Faucheurs Volontaires : propagande dans la presse locale, par Rémi Daviau (déc. 2004) Extrait de la Lettre d’attac 45 n°28, décembre 2004 - janvier 2005

Propagande dans la presse locale.

A la suite du fauchage du 14 août, le Courrier du Loiret, hebdo diffusé sur la région de Pithiviers, relatait l’événement dans un reportage d’ailleurs fort honnête (jeudi 19 août 2004, pp.10-11). C’est sur l’édito que nous nous penchons : on sait que cette rubrique, située en avant du journal, est toujours très lue et pour étant ce qu’elle est, c’est-à-dire l’expression de la direction du journal. Cautionnée ici par le prisme déformant d’un regard enfantin - et donc sincère, puisque innocent - se trouve concentrée toute l’idéologie populiste qui ne craint pas d’utiliser des amalgames afin de mieux faire passer son message.

L’intoxication y consiste d’une part à entretenir la confusion entre évolution des espèces et manipulation génétique ; et d’autre part à considérer les faucheurs comme des bobos parisiens, intellos et loin des réalités de la vraie vie ; les comparer implicitement à ces écolo-gaucho des années 70 qui, comme on sait, préféraient la bougie au progrès ; les opposer aux gens du terrain, qui eux, connaissent la réalité. Le bon sens provincial contre l’arrogance ignare de la métropole, en quelque sorte... Mais ces arguments à deux centimes d’euros ne tiennent pas une minute.

En effet, la modification génétique qui reste dans le cadre de la barrière des espèces (et dont on mange des exemplaires tous les jours, puisque d’une génération à l’autre, tout organisme est modifié par rapport au précédent, y compris par le biais de croisement de produits sélectionnés, mais de la même race !) n’a rien à voir avec les mélanges hasardeux auxquels se livrent les laboratoires des sociétés privées, et dont les essais en milieu confiné sont bien trop brefs pour dire s’ils sont dangereux ou pas pour l’écosystème et pour la santé. Par ailleurs, précisons que les personnes qui ont décidé de mettre leur liberté en jeu pour alerter contre ce danger proviennent de toutes les classes socio-professionnelles, de toutes les origines géographiques, ont tous les âges. La gendarmerie de Pithiviers, elle, a bien eu l’occasion de le vérifier…

Face à cette propagande sans fondement autant qu’éhontée, destinée aux habitants des communes environnant trois des quatre parcelles de cultures OGM du Loiret, une question nous vient : au lieu d’essayer de faire peur en secouant ce genre de hochet, pourquoi ne pas présenter, expliquer, faire comprendre ? Pourquoi ne pas prendre les lecteurs pour des citoyens plutôt que des enfants ?

RD