L’émancipation des femmes apparaît au sein du mouvement

Communiqué des Femmes Algériennes pour un Changement vers l’Egalité

Depuis le 22 février, Journée de la revendication citoyenne, les
Algériennes marchent pour un Etat de droit et une Algérie libre et
démocratique. Le vendredi 22 mars, nous avons pris conscience, à
l’instar de l’ensemble de nos compatriotes (étudiants, partis
politiques, associations et corporations), de l’exigence de donner du
contenu à la revendication principale du Mouvement qu’est « Système
dégage ! ».
Or, ce système est loin d’être abstrait : autoritaire et basé sur des
structures et des pratiques sociales oppressives qui reposent aussi sur
l’assujettissement des femmes. Le mouvement des femmes, déjà ancien
puisqu’il date de la création de l’Association des femmes algériennes en
1947 par des militantes du Mouvement national, s’est toujours battu
contre le déni des droits des femmes.
Le 22 mars dernier, nous avons créé le carré féministe dans le but de
rendre visible cette aspiration à la démocratie et à l’égalité entre
tous les citoyennes et les citoyens. Cette initiative s’est déroulée
dans le calme et fut saluée par de nombreux manifestants. Nous
comprenons d’autant moins ce qui s’est produit ce vendredi 29 mars :
nous étions positionnées avec nos banderoles devant le portail de la
Faculté centrale lorsqu’un groupe réduit et bien encadré de manifestants
s’en est pris à nous. Insultes, crachats, bousculades, attouchements et
arrachage de banderoles, en particulier celle portant le slogan « Il n’y
a pas d’Algérie libre et démocratique sans les droits des femmes ».
Nous condamnons cette agression en ce qu’elle a de violent et
d’attentatoire à l’image et au prestige du Mouvement fondés sur la « 
Silmya ».
Or, ceci est notre conviction profonde : aucune construction
démocratique ne peut s’accomplir sans la remise en cause de ce statut
particulier qu’est le Code de la famille dont – nous en sommes sûres –
une (re)lecture attentive indignerait chaque citoyenne et citoyen tant
ce texte législatif incarne une injustice flagrante à l’égard de la
moitié de la société algérienne.
Nous avons milité et marché depuis toujours aux côtés de nos
compatriotes pour combattre l’oppression du peuple tout entier. On nous
a dit, à chaque fois, que nos droits les plus élémentaires en tant que
femmes devaient être relégués au deuxième plan car ils allaient trouver
leur concrétisation dans le futur. Aujourd’hui, on nous oppose le même
discours mais nous continuerons à militer et à marcher pour une Algérie
libre et démocratique dans laquelle les droits des femmes ne seront plus
bafoués ni ajournés.

Alger, le 30 mars 2019