Sur OWNI : interview de Gabriel Amard : « 26% moins cher que Veolia et 6 fois plus d’investissement qu’avec le privé »

, par attac92clamart

Sur OWNI : interview de Gabriel Amard : « 26% moins cher que Veolia et 6 fois plus d’investissement qu’avec le privé »

Conseiller municipal à Viry-Châtillon (91) pour le Parti de Gauche et président de la communauté d’agglomération des Lacs d’Essonne, Gabriel Amard a mis en place depuis le 1er janvier 2011 une régie publique de distribution d’eau. Après être sorti du syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif), regroupant 144 communes dans la région, il a du créer son propre réseau, embaucher ses experts et organiser la distribution. Un dispositif qui lui a permis, en économisant les 25 à 30% de frais excédentaires des entreprises titulaires des délégations de service public, de mettre en place des tarifs sociaux et une véritable pédagogie de l’usage de l’eau. Une démarche politique dont il tente de faire un modèle de sortie du régime de privatisation généralisé.

D’où est venu votre projet de sortir du Sedif pour revenir à une régie publique de l’eau ?

Gabriel Amard : Il s’agit d’abord d’un parti pris politique : certains disent que l’eau n’est pas une marchandise comme les autres. Or, pour ma part, je considère que ce n’est pas une marchandise du tout. Ce qui doit être facturé dans le service public de l’eau, c’est sa potabilisation, son transport et sa distribution… Le reste, c’est l’accès à l’eau, c’est nécessaire à la vie, cela doit donc être gratuit.

Il m’a suffit de faire ce que n’importe quel comptable peut faire, à savoir regarder les factures que vous présentent les entreprises à qui sont délégués ces services. En plus des trois services réels dont j’ai parlé, vous voyez cinq lignes :

1. des frais de siège ;

2. des impôts sur les sociétés ;

3. des impôts locaux ;

4. une masse salariale qui ne correspond pas au personnel mobilisé sur le contrat ;

5. des résultats qu’on ne retrouve pas dans les comptes d’exploitation.

Et, une fois additionnées, ces cinq lignes représentent un surcoût de 25 à 30% ! Quand j’ai réalisé ça, j’ai décidé de mener une expertise, en partenariat avec la régie de Grenoble, sur la tuyauterie : alors que la durée de vie des tuyaux est de 100 ans, il n’y avait que 0,4% de renouvellement chaque année. L’opérateur agissait comme si les tuyaux devaient durer 250 ans !

« Veolia facturait 16% d’eau potabilisée qui n’arrivait jamais au robinet, contre 5% dans les régies publiques de Paris ou Grenoble »

Quant au rendement du réseau, il totalisait 16% de fuite. Or, ces 16% de fuites étaient au préalable potabilisés et donc facturés : les habitants de Viry-Châtillon payaient pour 16% d’eau qui n’arrivait jamais à leur robinet, là où les régies publiques, à Paris ou Grenoble, n’ont que 5% de perte. La décision a été prise en 2009 et, depuis le 1er janvier 2011, nous sommes en régie publique : nous sommes le 22 mars aujourd’hui et nous avons déjà inspecté les 2/3 du réseau.

Comment sort-on d’une régie privée ?

Gabriel Amard : Pour les Lacs d’Essonne, il a suffit de sortir du syndicat d’eau, en l’occurrence le Sedif, mais il fallait préparer notre coup à l’avance ! Nous avons donc profité de la fin de la délégation de service public à Veolia pour ne pas renouveler le contrat car, si nous l’avions fait pendant, l’entreprise aurait pu nous demander un préjudice.

Dans le cas du Sedif, le contrat de délégation de service public de l’eau dure 12 ans : cela signifie qu’une commune ou une agglomération qui rate le créneau est condamnée à payer ou à attendre ?
 

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http://owni.fr/2011/03/22/%C2%AB26-moins-cher-que-veolia-et-6-fois-plus-dinvestissement-quavec-le-prive%C2%BB/

L’application PRIX DE L’EAU : OPÉRATION TRANSPARENCE, une enquête collaborative réalisée par OWNI avec la fondation France Libertés et 60 millions de consommateurs.
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