CONDAMNATION DES DECROCHEURS DE PORTRAIT A ORLEANS

, par André

Monsieur le Président Jacques Chirac déclarait le 2 septembre 2002 au Sommet de la Terre : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » Alors regardons ce qui se passe ici et maintenant.
Le Tribunal Correctionnel d’Orléans a condamné le 13 septembre 2019, trois décrocheurs du portrait de monsieur Macron dans la commune de St Jean de la Ruelle à 200 euros d’amende avec sursis et dispense d’inscription au casier judiciaire.
Les prévenus agissant dans le cadre de la COP 21 avaient intenté cette action, comme cela l’a été à 128 reprises dans l’hexagone, pour attirer l’attention sur le décalage existant entre la communication des pouvoirs publics sur la lutte contre le réchauffement climatique et les actions mises en œuvre concrètement pour y remédier .
Devant le tribunal, les avocats de la défense ont invoqué l’état de nécessité

En effet, selon l’article 122-7 du code pénal« n’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ».

Tour à tour maîtres Marzado et Duplantier ont évoqué, notamment, les rapports du GIEC , organisme regroupant des scientifiques indépendants, insistant sur la nécessité de réagir de manière très significative et urgente au réchauffement climatique pour tenter de limiter la hausse à 1,5°, sur la fonte accélérée du permafrost et sur le rapport du Haut Conseil pour le Climat mis en place par nos gouvernants actuels qui pointe les insuffisances des mesures prises actuellement pour tenir les engagements de la COP 21. Autant d’éléments démontrant l’urgence de répondre enfin et de façon énergique à un danger imminent et dévastateur.

A ce sujet, les témoins cités par la défense ont fait état des désordres actuels déjà constatés dans notre environnement quotidien. Un agriculteur a ainsi évoqué l’angoisse de la profession face aux bouleversements auxquels elle est confrontée (sécheresse, inondations, cataclysme…)
L’un d’entre eux nous a tout simplement invité à regarder le niveau de la Loire perceptible par chaque habitant de la région comme étant pour le moins inhabituel et symptomatique.

Les prévenus ont souligné, comme leurs conseils, que, dans un monde où la communication est devenue envahissante, il était nécessaire de recourir à des modes de communication attrayants et par ailleurs non violents pour faire entendre son opinion. Leur action était, dans ce cadre, nécessaire, et proportionnée à l’importance et l’imminence du danger qui pèse sur la terre et ses habitants.
Le Tribunal a écarté cette excuse absolutoire et condamné les prévenus en suivant ainsi en partie les réquisitions du ministère public qui avait requis une condamnation de principe en s’étonnant de l’absence de rapport entre le décrochage de portrait et le sauvetage de la planète.

On mentionnera, pour une juste appréciation de l’ensemble de la situation que 128 portraits ont été décrochés en France. Seuls 18 poursuites auraient été engagées à ce jour selon les conseils des prévenus. Certains tribunaux, comme celui de Lyon cette semaine, n’ont pas hésité à prononcer des relaxes pour des faits identiques, sur le fondement de l’état de nécessité