Débat en Isère sur l’avenir du système éducatif : La conclusion d’Attac Isère

Début 2011 s’est constitué un « collectif pour un débat sur les enjeux de l’éducation et de la formation » (1) . L’initiative partait de questions locales, et le collectif souhaitait répondre à la demande grandissante, à Grenoble et dans l’agglomération, d’échanger sur la situation et le sens des transformations du système éducatif, de la petite enfance à l’université, sans oublier le champ de la formation continue.
Pour Attac, il s’agissait de participer à une action publique sur un sujet de société situé au carrefour de questions éducatives, budgétaires, démocratiques, et concernant le démantèlement des services publics et la notion de « bien public inaliénable ». Il semblait par ailleurs déjà évident que les choix en la matière seraient au cœur de la prochaine campagne électorale et qu’il convenait d’y prendre la parole. Dès l’origine, Attac Isère a donc tenu à participer à ce collectif au côté de représentants de partis de gauche, syndicats et associations. (2)
La dernière réunion publique, le 25 novembre 2011, interpellait « les partis de gauche » (3) sur les questions élaborées par le « Collectif ». Attac Isère, à qui revenait de conclure le débat, mettait l’accent sur le contexte général des régressions imposées au Système Éducatif français ; voici cette conclusion.

« Au cours de ce débat, nous avons ensemble constaté de nombreuses régressions imposées au système éducatif. Nous avons pu mesurer à quel point ces régressions ne sont pas de simples accidents conjoncturels de l’histoire, mais bien la réalisation patiente d’un projet de fond sur le long terme, consistant à mettre l’École intégralement au service d’un projet économique.
Ce plan comporte deux volets essentiels : une offensive idéologique et un objectif marchand. Il s’est poursuivi obstinément à travers toutes les alternances politiques des trois dernières décennies, et l’école française n’est qu’un de ses champs d’expérimentation.
La question stratégique qui se pose dans la réflexion que nous avons entreprise est donc de trouver l’articulation entre des résistances conjoncturelles et locales et la prise en compte des enjeux globaux, de niveau européen voire mondial. Toute lutte suppose l’intelligence du contexte, mais pourtant la dimension de celui-ci ne doit décourager aucune initiative locale.
Nous devons donc avoir clairement à l’esprit ces différents enjeux, et exiger des partis politiques et de nos représentants, qu’au-delà des moyens qu’ils se disent prêts à investir dans l’éducation et des plans budgétaires qui les garantissent, ils définissent les finalités qu’ils donnent à l’école pour les décennies à venir. Ils devront pour cela rompre avec les directives néolibérales dont le but explicite est une « mise en marché de l’éducation ; ils devront préciser comment un cycle de progrès peut enfin être amorcé. Un réel progrès ne peut se satisfaire de l’« égalité des chances » chère à toutes les droites, mais doit avoir l’ambition d’une égalité des résultats et d’une émancipation des esprits ; il doit rompre avec la vision d’une « machinerie utilitaire » dédiée à un modèle économique, traitant de « capital humain », et concevant la citoyenneté comme un « management de la différence et des inégalités ». Il doit aller dans le sens d’une démocratisation des choix fondamentaux que sont par exemple les contenus de programmes ou les cartes scolaires.
Nous avons balayé au cours de ce débat un nombre impressionnant de sujets, et obtenu quelques réponses susceptibles de mener vers une école plus égalitaire et plus émancipatrice.
Cependant, la tension principale qui nous est apparue, et qui traverse tous les systèmes éducatifs, est celle qui existe entre le projet d’intégration des élèves et étudiants à un état donné de la société, et le projet d’une école conduisant à une émancipation qui puisse permettre la contestation même de cet état, pour rendre un autre monde possible. »


  1. Voir le blog du collectif : http://debateducationisere.eklablog.com/
  2. Attac, CIRBE , FCPE, FSU 38, GFEN 38, Go citoyenneté, ICEM 38, JC, LDH, NPA, PAS 38, PCF, PG, PS, SDEN-CGT, SNES.
  3. Europe écologie les verts, Go Citoyenneté, NPA, PCF, PG, PS.