Collège de Villemandeur : avec le PPP, un pas supplémentaire dans le démantèlement du bien public - Communiqué d’Attac 45 (déc. 2005) Communiqué d’Attac 45

Le Conseil général du Loiret a récemment signé un contrat de partenariat "public-privé" qui confie à un groupe privé la responsabilité de la construction du futur collège de Villemandeur, ainsi que, pour une durée de dix ans, des prestations qui lui sont liées ("entretien, maintenance, exploitation, gardiennage, nettoyage des locaux, gestion des déchets, entretien des espaces verts, gestion des fluides"...).

D’autres établissements publics (gendarmeries, centres hospitaliers) se trouvent d’ores et déjà sous le même régime, mais c’est une première en France pour un établissement scolaire. En quoi une gestion privée, assurée par un consortium, dont le but est de produire du bénéfice pour ses actionnaires, sera plus efficace pour le bien public ? Au vu des nombreuses expériences tentées à l’étranger, nous pouvons parier que la reprise de la maintenance par le Conseil général, dans 10 ans, sera l’occasion de coûteuses remises à niveau.

On le sait, ce contrat "public-privé" est une application de la décentralisation néolibérale initiée en France en 2003, qui a vu un désengagement d’une partie des missions de l’Etat (le fameux "transfert de compétences") à la charge des collectivités locales.

La décentralisation néolibérale est un programme de fragmentation de la solidarité nationale. il accompagne la précarisation des services publics français : réduction de leurs budgets, de leurs effectifs et de leurs missions. D’où, au passage, la privatisation, en dépit de toute cohérence éducative, du statut d’une partie du personnel scolaire du collège de Villemandeur : les Techniciens et Ouvriers Spécialisés (opération rendue possible par leur "rétrocession" de l’année dernière aux collectivités locales).

La décentralisation néolibérale est un programme d’accroissement des inégalités entre territoires riches et pauvres. il entraîne une augmentation quasi automatique des impôts locaux, puisque, conséquence des nombreux cadeaux fiscaux de l’Etat, le transfert budgétaire ne suit pas (la décision récente du Conseil régional du Centre de refuser de signer le nouveau contrat Etat-région, initalement en baisse de 60% côté Etat - de 619 à 266, puis rehaussé à 347 millions d’euros - en est le premier conflit visible).

L’ordonnance française qui permet ce choix politique pour le collège de Villemandeur est elle-même une transposition de la directive européenne sur les marchés publics émise en mars 2004. A cette occasion, la Commission européenne, entre autres par la bouche de Frits Bolkestein, chargé du marché intérieur, se félicitait de "l’adoption d’une législation plus moderne" par le Parlement européen et le Conseil, adaptée "aux besoins administratifs modernes" et "essentielle pour la compétitivité de l’Europe".

Dans la droite ligne du carcan imposé par les idéologues néolibéraux, c’est en fait la libéralisation générale de toute activité économique, la précarisation des statuts professionnels, et l’installation progressive de l’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services), le programme de fragmentation, d’appauvrissement, de mise en concurrence puis de privatisation des services publics prôné au niveau mondial par l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) que met en place la Commission.

C’est l’idéologie néolibérale, maintes fois rejetée par les citoyens (souvenons-nous du non au Traité constitutionnel) qui pourtant continue à gagner du terrain sur chacune de nos activités, chaque moment de notre vie, chaque parcelle marchandisable de notre monde.

ATTAC 45 condamne l’abandon volontaire des missions de service public aux intérêts privés, et l’allégeance des élus politiques aux préceptes néolibéraux, que ce soit au niveau local, national ou européen.

ATTAC 45 revendique le droit à une solidarité nationale effective, à travers des services publics modernes et une décentralisation non pas marchande, mais porteuse de démocratie, d’égalité sociale et de possibilité d’intervention des citoyens.

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Le "PPP", un nouvel outil pour vendre le bien public aux "intérêts privés", par Rémi Daviau (juin 2008)