L’eau demain : Quels choix locaux ? Par le gpe EAU d’Attac 45 (févr. 2006)

L’eau, un bien commun

Alors que l’on évoque de plus en plus les conséquences inquiétantes du réchauffement de la planète sur la montée des eaux dans certaines régions du globe, l’eau potable se raréfie. Le principe de précaution dans la gestion de ce bien vital doit prendre toute sa valeur, dès aujourd’hui. L’utilisation de cette matière indispensable à notre survie (l’homme est composé à 75 % d’eau) engage notre responsabilité sur le plan individuel et collectif à l’égard de nos enfants et des générations futures. Peut-on accepter l’accaparement par des gestionnaires privés de la gestion de ce bien précieux et collectif ? Doit-on se résigner à ce que des sociétés privées fassent leur profit à partir des besoins vitaux de l’humanité et en confisquant dans leur intérét exclusif ce bien commun ? Peut-on accepter que l’eau qui se trouve sous nos pieds, dans certains endroits, soit à jamais polluée par les nitrates et les pesticides ?

La question se pose aujourd’hui à St-Jean-de-la-Ruelle où la municipalité doit se prononcer sur le système de captage.

L’eau à St-Jean-de-la-Ruelle : un probleme devenu incontournable

Les analyses ont révélé, depuis déjà quelques années, que l’eau distribuée à St-Jean-de-la-Ruelle et dans d’autres communes de l’agglomération orléanaise est en train d’atteindre un taux de nitrates supérieur aux normes réglementaires. La protection de la ressource ne pouvant être assurée (captages improtégeables car situés en zone urbaine) des communes comme Saint-Jean-de-la-Ruelle doivent prendre des décisions car il en va de la santé publique. Ce n’est une surprise pour personne que, les captages se situant dans des zones voisines des cultures trés intensives de Beauce, ils risquaient de subir les inconvénients de ces choix de productions agricoles. Comment les municipalités ont anticipé une échéance prévisible ? Gouverner c’est prévoir, en principe.

Que va décider la ville ?

Confier la production de l’eau à la Lyonnaise qui détient le marché d’Orléans ? Ne serait-ce pas un premier pas vers une gestion privée ?

Les rapports établis par la Cour des Comptes en 1997 et 2003 et le rapport de l’Assemblée nationale 2003 font apparaître que le passage de la gestion en régie publique vers la délégation de service public entraîne statistiquement une hausse de prix pour l’usager. On peut également émettre les plus extrêmes réserves sur les conditions dans lesquelles les marchés sont conclus sur le plan de la concurrence. Même dans une logique de marché, on ne peut que constater que les conditions dans lesquelles les sociétés privées sont appelées à présenter des offres sont faussées par la présence de quasi-monopoles locaux. Il est encore permis de s’inquiéter des capacités d’opérateurs privés, marchands d’eau, à gérer de façon économe une richesse aussi juteuse. La question se pose encore de savoir quel intérêt un opérateur privé pourrait avoir à encourager une politique trés contraignante de prévention de la pollution des eaux de manière générale si ses captages sont, eux , protégés et permettent de distribuer une eau de plus en plus rare et donc de plus en plus chère.

Une solution de coopération intercommunale dans un cadre de service public ?

D’après le rapport de la Cour des Comptes, la coopération intercommunale est un moyen performant d’améliorer la gestion de l’eau. La commune de Saran vient de réaliser des forages prometteurs, susceptibles de fournir de l’eau de qualité, en quantité suffisante pour alimenter une partie de l’agglomération orléanaise. Peut-on envisager de prendre une décision en ce qui concerne l’avenir de la distribution de l’eau à St-Jean-de-la-Ruelle sans disposer de tous les éléments relatifs à une solution intercommunale avec une commune voisine attachée à un service public de qualité ?

Au-delà du problème Stéoruellan, quel est l’avenir de ce bien commun et sur quels choix environnementaux faut-il peser en tant que citoyen de maintenant et de demain ?

Quelle vision préventive de la gestion de l’eau ? La solution aux problèmes de pollution n’est pas de trouver les quelques forages encore indemnes de pesticides et autres polluants mais d’exclure les substances chimiques nuisibles des champs, des rejets industriels, des nappes phréatiques et de nos assiettes ou de nos verres. Les solutions existent. Elles supposent une volonté politique résolue.

Groupe Eau Attac 45