Qu’est-ce que votre participation au Forum social mondial a changé pour vous ? (mars 2015) Question à Paul et Benjamin, participants au FSM de Tunis de mars 2013

[*Paul RAPINAT :*]

En 2013, Attac 45 accompagné d’autres organisations locales a proposé d’envoyer des délégués au Forum Social Mondial qui se tenait à Tunis, pour la première fois dans un pays arabe. Le « Printemps arabe » était parti de Tunisie. Je me suis dit que je pouvais peut-être réaliser un reportage sur la lutte des femmes tunisiennes pour leurs droits qui à ce moment-là étaient remis en cause quotidiennement par des mouvements politiques conservateurs et islamistes. Sur place, j’ai découvert le courage de ces femmes, toutes générations confondues, toutes origines sociales confondues, leur ténacité, leur capacité d’organisation et de mobilisation. Je leur ai donné la parole comme j’ai pu avec les moyens dont je disposais. Au-delà du témoignage filmé qui a été diffusé sur internet et localement, il me semble que la richesse de ce type de rassemblement international réside dans la découverte et le partage de nouvelles formes de résistance et de lutte, de stratégies d’information et de sensibilisation, de transferts de savoir-faire, mais aussi dans la confrontation d’idées novatrices. Ce qui m’a le plus frappé peut-être, c’est finalement l’espoir que le FSM suscitait pour tous ces participants, la liberté d’expression liée à l’événement dans un pays où ce n’est pas la règle, à l’heure où l’on parle de la probable remise en question du FSM.


[*Benjamin CADON*]

Quelques retours suite au FSM 2013 : cela a été pour moi l’opportunité de croiser plusieurs préoccupations en me permettant d’appréhender (partiellement) la situation politique et sociale de la Tunisie post printemps arabes sans le filtre médiatique habituel. Le FSM 2013 a aussi été l’occasion pour moi de rencontrer de nombreuses personnes et réseaux, je me suis en effet impliqué dans le Forum Mondial Sciences et Démocratie (FMSD) en amont du FSM puis dans le Forum des medias libres au sein du FSM dans lequel nous avons monté un hackerspace temporaire (un espace d’échanges et de pratiques entre activisme et numérique) en collaboration avec des tunisiens et un certain nombre d’organisations. Cet espace-temps a été particulièrement riche, donnant lieu à des conférences, des ateliers pratiques, des temps de partage de problématiques et d’expériences. Tout cela a contribué à enrichir ma perception de la situation rencontrée dans un certain nombre de pays et de contextes, de discuter sur la construction de la constitution tunisienne et des actions menées par des ONG locales.
Les contacts noués en 2013 m’ont conduits à participer à la rédaction d’un ouvrage collectif sur la question de la souveraineté technologique, ouvrage désormais traduit en allemand, espagnol et catalan [1] et va m’amener à participer au forum 2015 en lien avec l’ONG Ritimo.

J’avais réalisé une sorte de compte rendu en image [2], sans oublier les articles écrits sur le site que nous avions monté pour l’occasion [3].