LA CITY - LA FINANCE EN EAUX TROUBLES

Mathieu Verboud propose une enquête sur l’un des plus importants paradis fiscaux méconnu du grand public : la City de Londres.

Comment a-t-elle réussi à être un des acteurs majeurs de la dérégulation financière, des bonus extravagants, de la culture du profit
à court terme, de la fiscalité douce mais aussi du secret bancaire, de l’évasion fiscale et du blanchiment d’argent ?

Il est vrai que l’endroit est particulier : la City n’est pas un "borough" comme les 32 autres quartiers de Londres, il jouit de
nombreux particularismes : les électeurs sont les personnes physiques et morales installées dans le borough, le Lord Mayor de la
City dispose d’une large autonomie par rapport à la ville de Londres, notamment en matière de police, etc.

Le film montre comment l’organisation discrète de la City, avec ses us et coutumes étranges, lui permet de peser sur toutes les
velléités politiques de réguler le monde de la finance et même, quand c’est son intérêt, de pouvoir mettre à genoux des États, comme
cela a été le cas avec la Grèce récemment.
Réalisateur : MATHIEU VERBOUD
Production : ZADIG PRODUCTIONS
Participation : FRANCE TÉLÉVISIONS

 Indépendante de la Couronne britannique.
 la City est surtout le centre névralgique d’une nébuleuse offshore internationale
 après-guerre, la City de Londres a reconverti l’ensemble des possessions et ex-dominions britanniques en paradis fiscaux - Jersey,
Guernesey, les Caïmans, les Iles Vierges, les Bahamas, Man, les Bermudes, etc. - tissant ainsi une toile mondiale lui permettant de
capter l’ensemble des flux financiers mondiaux
 Selon les économistes du Tax Justice Network consultés dans le film, l’État britannique perdrait 150 milliards de recettes
fiscales par an
 La City de Londres est le centre de la finance mondiale.

Qui nous dirige - qui est le gouvernement mondial ?

Vidéo

Le film montre comment l’organisation discrète de la City, avec ses us et coutumes étranges, lui permet de peser sur toutes les
velléités politiques de réguler le monde de la finance et même, quand c’est son intérêt, de pouvoir mettre à genoux des États, comme
cela a été le cas avec la Grèce récemment.

Du site France 5 LA CITY - LA FINANCE EN EAUX TROUBLES

La première place financière du monde a assis son leadership sur un système offshore qui favorise l’évasion fiscale et le
blanchiment d’argent sale. Le documentaire de Mathieu Verboud révèle la face cachée de ce temple de respectabilité et de discrétion
qu’est la City. Édifiant.

Au cour historique de Londres, une cité médiévale indépendante de la Couronne depuis bientôt mille ans. Une des entités politiques
les plus anciennes du monde, dotée d’un Parlement plusieurs siècles avant que la monarchie ne devienne elle-même parlementaire.

La City. Cet État dans l’État, où l’argent a toujours prospéré, a donné au Royaume-Uni les moyens de financer son expansion
coloniale, ses guerres contre Napoléon, sa révolution industrielle.

En retour, ce statut de grand argentier du royaume a permis à la place financière d’asseoir son pouvoir et de s’imposer comme l’un
des piliers majeurs de l’establishment britannique.

Aujourd’hui, le vénérable Square Mile n’a rien perdu de son influence. Le lord-maire de la City siège de droit au Parlement
britannique et se charge de rappeler à ses interlocuteurs où réside le vrai pouvoir. La place londonienne est devenue le premier
centre financier de la planète. Plus de la moitié des fonds internationaux y transitent et près de 80 % des actifs des hedge funds
européens y sont brassés.

Ce leadership, la City le tient de son savoir-faire. et de sa réputation. Les détenteurs de capitaux savent qu’ici ils trouveront
les meilleures garanties pour optimiser la gestion de leurs dépôts.

Avec la bénédiction de Westminster, la place financière a essaimé ses ramifications à travers le monde en créant des satellites
offshore qui pratiquent souverainement le secret bancaire et la soustraction d’impôts.

Flux opaques
Gibraltar, les îles Vierges, les îles Caïmans, les Bermudes, les îles Anglo-Normandes. près de la moitié des paradis fiscaux du
monde battent pavillon britannique.

A Londres, un bataillon de banquiers, fiscalistes, juristes s’affairent pour construire des montages via ces territoires plus
avantageux fiscalement et moins contraignants juridiquement. Le système fait basculer en toute légalité le profit, du pays où il a
été créé vers ces juridictions où il échappe à l’impôt. Par nature opaques, les flux qui transitent par les paradis fiscaux suivent
des circuits extraordinairement complexes qui, au terme d’une valse de transferts bancaires, sauront déjouer toute traçabilité.

Des volumes financiers considérables disparaissent ainsi des radars, principalement au profit des banques, des entreprises et des
élites les plus puissantes. On évoque le chiffre de 20 000 milliards de dollars !

Mais les délinquants en col blanc ne sont pas les uniques bénéficiaires du phénomène offshore. Dans ce système aux rouages bien
huilés - qui concentre tout de même la moitié du stock mondial d’argent -, les milieux mafieux du monde entier sont aussi conviés au
banquet.

Avec la "cécité complaisante" de la place financière, ils recyclent indifféremment l’argent du crime et de la drogue, du terrorisme
international et de la corruption.

Autant de flux clandestins dont il sera, là encore, difficile de découvrir l’existence. Sauf accident. John Christensen, directeur
du Tax Justice Network (réseau pour la justice fiscale basé à Londres), résume à sa manière la situation : "Si vous voulez cacher
une aiguille, vous la mettez dans une botte de foin. Pour les circuits de blanchiment qui veulent recycler l’argent sale, la City
est la botte de foin idéale."

Au bout du cycle, l’argent réapparaîtra au grand jour, puis sera réinjecté dans l’économie légale, via les patrimoines fonciers,
immobiliers et financiers. Lavé de tout soupçon.

Jean-François Parouty