Samedi 27/02 : Florence Aubenas à Orléans

Rencontre organisée par la Librairie des Temps modernes avec Florence Aubenas à l’occasion de la parution de son livre "Le quai de Ouistreham".

Librairie des Temps modernes, 57 rue N.D. de Recouvrance, 45000 Orléans - 02 38 53 94 35

Samedi 27 Février 2010

signature à partir de 17h15

présentation du livre à 18h30

"C’était la crise. Vous vous souvenez ? Cela se passait jadis, il y a une éternité, l’année dernière. La crise. On ne parlait que de ça,mais sans savoir réellement qu’en dire, ni comment en prendre la mesure. On ne savait même pas où porter les yeux. Tout donnait l’impression d’un monde en train de s’écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place, apparemment intouchées.

Je suis journaliste : j’ai eu l’impression de me retrouver face à une réalité dont je ne pouvais pas rendre compte parce que je n’arrivais plus à la saisir. Les mots même m’échappaient. Rien que celui-là, la crise, me semblait tout à coup aussi dévalué que les valeurs de la Bourse.

J’ai décidé de partir dans une ville française où je n’ai aucune attache pour chercher anonymement du travail. L’idée est simple. Bien d’autres journalistes l’ont mise en œuvre avant moi : un Américain blanc est devenu noir, un Allemand blond est devenu turc, un jeune français s’est transformé en SDF (...). Moi, j’ai décidé de me laisser porter par la situation. Je ne savais pas trop ce que cela deviendrait et c’est ça qui m’intéressait. (...) Caen m’a semblé être la cité idéale : j’y ai loué une chambre meublée.

J’ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, mais je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. J’affirmais m’être tout juste séparée d’un homme avec lequel j’avais vécu une vingtaine d’années, et qui subvenait à mes besoins, ce qui expliquait pourquoi je ne pouvais justifier d’aucune activité professionnelle durant tout ce temps-là.

Je suis devenue blonde. Je n’ai plus quitté mes lunettes. Je n’ai touché aucune allocation. (...)

J’avais décidé d’arrêter le jour où ma recherche aboutirait, c’est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte cette quête qui a duré presque 6 mois, de février à juillet 2009."

A LIRE :
 des extraits sur le site du Nouvel Observateur.
 Florence Aubenas : pratique de l’immersion en temps de crise (Rue 89)