Ce qu’il faut savoir de Podemos et Ciudadanos

Ce qu’il faut savoir de Podemos et Ciudadanos, les deux partis qui bousculent les législatives en Espagne

publié dans 20 décembre 2015 Anti K

metronews – le 20-12-2015
ESPAGNE – Les Espagnols votent dimanche pour les élections législatives. Aux côtés des traditionnelles formations conservatrice et socialiste, deux nouveaux partis, portés par la crise et les scandales de corruption, ont le vent en poupe. L’une à l’extrême gauche, l’autre de centre-droit. Présentation.

 Le leader de la formation de centre-droit Ciudadanos, Albert Rivera (g), pose à côté de Pablo Iglesias, chef de file de la formation Podemos, lors d’un débat à l’université de Leganés, près de Madrid, le 27 novembre 2015. AFP Photo :
Les Espagnols votent ce dimanche pour élire les 350 représentants qui siégeront demain au Parlement. Après plus de 35 ans d’alternance entre les socialistes du PSOE et les conservateurs du PP, l’Espagne appuie l’émergence de deux nouvelles formations qui pourraient bien déterminer, au final, qui gouvernera le pays dans les quatre années à venir. Opposées sur de nombreux sujets, ces deux formations partagent la lutte contre la corruption et la jeunesse de leur leader.
L’austérité et la corruption en ligne de mire

Dans la lignée de la gauche radicale d’Alexis Tsipras en Grèce, le parti Podemos (« Nous pouvons ») se présente comme le défenseur des classes populaires après les années d’austérité qui ont suivi la crise financière. Inspiré par « le printemps indigné » de 2011, Podemos prône « un plan d’urgence sociale ». Le parti qui a réussi à placer cinq de ses membres au parlement européen l’an dernier s’oppose à la politique libérale de Bruxelles. Promesses de campagne : mise en place des 35 heures, développement de la recherche technologique, retraite à 60 ans et mise en place d’un RMI. Sur l’épineux dossier catalan, il est le seul parti à défendre la tenue d’un référendum sur l’indépendance de la région la plus riche d’Espagne.
Formation de centre-droit, Ciudadanos séduit de son côté les jeunes cadres déçus par l’alternance socialistes/conservateurs. Comme Podemos, Ciudadanos (« Citoyens ») a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille. A ce titre, le parti libéral prône une plus grande indépendance du pouvoir judiciaire et la suppression de l’immunité parlementaire. La jeune formation, qui n’a pas encore d’élus, veut réformer en profondeur l’Education et souhaite l’instauration d’un contrat unique pour en finir avec les contrats définitifs et les contrats précaires. Enfin, Cuidadanos, qui s’aoppose aux séparatistes catalans, propose de supprimer le Sénat au profit d’une chambre permanente des présidents des 17 régions autonomes.
Deux jeunes leaders
Point commun à Podemos et Ciudadanos, la jeunesse de leur leader. Pour le premier, il s’agit de Pablo Iglesias. Ce professeur de sciences politiques de 37 ans a siégé un peu plus d’un an au Parlement européen, avant de se consacrer pleinement à la campagne des législatives. Défenseur des classes populaires, il vit dans un modeste appartement de banlieue. Ni costume ni cravate, le leader d’extrême-gauche arbore fièrement bouc et queue de cheval. Nouveau en politique, son engagement politique n’est en revanche pas nouveau. Il a notamment déjà organisé des rassemblements altermondialistes internationaux par le passé auxquels ont participé José Bové.
Albert Rivera, lui, a 36 ans. Ce juriste de formation, originaire de Barcelone, est impliqué en politique depuis plusieurs années. Il a déjà siégé au Parlement régional de Catalogne entre 2006 et 2015 et ne cache pas son ambition d’être élu, un jour, à la tête du gouvernement espagnol. Défenseur de l’unité de l’Espagne, son combat s’est forgé en opposition aux indépendantistes catalans. Alliant conviction politique et sens de la communication, cet ancien champion de natation n’a pas hésité, en 2006, à s’exhiber nu sur des affiches électorales.
Un rôle de faiseurs de roi lors des législatives ?
Surfant sur une dynamique particulièrement porteuse depuis l’accession aux mairies de Madrid et Barcelone d’élus issus du mouvement des Indignés, en juin dernier, la formation Podemos a marqué le pas ces dernières semaines dans la campagne des législatives. Début novembre, le parti était crédité d’à peine 11% d’intentions de vote, soit peu ou prou son niveau des dernières Européennes. Un score décevant au regard des sondages du début d’année. Toutefois, selon les toutes dernières enquêtes d’opinion, Podemos a récupéré du chemin perdu et pourrait rivaliser avec le parti socialiste dimanche.
Au coude-à-coude avec Podemos, Ciudadanos séduirait quelque 18% d’électeurs selon les sondages publiés en début de semaine en Espagne. Sans surprise, la formation libérale devrait faire son entrée au parlement espagnol et pourrait, peut-être plus encore que Podemos, jouer les faiseurs de roi. Son leader ne s’est à ce titre pas encore prononcé sur la formation qui emportera son soutien en cas d’alliance nécessaire pour dégager une majorité.