Pour l’Asie : un prélèvement fiscal mondial exceptionnel (janvier 2005) Extrait de la Lettre d’Attac 45 n°28, décembre 2004/janvier 2005.

Attac-France se félicite de l’immense élan de générosité populaire suscité par la catastrophe qui s’est produite en Asie du Sud. Grâce à elle, la plupart des gouvernements, qui avaient fait preuve, dans un premier temps, d’une inertie scandaleuse, sont désormais tenus d’augmenter les aides publiques pour venir en secours aux victimes et assurer la reconstruction des pays dévastés.

Pour sa part, Attac-France, en fonction de ses moyens, a décidé de verser 2 000 euros au Secours populaire français, et la même somme à Via Campesina, coordination internationale des mouvements paysans.

Cette catastrophe montre que des moyens, notamment sur le plan financier, doivent être dégagés de manière permanente pour faire face à de telles situations d’urgence, mais aussi pour contribuer, tout au long de l’année, à l’action contre la pauvreté dans le monde. L’émotion d’un jour, parfaitement justifiée et salutaire, ne saurait cependant faire oublier les 25 000 personnes, principalement des enfants, qui disparaissent chaque jour à cause de la faim et de la malnutrition.

L’hypocrisie des bons sentiments doit cesser, et laisser la place aux vraies mesures susceptibles de répondre, dans la durée, aux vrais problèmes.

Devant cette nouvelle faillite des élites mondialisées, la mobilisation des citoyens et des peuples pourrait s’organiser autour de cinq objectifs : un prélèvement fiscal mondial exceptionnel préfigurant une véritable fiscalité mondiale ; l’augmentation de l’aide publique au développement ; l’annulation de la dette publique des pays pauvres concernés par la catastrophe ; la coordination internationale des services publics pour reconstruire les pays dévastés ; la mise en place dans la région de systèmes d’alerte des catastrophes.

Sans attendre la création de taxes mondiales, qui demandera des années, et pour faire face à l’urgence, un prélèvement exceptionnel doit être décidé par la communauté internationale ou, à défaut, par l’Union européenne. Il pourrait correspondre, pour donner un exemple concret, à 0,05 % de la capitalisation boursière mondiale (nombre d’actions cotées en Bourse à l’échelle mondiale, multiplié par la valeur de ces actions) qui s’élevait, fin 2002, à 20 000 milliards d’euros. Un tel prélèvement exceptionnel rapporterait 10 milliards d’euros. Personne ne pourra croire qu’il mettra les actionnaires à genou et qu’il suscitera la panique sur les marchés financiers. Prenons l’exemple d’un actionnaire de Renault. Le 31 décembre 2004, l’action cotait 61,55 euros. Avec le prélèvement de 0,05 %, cet actionnaire versera 3 centimes d’euros !

Par ailleurs, l’aide publique au développement doit rapidement atteindre 0,7 % du produit national brut (PNB), conformément aux engagements pris par les pays riches. Alors seraient sans doute réunis les 40 milliards de dollars nécessaires annuellement, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), afin de réaliser et de maintenir l’accès universel à l’éducation de base, à l’eau potable et à des infrastructures sanitaires, ainsi, pour les femmes, qu’aux soins de gynécologie et d’obstétrique.

L’annulation de la dette publique des pays pauvres concernés par la catastrophe doit être également mise à l’ordre du jour des réunions internationales de la période à venir. Elle doit préfigurer une annulation générale à l’échelle mondiale.

Une coordination internationale des services publics doit être mise en place pour reconstruire les pays dévastés.

Enfin, l’installation dans la région de systèmes d’alerte des catastrophes apparaît désormais indispensable.

Attac-France souhaite enfin protester contre l’immobilisme de l’Union européenne. Celle-ci doit mobiliser la Banque européenne d’investissement (BEI) au titre de la solidarité internationale. Cette castration politique de l’Europe, dont nous avons aujourd’hui un exemple emblématique, ne pourra que renforcer la détermination d’Attac-France à assurer le succès du « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel.

Dans l’immédiat, Attac-France va s’adresser au président de la République, au secrétaire général de l’ONU, aux responsables des institutions européennes et aux syndicats, partis politiques et organisations non-gouvernementales pour leur demander de soutenir cette idée d’un prélèvement fiscal exceptionnel.

Le 12 janvier, de 12h30 à 13h30, Attac-France appelle à un rassemblement devant le ministère des finances pour exiger des pays riches, qui se réunissent ce jour-là, d’annuler la dette des pays pauvres d’Asie du Sud.

Le 6 janvier 2005 - Bureau d’Attac-France