Qu’est-ce que votre participation au Forum social mondial a changé pour vous ?

Erika Girault :

Je ne savais pas tellement à quoi m’attendre en participant à mon premier forum social mondial. Pour dire vrai, je n’en comprenais pas bien la finalité !

Et lorsque j’ai participé à la marche d’ouverture, à Belém d’abord, puis à Dakar 2 ans après, j’ai tout de suite compris. Ce n’est pas l’endroit où concrètement la société civile change le monde. Ce n’est pas le moment quand, pour une fois, la société civile peut s’adresser directement aux décideurs politiques et économiques pour revendiquer plus de justice mondiale.

C’est simplement l’endroit et le moment de se rendre compte de la force de la société civile. On y trouve des centaines de milliers de personnes, avançant ensemble pour proposer des alternatives. On y croise toutes sortes thématiques de luttes. Alors on y fait des convergences, des rapprochements, on y crée des partenariats ... on réalise qu’ensemble on est plus fort ! Comme le disait cette anthropologue étasunienne Margaret Mead, "ne doutez jamais qu’un petit nombre d’individus réfléchis et engagés peuvent changer le monde. En vérité, c’est la seule chose qui ne se soit jamais produite".

Évidemment, je m’attendais à un impact direct de ce rassemblement altermondialiste. Or, j’ai réalisé que c’est le travail acharné, quotidien, de tout.e.s les militant.e.s, dans leur territoire, localement, qui a un réel impact en faveur d’une transformation sociale.

Aussi, au retour de chaque FSM, je reste convaincue de la force des initiatives citoyennes, du travail d’éducation populaire que nous réalisons quotidiennement, ensemble, au plus proche des populations. Cette année à Tunis je me rendrai avec l’ambition de sonder les Tunisois.es, de récolter leurs regards sur le forum.

Un autre monde n’est uniquement possible, il est nécessaire ! Et c’est à tout.e.s de l’inventer !

(les compte-rendus du FSM de Belém par Erika sont ICI)

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Mikaël Motelica :

Le FSM de Dakar, grande manifestation du mouvement solidaire mondial contre l’exploitation et l’oppression, a été pour moi un moment de désaliénation face à la pensée capitaliste néo-libérale.
Il a été le forum de la solidarité avec les peuples en lutte, le barycentre des débats s’étant déplacé suite aux évènements en Tunisie et en Égypte, et a porté une exigence forte sur la souveraineté des peuples à définir leur mode de vie.

Le forum m’a permis de découvrir et redécouvrir les luttes et les valeurs fondamentales du mouvement mondial social car si le capitalisme détruit la vie des populations, chaque jour naissent de nouvelles luttes pour la justice sociale. Le forum a été pour moi l’occasion de reconstruire le monde avec des militants du Nord et du Sud avec des exigences de justice universelle en matière des droits (accès à l’eau et à la terre notamment) et de s’opposer au monde que nous contestons. Il m’a permis de mettre en perspective mes pratiques syndicales, associatives et politiques.

La richesse du FSM c’est en effet les rencontres individuelles et le partage d’expériences communes lors des ateliers auto-organisés qui montrent à l’évidence qu’un autre monde est possible et qui ont nourri mon imaginaire. J’ai été ainsi particulièrement marqué par l’assemblée de convergence des mouvements sociaux riche d’interventions de militants du monde entier et par la déclaration qui en est sortie, et qui affirme l’apport capital de l’Afrique et de ses peuples dans la construction de la civilisation humaine, rappelé le rôle crucial des luttes des peuples pour s’opposer à la domination des acteurs du système (banques, multinationales etc.) dans la recherche du profit maximum, soutenu l’agriculture paysanne durable et dénoncé les violences faites aux femmes, le racisme, le sexisme et l’homophobie.

(les compte-rendus du FSM de Dakar par Mikaël sont ICI) ; vous pouvez voir le documentaire qu’il a réalisé également ICI.)

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Et en 2013, le FSM, c’est à Tunis !