FSL 2010 : alternatives locales ! Par Rémi Daviau (mai 2010) Extrait de la Lettre d’ATTAC 45 n°54 (été 2010)

Le Forum social local orléanais 2010 s’est donc déroulé les 20 & 24 avril derniers. Le thème à l’honneur, « Résistances et alternatives locales », a permis aux participants de se saisir de l’ensemble des enjeux de la relocalisation : la conférence de Dominique Plihon a été l’occasion de mieux comprendre le rôle du libre-échange dans le (dys)fonctionnement du monde actuel, et d’envisager des alternatives plus humaines et plus pertinentes.

Débats et échanges

Le débat du samedi matin, consacré aux expériences alternatives locales liées aux précédents forums sociaux sur le Loiret, a réuni des représentants de l’AMAPP du Gâtinais, du Chiendent, du groupe de travail pour une Université Populaire, du Collectif de défense des services publics (actif entre 2002 et 2004), mais aussi de la toute jeune Terre de Liens. Cette discussion à bâtons rompus a permis d’une part de se rappeler que des Forums sociaux ont existé ailleurs et par le passé ; et qu’ils ont pu constituer, entre autres choses, des opportunités saisies au bon moment pour lancer des structures qui manquaient alors, et qui ont développé une action très locale.

Suite au repas très ensoleillé, et tant le Forum doit aussi être une chambre d’écho de l’activité locale, l’après-midi a a commencé avec une présentation de plusieurs campagnes actuelles (les retraites, l’eau à St-Jean de Braye, les cantines bio, l’Altertour, la publicité destinée aux enfants...) ; puis il a été temps d’entrer dans le vif du sujet avec une présentation et un débat autour des expériences utopiques, et pourtant très concrètes, des villes en transition : menées dans la moité nord de l’Europe, elles tentent d’organiser un changement collectif et individuel, au niveau de la localité, dans le comportement des populations, principalement pour réduire pollution et consommation superflue, par la relocalisation du plus grand nombre d’activités. Remercions au passage Corinne Coughanowr, venue spécialement de Paris pour nous présenter le sujet.

Les deux sessions (simultanées) qui ont suivi ont permis d’adapter cette préoccupation à notre échelle et notre contexte local.
L’atelier consacré à la relocalisation des modes de vie a été l’occasion de s’interroger sur les manières de préserver le tissu local et l’environnement. Des initiatives axées sur l’échange, le don et la mutualisation ont été présentées, souvent par leurs animateurs ; l’importance d’articuler dimensions sociale, écologique et citoyenne a été soulignée. De même, la difficulté de diffuser une information sur l’alternatif et le social, en particulier dans les médias, a été ressentie comme un frein important au développement d’expériences souvent micro-locales.

Les actions de résistance collective ayant pour objectif de relocaliser services et emplois ont elles aussi été abordées : « travailler moins pour travailler tous »… Mais c’est surtout les outils de réappropriation du travail : SCOP (Sociétés COopératives de Production) et SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) qui ont retenu l’attention ; ainsi que les réseaux type REPAS (Réseau d’Echanges et de Pratiques Solidaires).

L’autre atelier, consacré au rôle des territoires et des collectivités locales dans la relocalisation, a été d’une toute autre nature : en présence d’élus locaux, passés ou actuels, c’est la mise en œuvre de changements collectifs qui a été questionnée. Dans une société où le néolibéralisme tend à dissoudre les territoires, comment agir ? La décentralisation et les transferts de compétence non accompagnés des budgets correspondants ont été expliqués ; et la logique de concurrence entre les collectivités locales a été dénoncée. Ainsi, cet atelier a été l’occasion de mieux comprendre comment une collectivité locale peut agir dans le sens qui nous intéresse (coopération, solidarité, démocratie), mais aussi les difficultés auxquelles elle peut se heurter en prenant des décisions novatrices.

Contacts et connaissances

Outre la qualité des débats, c’est sans doute la forte densité de contacts, de prise de connaissance et d’échanges qui a été le plus notable sur cette édition du FSL. En effet, le Forum avait décidé d’inviter des associations œuvrant, chacune à sa manière, sur le champ de la relocalisation. Elles ont pu présenter leur activité, et ce sont ces expériences concrètes, très locales, parfois modestes dans l’amplitude, mais toujours avec le souci de recréer du lien hors sphère marchande, qui ont attiré l’attention. Remercions donc l’Apacrète (jardin partagé à Ingré), le Jardin d’Echange Universel (échange de savoirs), Alternative Citoyenne Abraysienne (action municipale humaniste, laïque, écologiste, féministe et sociale), Freecycle (don et récupération - gratuits - d’objets divers), le Grenier à SEL de Beaugency (réseau d’échange de services), Solembio (jardin de Cocagne), 1-Terre-actions (promotion de l’écologie et recyclage de vélos), ainsi que Ecologie & Politique (revue).

Et maintenant ?...

Le collectif du Forum social s’est déjà réuni pour tirer les enseignements de cette édition, mettre en lumière les thèmes qui ont le plus résonné, commencer à envisager la manière de les approfondir, continuer à faire évoluer la forme à donner aux événements ponctuels, comme celui qui vient de se produire. D’autres questions sont en chantier : élargir le collectif, se rapprocher de réseaux déjà existants...

Il apparaît ainsi que le travail se fait moins à l’occasion d’une journée, si remplie soit-elle, que tout au long de l’année, par un processus de partenariat, d’élargissement, d’évolution permanente, d’approfondissement des thèmes choisis... Le collectif, qui connait une stabilité bienfaisante depuis bientôt deux ans, vous invite à venir participer à l’aventure toujours nouvelle d’un autre monde possible, dont nous traçons les lignes, modestement : résistance et alternative locales !

 A voir : le site du FSL orléanais.