Les Echos.fr : « Plus de 90 % des PPP ont donné satisfaction en dix ans. »

Nous nous permettons de reprendre l’article des échos, intéressant par la manière dont l’interview a été réalisée et la personnalité de la personne interviewée (voir en fin d’article son CV).

Propos recueillis par Guillaume Bregeras, Chef de service "Marchés Publics", Le 03/12/2014.

Les Echos : Le contrat de partenariat fête ses dix ans dans un contexte de baisse drastique de leur nombre et de polémiques dogmatiques. Quel est votre bilan ?

François Bergère : Avec 200 contrats de partenariats signés et mis en oeuvre, 400 variantes, 18 milliards d’euros d’investissement et la très grande majorité qui a donné satisfaction, les dix années écoulées démontrent que les PPP fonctionnent. Les études académiques prouvent que dans plus de 90 % des cas, ils donnent satisfaction sur le délai de livraison et le respect du budget.

Le Centre hospitalier Sud Francilien a cristallisé les dérives possibles de ce type de partenariat. Peut-on les éviter à l’avenir ?

Dans ce cas se posait d’abord la question de l’opportunité de faire ou de ne pas faire l’hôpital. Ce n’est pas l’outil qui est en cause ici, mais la hiérarchisation du porteur public du projet, sa capacité à définir ce que l’on en attend. Là, il y a eu plusieurs directeurs qui se sont succédé à la tête du centre. Côté entreprise, la complexité du dossier a été sous-estimée.

Les stades construits et rénovés pour l’Euro 2016 font aussi débat. Fallait-il vraiment engager autant de ressources ?

Le rôle de la Mission d’appui aux partenariats public-privé (MAPPP) n’était pas de prendre la décision de construire ou pas de nouveaux stades. Le vrai choix était de dire si la France voulait accueillir à l’avenir ce type de compétition internationale. Une fois la décision prise, chaque ville s’est positionnée. Certaines comme Nancy et Nantes ont renoncé et leur décision était tout aussi légitime que les villes qui se sont engagées. Celles-ci sont passées par l’étude préalable prévue dans le cadre du contrat de partenariat, qui n’est pas une étape imposée dans le cadre des concessions par exemple.

Reste-t-il encore des projets d’envergure pour relancer les PPP ?

Il n’y en a presque plus. Durant neuf ans, plusieurs grands programmes d’équipement, comme les hôpitaux, les prisons, la ligne à grande vitesse, l’Euro, ont porté le mouvement de croissance des PPP. Concernant ces programmes, l’essentiel est derrière nous. Mais j’ai tendance à considérer qu’il reste des secteurs encore peu prospectés, comme la rénovation du patrimoine immobilier public en incluant la notion de performance énergétique. Le réseau d’infrastructure du chemin de fer aussi, la rénovation urbaine des quartiers en difficultés…

Est-ce finalement un outil adapté à la mesure des collectivités locales ?

Certains veulent subordonner le PPP à un montant minimal, mais je me méfie des effets de seuil. Une cinquantaine de projets d’éclairage public ont pu être menés, d’autres comme les TIC, qui requièrent un faible coût au départ, exige des mises à niveau permanentes, et n’auraient pas pu voir le jour sans les PPP. Dans l’absolu, il est mieux adapté à une certaine taille, mais il faut laisser s’opérer un équilibrage naturel.

Le CV de l’interviewer

François BERGERE, HEC, ENA, Conseiller-Maitre à la Cour des comptes, a exercé des responsabilités diverses dans les domaines de la gestion , du financement et des infrastructures : fonctions de contrôle comptable, économique et financier à la Cour et comme membre des équipes françaises de commissariat aux comptes d’institutions internationales (PNUD, OCDE…), gestion administrative et financière , puis direction générale de filiales techniques du groupe de la Caisse des Dépôts dans le domaine de l’énergie (SINERG) et de l’environnement (SCET-Environnement).

De 1997 à 2002, il a été en charge de la gestion de fonds multinationaux d’investissement en projets d’infrastructures dans les pays émergents d’Asie (AMI Fund), puis en zone OCDE (Galaxy Fund).

De 2005 à 2014 , au Ministère de l’Economie, en qualité de Secrétaire Général, puis Directeur de la Mission d’Appui aux Partenariats Public-Privé (MAPPP), service à compétence nationale rattaché à la DG Trésor. pour en constituer l’équipe et en organiser les travaux.

Il a rejoint la Cour des Comptes en mai 2014.

A partir de decembre 2014, en charge du Fonds de conseil en Infrastructure Public-Privé (PPIAF) à Washington, au sein du groupe Banque Mondiale.

Spécialisations : Montage et financement de projets Infrastructures, expertise en finances publiques, audit/Contrôle...

Voir en ligne : L’article original des echos.fr

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