LEMONDE.FR : Suez et Veolia s’apprêtent à se disputer le marché de l’eau en Ile-de-France

, par attac92clamart

Suez et Veolia s’apprêtent à se disputer le marché de l’eau en Ile-de-France
LE MONDE | 22.06.09 | 14h19 • Mis à jour le 22.06.09 | 14h19

e Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), qui dessert 144 communes, hors Paris, et leurs 4,2 millions d’habitants, devait, lundi 22 juin, connaître les entreprises candidates à l’appel d’offres européen, lancé le 16 avril, pour distribuer l’eau potable à partir de 2011. Veolia, premier opérateur privé mondial, assurait ce service depuis 1923, sous le nom de la Compagnie générale des eaux. Il s’agit de l’un des plus gros contrats d’Europe, en la matière, d’environ 300 millions d’euros par an, pour une période de dix ans pouvant être portée à douze ans. En termes de parts de marché, il représente quelque 6 % du marché français.

Il y a aussi un enjeu politique, qui oppose les partisans de la régie municipale, plutôt à gauche, aux tenants de la délégation au privé, plutôt à droite. Paris a récemment opté pour le retour à une régie municipale, au grand dam de Veolia et de Suez (Lyonnaise des eaux) qui se partageaient la capitale et pour qui de tels clients sont des références dans leur stratégie de conquête internationale.

Le comité du Sedif, où siègent 142 élus, a déjà tranché ce premier débat, le 11 décembre 2008, en décidant à une nette majorité, de 88 voix contre 54, le recours à un opérateur privé. Une autre discussion l’a agité : fallait-il scinder ce contrat en plusieurs lots, par exemple géographiques, autour des trois usines de production à Choisy-le-Roi, Neuilly-sur- Marne et Méry-sur-Oise, ou fonctionnels, en distinguant la production, la distribution, l’entretien des 7 900 kilomètres de canalisations et la gestion des abonnés ?

"Cette scission permettrait d’ouvrir la compétition entre plusieurs sociétés et de comparer les diverses offres sur chaque lot", argumente François Carlier, de l’Union fédérale des consommateurs-Que choisir. L’UFC a critiqué le prix de l’eau et les profits réalisés par Veolia, qui s’élèvent, officiellement, à 38 millions d’euros, soit entre 11 % et 15 % du contrat, mais que l’association évalue à près de 90 millions d’euros.

EXIGENCES NOUVELLES

Mais la voie de la scission a été rejetée par 108 voix sur 129 votants, le 10 avril 2009. Suez Environnement, challenger de Veolia sur ce contrat, militait en 2008 pour le scinder en plusieurs lots. Une solution où le groupe avait tout à gagner.

Ces débats auront eu le mérite d’intégrer dans le cahier des charges des exigences nouvelles, comme la création d‘une société distincte, dédiée à ce marché autrefois noyé dans l’ensemble des activités de Veolia, ce qui permettra un contrôle plus strict.

Le Sedif s’attend donc à une concurrence frontale entre Veolia et Suez, la première bénéficiant de l’avantage du sortant, qui connaît par coeur le dossier et les réseaux. Un troisième acteur potentiel, la Saur, ne semble pas en mesure de financer les études préalables à une offre, d’au moins 5 millions d’euros. On parle enfin de l’opérateur allemand Gelsenwasser.

Les offres précises des candidats retenus devront être remises fin novembre 2009 ; le choix final interviendra en février 2010.

 

Isabelle Rey-Lefebvre
Article paru dans l’édition du 23.06.09