Collectif des faucheurs : l’état des mobilisations, par Xavier Timoner (déc. 2004) Extrait de la Lettre d’attac 45 n°28, décembre 2004 / janvier 2005

Pour commencer, il n’est peut-être pas inutile de revenir sur les faits, au niveau national, depuis l’été. Le collectif des faucheurs (qui est créé en août 2003 lors du rassemblement monstre du Larzac), voit son 1er rassemblement le 25 juillet 2004 à Menville, près de Toulouse. Le 2ème a lieu trois semaines plus tard, le 14 août : à Greneville-en-Beauce pour le nord, et à Marsat, dans le Puy-de-Dôme, pour le sud... A chaque fois, il s’agit bien entendu de faucher un champ d’OGM. Lors de ces premiers fauchages, l’objectif est atteint : les champs sont neutralisés entièrement, sans intervention des forces de l’ordre.

Le 3ème rassemblement a lieu à Solomiac, dans le Gers ; cette fois, le champ n’est pas fauché, vu le déploiement policier pour l’occasion ; il s’en suit d’ailleurs quelques arrestations, accompagnées de violences physiques incroyables de la part des forces « de l’ordre ». Le 4ème et dernier rassemblement se fait à Valdivienne, dans la Vienne, le 25 septembre dernier : là non plus, la parcelle ne peut être fauchée, à cause de la présence de 350 gendarmes mobiles, visiblement prêts à tout pour défendre le champ... Nous apprendrons par ailleurs que de manière moins médiatisée, quelques copains ont pu neutraliser partiellement, et en pleine nuit, un autre champ.

Dans la région Centre : organisation et mobilisation

Pour les Faucheurs de la région Centre, qui se constituent rapidement en collectif après les 74 convocations à la gendarmerie de Pithivier, des réunions à rythme accéléré s’organisent dès la rentrée. Il s’agit alors d’organiser le suivi des convoqués au tribunal ; mais aussi de mettre en place des actions de sensibilisation du grand public. Nous considérons en effet que notre action de fauchage n’est pas suffisante (surtout après la période des récoltes...) : elle doit s’accompagner d’explications.

Très rapidement, un nombre important de structures (assos, syndicats, organisations politiques) manifestent leur soutien, ce qui donne lieu, le 16 novembre, à la création, sous forme associative, du « Comité de soutien des faucheurs d’OGM de Pithiviers ». Ce mouvement est dans la droite ligne du collectif national, qui prônait la création d’entités régionales, pour plus de réactivité. Notre Assemblée constitutive, qui réunit plus de 70 personnes, est précédée d’une réunion plus restreinte, qui permet à la trentaine de personnes convoquées alors au tribunal de s’informer sur la suite des événements. L’association a pour but principal de collecter des fonds afin de faire face aux frais du procès d’Orléans. Cet objectif s’accompagne de la volonté de coordonner informations et actions de soutien, pour les faucheurs, contre les OGM.

Et report du procès !

Début décembre, nous apprenons que la date du procès est modifiée : la grande salle du tribunal n’était pas libre le 19 janvier... Ce fâcheux problème d’organisation nous permet tout de même de prendre un peu plus de temps pour nous organiser, ce qui ne fait jamais de mal ! Parallèlement, les deux autres procès (à Toulouse et Riom) sont également reportés par le juge, qui accède à la demande des faucheurs non convoqués d’être joints à ceux qui l’ont été. Cette nouvelle est positive : car la décision des juges reconnaît l’aspect collectif de la responsabilité, ce qui est essentiel pour nous - il ne s’agit pas d’une lutte individuelle.

Le Comité de soutien et le Collectif des faucheurs organisent le 11 décembre une action de sensibilisation dans un supermarché de l’agglomération orléanaise, afin de dénoncer la vente d’aliments contenant des OGM. L’heureux élu était l’Intermarché de Chécy, et c’est sous l’œil des médias locaux (journaux, télé, radios) ainsi que des vigiles du magasin, proches de la bavure et suffisamment énervés pour endommager le matériel des journalistes de FR3 Centre, que nous atteignons notre objectif : informer les clients, et mettre la pression sur, la direction du magasin pour que les produits dangereux soient retirés. Précisons quà la fin de l’opération, le directeur nous reprochera de ne pas l’avoir contacté : « nous aurions pu organiser quelque chose ensemble ! »... Intermarché adhérent du Comité de soutien ?

Trois mois pour rassembler

D’ici le 13 avril, il nous reste évidemment à organiser des événements publics (tels que le débat d’attac 45 à Orléans, le 15 décembre) ; à expliquer, convaincre, mobiliser. Il va sans dire que la journée du 13 elle-même promet un beau rassemblement : en effet nous mettons en place des débats, concerts, animations variées, marché paysan (etc !) qui se dérouleront tout au long du procès.

Faut-il préciser que seuls, nous ne pourrons pas grand’chose ? C’est avec le soutien actif de tous que nous réussirons à faire pencher la balance, à remettre le droit dans les pas de la justice et de l’intérêt commun. Ce que nous faisons, nous le faisons pour tous. Alors, comment nous aider ? En venant nous rejoindre, ou à défaut, en participant financièrement à l’effort collectif !

Et en attendant, un bon conseil : réservez votre journée du 13 avril...

Xavier Timoner, Collectif des faucheurs volontaires d’OGM.