IL Y A QUARANTE ANS, L’ETAT TUAIT VITAL MICHALON JEUNE ANTINUCLÉAIRE

En 1974, le Premier ministre Pierre Messmer lance l’accélération du programme nucléaire, avec pour objectif « l’indépendance énergétique de la France ». Un des piliers de ce programme est constitué des surgénérateurs. Ces réacteurs nucléaires dits « à neutrons rapides à caloporteur sodium » permettent (théoriquement) de générer de l’énergie à partir de combustible composé d’uranium et de plutonium issu du retraitement des combustibles déjà utilisés par des centrales classiques. Cerise sur le gâteau des nucléaristes, les surgénérateurs peuvent produire du plutonium fissile, réutilisable notamment dans les bombes atomiques. La vitrine de ce savoir-faire à la française s’appelle Superphénix : la centrale est annoncée en grande pompe, et les travaux préparatoires (forage, fouilles) commencent sur les berges du Rhône, à la limite entre l’Ain et l’Isère, à Malville.

Le 28 juillet, le préfet de l’Isère, René Jannin, ancien préfet de police à Alger pendant la guerre d’Algérie, déclare : « S’il le faut, je ferai ouvrir le feu sur les contestataires. » Et tandis que le préfet et le maire de Morestel s’inquiètent d’une « nouvelle invasion de Boches », des moyens exceptionnels sont déployés : 5.000 CRS et gardes mobiles, des hélicoptères, des véhicules amphibies et ponts mobiles, des parachutistes et des membres des brigades antiémeutes. « L’État a eu peur de se retrouver avec un mouvement antinucléaire puissant, estime Georges David. Il a donc décidé d’étouffer dans l’œuf l’opposition à Superphénix. » Pourtant, les opposants affluent en nombre le 30 juillet 1977, sans se douter de l’ampleur de la répression qui s’annonce.

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