Attac - Val de Marne
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Intervention de Jean-Marie Roux Halle Carpentier

mercredi 6 février 2008, par Villejuif

Jean-Marie Roux est Secrétaire fédéral de la Fédération des Finances CGT, organisation fondatrice d’ATTAC, et récemment élu membre de notre Conseil d’Administration.

Voici le texte intégral de son discours.

Rassemblement Halle Carpentier 2 février 2008

Intervention de la Fédération des Finances CGT Jean-Marie ROUX, secrétaire fédéral

Pour la Fédération des Finances CGT, le traité de Lisbonne, dont le contenu reprend celui du traité constitutionnel, ne répond pas aux besoins des salariés et à leur aspiration à une Europe sociale et solidaire.

Élaboré hors de tout débat public, ce traité confirme l’orientation ultra libérale d’une Europe qui privilégie la concurrence à la solidarité, le marché aux services publics et les intérêts financiers aux préoccupations sociales. Les quelques formulations ambiguës sur la Charte des droits fondamentaux ou sur les services d’intérêt général ne peuvent masquer le fait que la dimension sociale reste largement une option et demeure soumise à la primauté de la concurrence libre et non faussée. La mise en concurrence des systèmes productifs, des systèmes sociaux et des salariés eux-mêmes devient ainsi la règle d’une Union européenne dont les déclarations sur les grands principes censés constituer ses valeurs demeurent sans véritable portée opérationnelle, comme viennent de le confirmer deux arrêts récents de la Cour de justice européenne.

Pour l’illustrer, je prendrais juste un exemple, celui de la Banque centrale européenne, pièce maîtresse de la construction européenne dont le poids est conforté par le traité de Lisbonne puisque ce qui est son objectif exclusif, la stabilité des prix, devient désormais un objectif de l’Union qui s’impose donc à toutes ses politiques. Trichet avait d’ailleurs bataillé ferme pour imposer cet ajout dans le Traité constitutionnel.

Or que fait la BCE pour remplir cette mission ? S’attaque-t-elle aux mouvements spéculatifs dont l’actualité nous démontre les effets dévastateurs ? Cherche-t-elle à orienter les flux financiers vers l’investissement, la recherche, la formation ou l’emploi, comme elle en a techniquement les moyens ?

Non ! Elle s’attaque à ceux qui sont, selon elle, les principaux fauteurs d’inflation : les salariés. Alors que ceux-ci sont confrontés, partout en Europe, à la hausse du prix des produits alimentaires et des loyers,de l’essence, le président de la BCE déclare qu’il « ne tolérera pas de spirale inflation/salaires », ou dit autrement qu’il s’opposera aux revendications salariales qui commencent à monter. Il a d’ailleurs fermement critiqué la décision du gouvernement allemand instaurant un salaire minimum dans le secteur postal. Légitimé par la nouvelle rédaction du traité, il est à craindre qu’il hésite encore moins qu’aujourd’hui à passer de la parole aux actes en relevant les taux d’intérêt, ce qui aurait pour conséquence d’affaiblir l’activité économique et l’emploi.

Indépendante des autorités politiques, la BCE est en fait clairement au service des marchés financiers. Comme le proclamait une banderole que nous avions affichée en face de la Banque de France il y a quelques années, lorsque Trichet en était le gouverneur « Trichet, l’ami des marché, l’ennemi des salariés ».

Et s’il fallait un dernier exemple du type de construction européenne que la BCE symbolise, il suffirait de rappeler que depuis qu’elle existe, la BCE, considérant que son indépendance la place au-dessus des lois, refuse de reconnaître les syndicats qui existent dans son siège à Francfort. Certes, après des années de pressions syndicales, d’interventions du Parlement européen, elle est aujourd’hui en passe d’accepter cette reconnaissance mais elle refuse toujours de lier cette reconnaissance à un quelconque droit de négociation.

Ce serait cela, l’Europe sociale qu’on voudrait nous imposer !

Loin de répondre aux attentes des salariés, ce traité risque donc au contraire d’aggraver leur situation.

Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que le Président de la République ait préféré ne pas redonner la parole aux citoyens qui avaient majoritairement rejeté ces orientations en 2005. Un tel déni de démocratie est inadmissible.

C’est pourquoi la Fédération des Finances CGT exige l’organisation d’un référendum.

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