Japon : *L’effroi nucléaire s’ajoute au tsunami*

Communiqué ATTAC France

Le nombre de victimes du séisme et du tsunami qui frappent le Japon
n’est pas encore connu : il sera élevé, même si les constructions
anti-sismiques et la préparation de la population à de tels événements
ont pu limiter certains dégâts et ont empêché la panique. La force de la
vague a emporté les constructions humaines : c’est une catastrophe
naturelle, amplifiée par la concentration des populations. Malgré
l’immensité des pertes et destructions, ces effets-là du tsunami restent
à l’échelle de la pensée et de l’action humaines et des moyens à mettre
en œuvre pour secourir d’abord et reconstruire ensuite.

Il en est autrement de la catastrophe nucléaire en cours, dont nous ne
connaissons encore ni l’intensité ni l’ampleur. Alors que les dangers
pour les populations sont déjà attestés, nous en sommes réduits à des
spéculations, à des commentaires répétitifs d’experts et de politiques
soucieux de ne pas rejouer la scène du nuage bloqué aux frontières, et
surtout aux aléas des combustibles nucléaires en fusion et de la météo.
Cela tient bien sûr à l’opacité propre à cette activité, du fait des
intérêts économiques et stratégiques qui lui sont attachés. C’est
pourquoi les seuls résultats actuels de mesures de radioactivité, très
alarmants, sont fournis par des experts indépendants. Mais cela tient
aussi à l’impuissance à comprendre et maîtriser un processus
d’emballement que les techniciens, qui luttent avec l’énergie du
désespoir et avec les moyens du bord, ne contrôlent plus.

Cette catastrophe est le fruit de l’arrogance de pouvoirs qui pour des
motifs divers - économiques, politiques, scientifiques - ont imposé aux
populations des modèles énergétiques qui défient la raison humaine.

Face au désastre que vit le peuple japonais, l’heure est d’abord à
l’expression de la solidarité internationale sous toutes ses formes.
Mais l’heure est aussi à la colère et à la détermination. Cela suffit !
Assez de ces discours autistes et irresponsables sur le thème « chez
nous ça n’arrivera jamais » ! Notre solidarité implique l’élargissement
et le renforcement des mouvements citoyens qui demandent un débat public
sur les choix énergétiques, la sortie du nucléaire et de ce modèle de
développement prédateur. Il faut entamer dès aujourd’hui une réduction
radicale des consommations énergétiques et la sortie définitive du
nucléaire qui se révèle, une fois de plus, mortellement dangereux.

Attac France,
Paris, le 12 mars 2011