Pour un sursaut citoyen dans les collectivités locales : l’appel de Morsang, passages (mars 2000) Extrait de la Lettre d’attac 45 n°2, mars 2000

Le colloque national “Quand le local est confronté à la mondialisation libérale. Les collectivités, ancrages du
sursaut citoyen”, organisé les 28 et 29 janvier 2000 par Attac et la municipalité de Morsang-sur-Orge (Essonne), a débouché sur une déclaration en forme d’appel aux citoyens et à leurs élus.

Nous en publions ici des extraits, le texte intégral sera diffusé par ATTAC national.

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Acteurs locaux, citoyens et élus, fonctionnaires territoriaux, spécialistes de la politique de la ville, syndicalistes, militants associatifs, nous constituons un maillon spécifique de la chaîne nationale et internationale de résistance à la mondialisation libérale. Celle-ci n’est pas plus fatale que la prégnance de la logique des marchés financiers sur les activités humaines n’est indépassable. Y résister relève d’un devoir de civilisation.
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Parce que nous vivons et travaillons dans une ville, une collectivité locale, nous sommes confrontés, à des titres divers, aux mécanismes d’une mondialisation financière qui pèse sur tous les aspects de la vie locale. Alors que l’ouverture au monde constitue une opportunité d’échanges, de développement et de coopérations, nous vivons la montée des inégalités et des ségrégations, la mise à mal des principes d’égalité et de solidarité.
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Pour toutes ces raisons, les collectivités locales constituent un terrain privilégié à partir duquel les citoyens et leurs élus peuvent faire barrage à la marchandisation du monde et développer des solidarités internationales. Pour poursuivre la réflexion et le débat, nourrir les actions nécessaires, pour “ penser global et agir local ”, nous proposons quatre grandes priorités sur lesquelles des rassemblements sont possibles et urgents :

1.- Répondre aux besoins de démocratie locale

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Face à la connivence des opérateurs privés, il nous faut promouvoir un observatoire des collectivités locales qui aurait pour fonction d’élaborer des propositions assurant des convergences d’attitudes et d’actions. Cela permettrait également de nouvelles coopérations entre collectivités locales. Le droit de vote des étrangers résidents en France devient une exigence démocratique de bon sens, un facteur de développement maîtrisé des villes et des quartiers.

2.- Répondre aux besoins de financement

La financiarisation de l’économie permet à une partie essentielle de la richesse réelle des grandes entreprises d’échapper à l’impôt. La fiscalité devrait, au contraire, inscrire l’entreprise dans une relation citoyenne et responsable à l’égard de son territoire. De ce point de vue, le contrôle des fonds publics alloués à l’emploi s’impose, ainsi que le remboursement des sommes détournées de cet objectif.

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3.- Répondre aux besoins de développement

Il est urgent de donner aux services publics les moyens de jouer pleinement leur rôle d’acteurs économiques, générateurs de lien social ; d’accroître leur efficacité en réponse aux besoins, en concertation avec, notamment, le secteur coopératif et de l’économie solidaire, et les entreprises intermédiaires ; de promouvoir toute coopération allant dans le sens de la création d’emplois et de la réponse aux besoins nouveaux ou insuffisamment satisfaits.

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4.- Répondre aux besoins culturels

Face à une mondialisation marchande qui exclut de plus en plus de jeunes et de moins jeunes, qui perpétue un état d’infra-citoyenneté dû au sentiment de perte de contrôle, d’impuissance, de fragmentation de l’existence, la culture et l’art peuvent être des terrains privilégiés.

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5.- Répondre aux besoins d’échanges et de coopérations

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Dans ce cadre, les grandes questions de l’annulation du système de la dette, du financement du social à l’échelle mondiale, intégrant les droits matériels et politiques de la personne humaine, notamment au logement, à l’accès à l’eau, à un environnement sain, à la santé et à l’éducation, constituent autant d’enjeux de développement, autant de terrains de coopérations et d’échanges. La construction de relations entre villes soutenant le projet d’une taxe Tobin s’inscrit dans ce champ de solidarité.

Citoyennes, citoyens, élus et acteurs locaux, il nous appartient de nous saisir de ces enjeux. Pour cela, nous appelons au développement d’un grand débat national et international, résolument tourné vers l’action. Car il s’agit bien, ainsi que le souligne la charte d’attac, de “ se réapproprier ensemble l’avenir de notre monde ”.