Stop à la spéculation sur les denrées alimentaires ! Par ATTAC France (avril 2008) Extrait de la Lettre d’Attac 45 n°46 (été 2008)

La crise s’étend à la terre entière. Une crise financière est partie du secteur immobilier aux Etats-Unis et a gangrené peu à peu l’ensemble du système bancaire mondial. Elle s’ajoute aux menaces contre tous les secteurs essentiels à la vie humaine, depuis le logement jusqu’à la santé, l’alimentation et le climat. Cette crise globale est accentuée par la généralisation du principe de spéculation à toute activité, à toute ressource et à la vie elle-même.

En moins de deux ans, le prix des céréales sur les marchés mondiaux a doublé et parfois triplé. Le riz, le blé, le maïs, bases de l’alimentation d’une très grande majorité de la population mondiale, ont vu leurs cours s’envoler. On nous dit que c’est la faute aux Chinois, aux Indiens, aux Brésiliens, qui veulent manger trois fois par jour. Peut-on croire que la hausse de la demande peut provoquer une poussée aussi brutale des prix en l’espace de quelques mois ? En réalité, au fur et à mesure que les gérants de fonds de placement ont pris conscience que les titres financiers qu’ils possédaient risquaient d’être dévalorisés à cause de la crise boursière, ils ont cherché d’autres « valeurs refuges ». Ils ont donc converti leur argent en placements sur les matières premières et les denrées alimentaires, dont ils savaient qu’elles n’avaient à long terme que peu de risques de baisser, parce que leur demande aura, dans l’avenir, tendance à augmenter.

Cette tendance de fond lente s’est transformée en un mouvement brutal qui frappe avec violence les populations les plus fragiles. Sur tout le continent africain et dans certaines parties de l’Asie, des émeutes de la faim ont commencé à éclater. Les populations des pays où le Fonds monétaire international et la Banque mondiale avaient imposé la suppression des subventions sur les denrées de base, l’affectation des meilleures terres à des cultures d’exportation, au détriment des cultures vivrières, se trouvent désormais à la merci des hausses de prix. Des prix qui ne sont plus régulés, à cause de la libéralisation décidée par l’Organisation mondiale du commerce.

Circonstance aggravante : le monde va se trouver prochainement en panne de pétrole et de gaz. Au lieu de commencer à réviser nos modes de transport et nos systèmes énergétiques, la course aux agrocarburants est engagée. Les multinationales qui se sont emparées des ressources fossiles et les grands propriétaires terriens ont choisi : plutôt faire des profits en produisant de l’éthanol et du diester à base de plantes que de laisser les populations se nourrir. La spéculation sur la terre a donc un bel avenir devant elle !

Pour endiguer la catastrophe qui s’annonce, il est urgent de :

 réguler les prix mondiaux sous l’autorité des Nations unies dont l’Assemblée devrait se réunir immédiatement ;
 reconnaître le droit à la souveraineté alimentaire pour que chaque pays puisse définir sa politique agricole et son alimentation, sans dumping vis-à-vis des autres ;
 annuler la dette des pays pauvres et augmenter l’aide publique en diminution constante, notamment de la part de l’Union européenne et de ses États membres ;
 établir un moratoire sur la production d’agrocarburants.

Attac exprime sa solidarité avec tous les mouvements sociaux qui, en Afrique et ailleurs, revendiquent le droit à vivre dignement. Attac appelle les citoyens à se mobiliser autour de ces enjeux vitaux, et, pour commencer, à signer la pétition « Spéculation et crises : ça suffit » (sur les stands ATTAC ou sur http://www.stop-finance.org)

ATTAC France