Bâtisseurs de pyramides

Ainsi donc, selon Laurence Parisot, « on » est en train de créer un climat de guerre civile, qui s’apparente à 1789… Nous sentions bien, au fond, que cette date que tous feignent de célébrer avait pour la patronne du Medef une odeur de soufre… Même si, ce faisant, elle confond 1789 et 1793.

Mais en effet, les remous que provoquent (par qui et dans l’intérêt de qui ?) l’achat d’un petit pavillon belge par le sieur Depardieu, les présomptions d’exil fiscal de M. Arnaud puis de M. Afflelou, nous ramènent bien plus loin en arrière, bien avant l’année qui épouvante Mme Parisot.

Car ce que nous répètent à l’envi quelques vedettes célèbres, quelques patrons en vue, et des politiques aussi exemplaires que M. Woerth, c’est bien qu’il existe sur la terre deux espèces d’êtres humains. Ceux à qui l’on doit tout, ceux qui inventent tout. Ceux dont la créativité transpire par tous les pores, ceux qui ne doivent leur succès à personne, ceux qui font cadeau d’une seconde paire de lunettes. Et les autres, les assistés ingrats qui ne sauraient vivre sans le génie des premiers, et qui se gavent sans retenue de lunettes gratuites.

Eux n’auraient jamais bâti de pyramides, car il est bien connu que de l’Egypte aux empires Mayas, ce sont les rois qui ont empilé leurs pierres…

Pourquoi dès lors avoir une règle commune ?

Lorsque le vulgaire s’autorise à enfreindre la loi ou à outrepasser ses droits, en abusant par exemple de la sécurité sociale pour faire soigner les siens, il faut bien entendu alourdir l’arsenal répressif, punir, radier, expulser. Il faut une « tolérance zéro ».

Mais lorsque le créatif prétend échapper à l’impôt, c’est bien entendu parce que cet impôt est « confiscatoire », et c’est alors la loi qu’il faut changer sans tarder.

Laurence Parisot et ses affidés auraient-ils oublié les circonstances et l’aveuglement des privilégiés qui ont conduit à la Révolution de 1789 ?

Se souviennent-ils que les « riches » d’alors se sont en effet enfuis, emportant sous le bras leurs cuillères en argent bien gagnées. Mais que d’autres élites sont apparues, qui n’avaient pas à pâlir devant ces expatriés ?



Le rocker, le métro et la fameuse "richesse bien gagnée"

Défendons les riches, taxons les pauvres, par François Morel