Résumé du livre « l’enjeu des retraites » de B. Friot

Voici mon résumé (ce n’est pas une synthèse impartiale ….) de ce livre.

L’enjeu des retraites.
Bernard Friot
Le caractère consensuel des analyses et des propositions doit nous alerter. Pourquoi ne sauve-t-on pas les retraites de la même manière qu’on a sauvé les banques ? On vient de sauver les banques en leur donnant de l’argent et pour sauver les retraites depuis 20 ans on ne fait que de leur ôter de l’argent.



1. Les retraites, une réussite historique à contre-pied du capitalisme.
en France la répartition représentent 94 % des dépenses de pension.
Le taux de remplacement pour les derniers salaires et globalement similaire entre la fonction publique et le privé, il est plus intéressant dans le privé pour les bas salaires et plus intéressant dans la fonction publique pour les hauts salaires.
Les retraités ne sont plus sous la subordination d’un employeur ils sont libérés de la tyrannie du temps de travail et donc ils sont libérés de la valeur travail.
De toutes les organisations de la société seul le capitalisme mesure la production par le travail, et donc par la mesure du temps de travail abstrait nécessaire à la fabrication du produit.
Tout est transformé en marchandises. Exemple le fait de sortir de l’entreprise certaines de ses activités transforme ses activités en valeur marchande. Le statut des personnes est atteint : les activités deviennent du travail et ce travail est mesuré par le temps, qui finit par imposer sa dictature.
Même dans la fonction publique et la police par exemple le fonctionnaire inscrivait son activité dans la déontologie des services publics, la contravention est transformé en tâche normalisé. Elle est calculée selon un rapport entre temps de travail disponible et nombre de produits réalisés (quota , etc). Elle est mûre pour devenir une marchandise produite par des forces de travail.
Tous les gouvernements de droite comme de gauche sont engagés dans la réforme. Ils partagent un projet exposé clairement depuis 1991 dans le livre blanc de Michel Rocard.
La réforme a deux objectifs :
–Donner un coup d’arrêt à la continuation du salaire dans la pension à partir de 60 ans,
–Délier la pension du salaire pour la lier à l’épargne.
• La réforme : une réaction contre le progrès des pensions. Le taux de cotisation retraite est passé de 8 à 26 % du salaire brut en 50 ans (entre les années 1940 et le milieu des années 1990) et depuis 15 ans ils stagnent au-delà de 1,6 SMIC et recule en deçà.
• la réforme : une réaction contre la retraite comme salaire continué. D’abord la transformation du cœur de la pension de salaire continué en revenu différé. Pour le revenu différé c’est la somme des cotisations qui donne le montant de la pension (Passage de 10 à 25 meilleurs années par exemple). La prochaine étape pourrait être la mise en place des comptes notionnels individuels totalisant les cotisations de la carrière.

2. Au cœur de la réforme, le revenu différé contre la qualification personnelle.
Bien prendre garde aux arguments des réformateurs qui tout en défendant la répartition veulent absolument aller vers le revenu différé (épargne).
L’opposition à la réforme est l’occasion de passer du « j’ai cotisé, j’ai droit » du revenu différé au « j’ai une qualification, j’ai droit » du salaire continué.
En Suède chaque travailleur accumule ses cotisations sur un compte individuel appelé « compte notionnel ». Ce cumul ne donne pas lieu à épargne, les cotisations de l’année finançant les pensions de l’année. Lorsqu’il souhaite liquider sa retraite (pratiquement aucune contrainte sur la date de départ) le compte notionnel est actualisé en couronnes et ce montant est divisé par l’espérance de vie. Ce calcul évite de changer les paramètres qu’il faut revoir à la hausse ou à la baisse au bout de quelques années.
C’est le modèle que proposent Antoine Bozio et Thomas Piketty. La somme des pensions est strictement proportionnel à la somme des cotisations.
• la pension comme revenus différé : un changement de sens de la répartition.
Ce n’est donc plus un salaire continué (une partie du salaire) mais une épargne : un capital notionnel (individuel) qu’il sera converti en rente viagère. Bref, le salaire est remplacé, dans la technique de la répartition elle-même, par la prévoyance.

Se contenter de s’opposer au revenu différé n’est pas suffisant. Il faut mener l’affrontement à la réforme en se servant des institutions salariales comme tremplin, déjà existant, d’une alternative aux institutions du capital. En effet le revenu différé est une institution du capital. Il affirme la légitimité du seul travail subordonné. Il met le « public» de la répartition au service du « privés » de la capitalisation.
Le salaire continué repose sur la qualification personnelle (Capacité transversale, salaire lié, réseau de pairs).
La capacité transversale permet d’occuper les différents postes.

• deux formes contradictoires des régimes en répartition : le régime salarial (qu’il faut défendre et promouvoir) et le régime de la prévoyance (qu’il faut combattre). Il ne faut donc pas défendre la répartition pour la répartition. En effet, le régime de la prévoyance suppose et conforte le marché du travail, de l’emploi, la marchandise, la subordination, la propriété lucrative.

3. De l’assistance aux victimes à la solidarité salariale
Attention au terme « salaire différé » c’est la même chose que le revenu différé. C’est un mécanisme d’épargne. Bien sur il ne tient pas compte des carrières courtes irrégulières et des salaires faibles etc. il s’accompagne toujours d’un dispositif de revenu minimal.
La vision libérale de la justice est un mixte de justesse et de solidarité. Et donc la solidarité viendrai en aide du salarié victime. Dans les discours aujourd’hui on considère les actionnaires comme des acteurs et les salariés comme des victimes. Et réclamer pour les victimes une meilleure protection c’est s’inscrire dans le discours est réformateur.
Solidarité salariale contre solidarité nationale (qui est consubstantielle au capitalisme). Ainsi l’Unedic institut la solidarité salariale entre égaux par la socialisation du salaire, tandis que le RMI institue la solidarité nationale envers des « pauvres ».
Les réformateurs veulent contraindre les cotisations à rester dans une fourchette de 15 à 16 %. En aucune façon ils ne veulent affecter les gains de productivité aux cotisations mais aux profits. Donc ils veulent augmenter l’âge de la retraite et réduire le taux de remplacement.
En 1980 les cotisations représentent environ 80 % du financement de la sécurité sociale en 2007 elles ne représentent plus que 66 %.
Exemple du SMIC en 2010 soit un salaire de 1055 € nets ou 1344 € bruts normalement la cotisation patronale devrait être de 605 € et donc un salaire total de 1344 + 605 égal 1949 €. Avec l’exonération des cotisations patronales celle-ci tombe à 256 €. Les 349 € manquant sont remplacés par une dotation budgétaire au régime général. Ce qui veut dire que c’est payé par les contribuables via la TVA et l’impôt.

Réduire les cotisations d’un employeur s’il embauche c’est consentir tacitement à l’argument de la cotisation sociale comme ennemie de l’emploi.
Il faut se mobiliser pour le passage d’une solidarité envers les pauvres à une solidarité entre égaux.

4. La pension comme salaire continué : une alternative économique et politique.
Le capitalisme tient ses deux promesses : créer des marchandises et exploiter les personnes, et leurs effets conjugués sont devenus insupportables.
L’éloge réformateur de l’épargne retraite repose sur deux arguments. Le premier est « l’équité intergénérationnelle » : les droits à pension que se constituent la génération aujourd’hui au travail seront une charge excessive pour les générations futures. Le second, le travail va venir à manquer et nous serons heureux lorsque viendra la disette d’avoir épargné les fonds que nous pourra alors liquider.
–L’illusion de l’épargne.
Adam Smith l’avait déjà dix en  1776 la nature et les causes de la richesse sont à chercher dans « le travail annuel de la nation ». L’épargne n’est pas un congélateur, elle n’est ni épargne de monnaie ni épargne de valeur. La monnaie déposée pour l’épargne sert à acheter des titres financiers qui n’ont en eux-mêmes aucune valeur, ils sont les attestation de droit à valoir sur la monnaie en circulation le jour où ils seront liquidés. Or c’est le travail courant qui rend possible cette création de monnaie nécessaire. Et si il n’y a pas assez de travail etc. ces titres ne vaudront plus rien.
Il est donc plus simple que les actifs au lieu d’acheter des titres affectent directement cette monnaie à des cotisations transformées en pension sans aucun recours à l’épargne, puisque de toute façon c’est la richesse créée par le travail de l’année qui payera les pensions.
Il faut donc contrer le discours réformateur : c’est dénoncé la propriété lucrative elle-même (institution majeure du capital) avec son cortège d’investisseurs d’actionnaires d’éloge de l’épargne salariale et de la prévoyance.
Les revenus de la propriété lucrative tourne autour de 20 % des salaires nets jusqu’en 79 aujourd’hui ils sont à 50 %. Ce qui veut dire que la propriété lucrative ponctionne l’équivalent de la moitié des salaires nets.
Les réformateurs aujourd’hui inscrivent la répartition dans la logique capitalisation.
Contre le prêt bancaire, la cotisation économique qui permet bien sûr de faire les investissements nécessaires. C’est le même principe que la cotisation pensions de retraite.
La cotisation sociale a débarrassé notre quotidien individuel des usuriers, la cotisation économique débarrassera notre quotidien collectif de la bourse et des banquiers.

Un des arguments marteau-pilon utilisé est la problématique générationnelle, avec les termes du genre guerre de génération, pacte générationnel, équité intergénérationnelle, solidarité  intergénérationnelle. Tout d’abord ce sont les individus qui vieillissent et non les sociétés. Deuxièmement les sociétés de longue vie sont plus productive que les sociétés à faible espérance de vie.
Autre argument le ratio actif inactif : en 2000 il y avait quatre personnes de 60 ans et plus pour 10 personnes ayant entre 20 et 60 ans. En 2050 il y en aura sept. Et donc ce n’est pas tenable. Ce qu’il faut regarder c’est le ratio inoccupé/occupé. Il était de 1,62 en 1995 il devrait se situe en 2040 entre 1,66 et 1,79.
Dernier point, les gains de productivité qui ne sont jamais pris en compte.

Au cours des 50 dernières années, les pensions sont passés de 5 à 13 % du PIB. Au cours des 50 prochaines années elles devraient passer de 13 à 18 %. Aujourd’hui notre PIB est de 2000 milliards. 13 % représente 260 milliards pour les pensions, il reste donc 1740 milliards pour les actifs et les investissements. Dans 50 ans le PIB sera de 4000 milliards et les 20 % de pension laisseront encore 3200 milliards aux actifs et à l’investissement.

. Le flux de monnaie n’est pas le flux de valeur. Les actifs financeraient des inactifs, la pension serait un transfert sociale. Cette proposition est fausse.
explication : l’attribution d’une valeur monétaire au travail n’est jamais directe, elle se fait toujours par une médiation. Dans les sociétés capitalistes elle se fait à travers le crédit bancaire, à l’occasion de l’anticipation par les banques du chiffre d’affaire des entreprises auxquelles elle prête. Ainsi, c’est dans le prix des marchandises qu’est inclus, outre le profit, la reconnaissance monétaire du travail des retraités et en plus de celle du travail de leurs producteurs. Il y a bien transfert de monnaie des employés vers les retraités, cela ne signifie absolument pas qu’il y a transfert de valeur des actifs vers les inactifs.
Il en est de même pour les personnels soignants par exemple, il ne s’agit pas d’une ponction sur les actifs, les soignants produisent par leur travail la richesse fondatrice de la monnaie qu’ils reçoivent.
!!!! D’ailleurs, la comptabilité nationale ajoute le salaire des fonctionnaires au PIB, comme indicateur (à défaut de chiffre d’affaires) de la valeur ajoutée par leur travail.

• la création monétaire est toujours affaire d’anticipation de ce qui va être produit. Plutôt que d’anticiper le produit du travail pour créer la monnaie pourquoi ne pas anticiper la production à partir de la capacité des individus à créer de la richesse telle qu’elle est mesuré par la qualification ?

5. La retraite et l’avenir du salariat.
La logique de l’employabilité est contre la logique salariale. Elle va amener les salariés à se transformer en employables prévoyants.
Les réformateurs n’ont de cesse de dénigrer la fonction publique et les fonctionnaires.
Et pourtant il faut partir du grade donc de la qualification des fonctionnaires pour étendre ce système à tous les salariés.
Bien sur cela est lié à la transformation de l’entreprise. L’employeur disparaît, il reste l’entrepreneur.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Pourquoi?