Extraits des éditoriaux de Jacques Camus (la République du Centre) sur les grèves du printemps 2003 (juin 2003) Extrait de la Lettre d’attac 45 n°20, juin 2003

Extraits des éditoriaux de la République du Centre durant les mouvements sociaux de ces dernières semaines : morceaux choisis à déguster avec effarement et sans modération !

. : 25/04 :.

(A propos de François Fillon) "Enfin, un homme politique a osé dire « en direct » qu’il faudrait travailler plus longtemps pour conserver notre modèle social. Un moment de télé-réalité, en quelque sorte. L’avenir proche nous dira si les Français sont capables d’accepter ce langage inusité."

. : 28/04 :.

"Il s’agit de mettre en garde l’opinion contre l’utopie d’une France vacancière dans le concert internatio-nal. Déjà, devant le Medef à Tours, Jean-Pierre Raffarin avait jugé néces-saire de remettre la France au travail. Hier, Alain Juppé a confirmé que le travail n’est pas une calamité mais un moyen de liberté individuelle."

. : 06/05 :.

"Pour la quatrième fois, depuis septembre, l’Éducation nationale sera en grève aujourd’hui. Au point qu’on pourrait se demander, avec un rien de causticité, si ce n’est pas la grève qui est précisément au cœur de notre système éducatif. Des parents d’élèves (ceux de la PEEP en particulier) se le demandent aussi en constatant qu’en ce joli mois de mai, l’année scolaire est « quasiment finie ». Le drame est que plus les enseignants font grève et plus ils se découvrent de bonnes raisons de la faire."

. : 14/05 :.

"La vraie question est de savoir si cela fait une majorité (même relative) de Français hostiles au projet Fillon. Et sur ce plan, rien n’est moins sûr. hostiles Surtout si l’on enlève à la réforme du nombre des protestataires les cheminots et autres gaziers et électriciens que leur « gréviculture » pousse à débrayer même quand ils ne sont pas concernés. Gardons-nous donc de cette fascination médiatique complaisante devant des mobilisations populaires qui alimentent tous les simplismes. Car on ne saura jamais si les salariés du privé étaient si nombreux que cela à épauler hier, sans la moindre rancune, ceux qui les avaient égoïstement abandonnés aux rigueurs de la réforme Balladur de 1993."

. : 06/06 :.

"Le pacte républicain est-il soluble dans la contestation sociale ? Y aurait-il un droit à revendiquer supérieur au droit de circuler et de travailler ? Ces questions se posent évidemment après les opérations coup de poing de ces derniers jours. (...) Outre qu’il n’est pas certain que les images de locaux patronaux dévastés, d’automobilistes bloqués et de voyageurs SNCF « kidnappés », servent la cause des opposants à la réforme Fillon, il est permis de s’inquiéter de ces violations orchestrées de l’état de droit par des meneurs « protégés ». Rien ne saurait légitimer des actes susceptibles de mettre en danger la sécurité des personnes. (...) Ou alors, il ne fallait pas, après le 21 avril 2002, défendre dans la rue notre modèle républicain. On sait bien que le « syndrome José Bové » a favorisé l’autojustification permanente en popularisant l’insubordination civique. Mais, en son nom, on en arrive à tout casser. Et même à tuer un préfet en s’excusant ensuite, avec une insupportable légèreté, d’avoir dû tuer un homme quand c’est « simplement » le symbole qui était visé."

. : 6/06 :.

"Il y a gros à parier que les réformistes comme François Chérèque vont être accusés de trahison, ainsi que le fut Nicole Notat en son temps. Et pourtant, ce ne sont pas ceux qui continuent de pourrir la vie des salariés d’Île-de-France qui devraient donner des leçons. Ils sont allés trop loin dans l’abus de grève pour oser se poser en défenseurs de l’intérêt général."

. : 21/06 :.

"Chaque jour, la grogne gagne du terrain. Ils sont aujourd’hui 58 % de Français à juger le plan Fillon inefficace. La rue, sacralisée par les contestataires, n’en finit pas de dicter ses volontés et de vouloir imposer son despotisme. Si cela empire, Raffarin devra peut-être lui opposer le verdict démocratique des urnes."