, donc être à leur
écoute et essayer de se mettre à leur place.
Reformuler régulièrement les propos tenus, et faire valider
cette reformulation : "C'est bien ce que vous avez voulu dire ?"
Recadrer le débat quand on s'écarte trop du sujet.
Construire la réunion : un point de départ, un point d'arrivée,
et synthétiser le chemin parcouru.
- Après : toute réunion doit faire l'objet d'une production
(compte-rendu, synthèse,...) à laquelle on
pourra se référer par la suite et qui sera diffusée
aux présents et aux absents. C'est aussi un moyen de valoriser
les participants.
•Prise de parole :
Bonne humeur, simplicité : on ne risque pas sa vie !
Regarder ses interlocuteurs, ne pas "parler dans sa barbe".
Ne pas parler trop vite et bien articuler (exercices de diction, comme
au théâtre ?) : c'est à la fois un moyen de se sentir
plus sûr de soi et une marque de respect pour ses auditeurs.
Construire son discours : ne pas tourner en rond, articuler son argumentation.
Apprendre à être concis, expliquer les mots difficiles et
les acronymes, sous peine de ne pas être compris et de passer pour
"pédant".
Mais il n'est pas facile de vaincre sa timidité, et il faut beaucoup
de temps et d'entraînement pour se sentir à l'aise !
La réunion se termine en réaffirmant que la valeur centrale
d'Attac est bien qu'il n'y a pas de fatalité, qu'il nous faut être
capables de faire croire en la nécessité et en la faisabilité
d'un "autre monde".
La "nouvelle étape pour Attac" doit faire émerger
un vrai mouvement émancipateur, s'inscrivant dans la tradition
de ceux des XIXème et XXème siècles, tout en les
synthétisant et en les renouvelant.
Nous attendons avec grand intérêt les sessions décentralisées
annoncées par le groupe national, particulièrement sur la
prise de parole et l'utilisation du matériel audio-visuel.
Nous avons décidé de continuer le travail commencé
et de nous retrouver
samedi 10 janvier, 14h au Palais des Congrès de Rochefort, salle
Pierre Loti
Ordre du jour :
- Évaluation de la 1ère réunion : est-ce que les
idées échangées nous ont aidés à mieux
animer nos réunions, à mieux accueillir les nouveaux, à
être meilleurs formateurs ?
- Questions-réponses sur des notions économiques de base,
avec pour objectif de bâtir un argumentaire utilisable par tous.
Venez nombreuses et nombreux, notre groupe est ouvert, et préparez
vos questions et vos réponses.
Contact : François Riether 05 46 36 62 43 friether@club-internet.fr
<mailto:friether@club-internet.fr>
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