07-09 juillet, Sapporo (Japon) : contre-sommet du G8, par Sophie Zafari & Yoko Akimoto (été 2008) Extrait de la Lettre d’Attac 45 n°47 (oct/nov 2008)

Par Sophie Zafari,
FSU, ATTAC

Que dire de la réunion du G8 ?

S. Zafari – Comme les années précédentes, mais avec un caractère plus dramatique parce que les urgences sont plus grandes, le sommet du G8 a démontré une nouvelle fois qu’il est un obstacle pour répondre aux défis qui sont posés à l’humanité, et qu’il est nécessaire de renforcer les alliances et les luttes contre les politiques qui en découlent. Concernant le climat, réduire de 50 % les émissions de CO2 pour les années 2050 est un pas en arrière par rapport au sommet de Bali, en décembre dernier, la responsabilité majeure des pays développés étant occultée. Pour ce qui est de la crise alimentaire, le G8 poursuit sa logique consistant à promouvoir ce qui est la cause du problème – la plus grande libéralisation des marchés – comme solution, au lieu d’instaurer la souveraineté alimentaire.

Quel bilan tirer du contre-sommet ?

S. Z. – Comme à Rostock en 2007, à Saint-Pétersbourg en 2006 ou Gleneagles en 2005, ce sommet a été une occasion de rencontres et d’initiatives de celles et ceux qui s’opposent aux politiques néolibérales. Et ce, en dépit des difficultés rencontrées dans un pays comme le Japon où, à la faiblesse des mouvements sociaux, il faut ajouter la division entre eux. Malgré aussi le contrôle policier et les restrictions du gouvernement japonais à l’obtention de visas. Il faut souligner l’importance du travail développé et d’avoir, dans ce contexte, réussi une initiative à caractère international.

Le contre-sommet militant du forum était coordonné par le réseau G8 Action Network of Japan, qui regroupait notamment Via Campesina, le CADTM, Friends of the Earth International, Anti-Debt Coalition (KAU), Attac, No vox… Les initiatives autonomes se sont également déroulées, sous l’impulsion des organisations paysannes, d’Attac-Japon et de No vox. La manifestation du 5 juillet a été l’initiative la plus large et la plus unitaire. Elle était divisée en trois blocs : celui du réseau G8 Action Network of Japan, le plus important, qui intégrait des mouvements sociaux et organisations syndicales japonaises, celui des mouvements autonomes et, enfin, celui des ONG plus modérées.

* Paru dans Rouge n° 2263 (31/07/2008)

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Par Yoko Akimoto,
Secrétaire d’ATTAC Japon

Nos six mois d’effort pour populariser le slogan “Contre le G8” et construire des solidarités ont été un succès. Nous avons réussi des grandes mobilisations. Beaucoup, beaucoup de participants, bénévoles, organisateurs, animateurs, orateurs et militants se sont impliqués dans des évènements aussi variés qu’ateliers, séminaires, meetings, manifestations ou symposiums contre le G8 pendant la moitié de l’année. Le nombre de ces Japonais contre la globalisation néo-libérale n’a jamais été aussi important. Ils ont élaboré des contre-projets à la politique absurde du gouvernement japonais et des autres membres du G8, à travers les discussions, échanges d’opinions et dialogues.

En particulier, le nombre de participants à la manifestation de Tokyo juste avant le G8 a dépassé les prévisions. La dénonciation du G8 y a été forte. De plus, toutes les actions à Sapporo ont réuni un maximum de participants. A chacune d’entre elles, des participants n’ont pu trouvé de sièges, malgré les changements d’intervenants étrangers de dernière minute, changements dus aux refus de visas ou refus d’entrée sur le territoire japonais à la descente d’avion – Trevor Ngwane, Wangui Mubatia, les représentants de la KCTU et la KPL (Korean Peasants League) et d’autres délégués comme plusieurs membres de Focus on the Global South. Peut-être certains participants auraient voulu connaître le contenu de l’agenda développé par le G8. Bien sur, la réponse importe peu et la solution est dans le sommet contre le G8, qui a attiré beaucoup de citoyens japonais par une argumentation sur le néo-libéralisme, argumentation qui dépasse le G8.

Nous avons vu la phrase “Un autre monde est possible” sur de nombreuses bannières, posters, flyers ou tracts au cours de ce G8. Même des participants qui ne savaient pas d’où venait ce slogan, c’est à dire du Forum social mondial, en sont fait leur slogan. Apparemment, les participants souhaitent parler d’un mouvement pour une autre mondialisation, idée que porte ATTAC-Japon depuis sa création.

La pauvreté s’accroît actuellement au Japon. Beaucoup de participants, et peut-être l’ensemble de la société japonaise, pensent que la pauvreté va de pair avec le marché, et est inséparable de la globalisation néo-libérale.
Notre but à travers le contre G8 est de regrouper les voix critiques vis-à-vis de la libre concurrence pour développer des mouvements anti-globalisation à travers le pays, ce qui nous permettrait de passer à la prochaine étape. C’est autant l’objectif que la critique du G8 en elle-même. Ce but doit être recherché avec la coopération des mouvements sociaux asiatiques et d’autres mouvements à travers le monde. Nous sommes satisfaits d’avoir atteint 80% de cet objectif.