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des nouvelles de New-York

délégation française - actions à l’occasion de la révison du traité de non-prolifération nucléaire

jeudi 13 mai 2010, par Daniel Hofnung

je vous copie ci-dessous mes deux messages à la liste "paix" d’ATTAC, mis à jour

ACTIONS A L’OCCASION DE LA REVISION DU TNP NEW-YORK (30 avril – 7 mai 2010) INFORMATION N°1

Nous sommes arrivés à New-York jeudi vers 14 h, atterrissage très secoué avec les fortes sautes de vent (dans ma rangée de 8 sièges, deux personnes vomissaient...)

Vendredi matin rassemblement de la délégation française (250, pas tous présents) dans un square pour faire le point sur le programme des jours suivants. Intervention de Pierre Villard du mouvement de la paix, présentation d’une banderolle pour la manifestation du 2 mai. J’échange quelques mots avec Xavier Frison qui couvre l’évènement pour Politis.

La première action a été vendredi soir le début du meeting alternatif, à Riverside Church, un grand temple protestant dans Harlem, où Martin Luther King, un un avant son assassinat, avait fait un discours célèbre contre l’apartheid, pour la non-violence, contre la guerre du Viet-Nam et pour la paix. 1600 japonais ont fait le voyage (3 boeing 747 !), certains étaient là, avec un petit spectacle de percussions très animé que j’ai filmé. Des militants européens (Allemagne, Royaume Uni, Suède...) sont là, ainsi que des militants de la paix de tous les continents.

Les premières interventions, un pasteur du lieu, puis une responsable d’association de femmes du quartier, sur la non-violence et le combat de Martin Luther King. Leurs explications de principe sur la validité de la démarche et sa portée mériteraient un développement. Ensuite, nous avons eu le responsable de la principale organisation musulmane des USA qui a dit pourquoi il adhérait à la non violence et à la lutte pour le désarmement, puis Zia Mian, analyste associé au bureau de « Peace Action », la principale organisation pacifiste des USA. Il a fait le lien entre la course actuelle aux armements (pas finie, malgré les accords signés récemment) et le capitalisme... Le point saillant de son intervention était la dénonciation des programmes de recherches pour perfectionner les armes nucléaires, lancés à Los Alamos et sur deux autres sites, récemment, sous Obama. C’était un deal avec une quarantaine de députés conservateurs et un démocrate : la relance de programmes qu’Obama voulait abandonner contre l’accord START de désarmement nucléaire avec la Russie : une belle violation de l’article 6 du TNP, d’un côté on désarme, de l’autre on perfectionne les armes ... La France fait pareil avec son nouveau missile M-51.

Le samedi a débuté par une deuxième plénière, avec une étudiante afghane et J-M Rao d’Inde. J’ai ensuite assisté à l’atelier sur l’OTAN et à celui sur l’Afghanistan. J’ai rencontré Phyllis Bennis, analyste étatsunienne et membre du transnational institute d’Amsterdam (où elle cotoie Susan George, présidente d’honneur d’ATTAC) ; elle vient de sortir un livre avec David Wildman « ending the US war in Afghanistan » « a primer » et aimerait qu’il sorte en France... Avis à ceux qui connaissent des traducteurs ! J’ai pu collecter du bon matériel d’explication sur la guerre et son coût, tracts, dépliants.

Le clou de la soirée a été l’intervention de Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU, qui a accepté l’invitation à se rendre à notre meeting alternatif. Tous ont dû sortir du bâtiment, et rentrer en 2 files, les français ont été aux premiers rangs, les japonais et les autres pays derrière, une deuxième salle diffusait le meeting sur écran géant, et tout passait sur le net en direct. Nous étions un millier.

Ban Ki Moon nous a dit : « en voyant la liste des organisations et des gens qui sont ici, c’est un honneur pour moi d’être avec vous, c’est pour vous remercier de votre engagement et votre courage... Depuis que j’ai mis le pied aux Nations Unies, j’ai dit que le désarmement sera ma priorité n° 1... Il faut viser loin si on veut gagner. Il nous faut aujourd’hui des gens tels que vous qui comprennent que l’heure est au changement... la semaine prochaine [à la conférence de révision du traité de non-prolifération] j’en appellerai à tous les pays de s’engager. Continuez à interroger vos gouvernements à propos des mesures qu’ils promettent, si on arrive au succès, ce sera grâce à vous. ». Ensuite il y a eu quelques autres interventions, dont le maire d’Hiroshima, et à la fin un chanteur japonais qui a chanté un morceau moitié en anglais, moitié en japonais, puis qui a fait chanter le salle « we shall overcome », tout le monde chantait en se tenait par la main et en se balançant les bras levés : un grand moment.

Dimanche, la journée a commencé par une tâche pénible : des heures de queue au soleil pour obtenir le badge qui permet de rentrer à l’ONU – l’accréditation – et d’assister aux initiatives des ONG, de rencontrer des ambassadeurs, d’accéder à la salle où se discutera la révision du TNP... Après, pour ce qui me concerne plus de 5 heures pénibles, nous sommes allés rejoindre la manifestation, dans la 42° avenue (de Time Square à la gare centrale puis vers une place face à l’ONU). Manifestation très militante, très préparée, le groupe principal étant les japonais, puis les militants des étatsunis, surtout de « peace action », puis les français. Mais des militants de tas d’autres pays était là (Mexique, Brésil, Corée du Sud, plusieurs pays européens, et même Nouvelle-Zélande), et ce qui est intéressant, des organisations au delà des frontières (villes pour la paix) plus proches de la société civile. Les organisateurs ont donné comme chiffre de 20 à 25.000 manifestants, puis lundi matin le chiffre de participants à la manifestation d’hier a été revu à 15.000, chiffre qui me parait crédible et qui correspond à celui de la police New-Yorkaise, très présente et très correcte. Les Japonais aurait été 6.000, ceux de New-York ayant rejoint ceux venus du Japon. Le tout s’est terminé sur le Dag Hammarskjold Piazza, près de l’ONU, avec quelques interventions et des stands. J’ai récupéré du matériel militant des pacifistes américains sur les nouveaux programmes lancés au niveau nucléaire, en contradiction évidente avec le TNP, ainsi que du matériel syndical japonais traduit en anglais (incluant la pétition signée par près de 7 millions de personnes : ça faisait des belles piles de cartons !)

Daniel Hofnung

(représentant d’ATTAC-France à la coordination ICAN pour le désarmement nucléaire)

— -ooOoo---

Des nouvelles de New-York (2)

mercredi, j’ai assisté à l’atelier du matin sur les armes nucléaires en Europe où hélas mon niveau d’anglais ne m’a permis de suivre tout correctement. Il y a une opportunité au Royaume Uni, où le Parti Libéral souhaite le départ des armes nucléaires de l’OTAN. Tout dépendra de la coalition qui sortira des élections.

A 18 h 30, nous avons fait des actions simultanées devant toutes les représentations auprès de l’ONU des pays nucléaires. J’ai participé à la haie devant la délégation du Pakistan, tous en noir avec des masques blancs et des panneaux (hélas en français) pour désarmer et contre les armes nucléaires. Nous sommes restés environ ¾ h. 140 personnes en tout étaient réparties sur les différentes représentations des pays nucléaires, c’est à dire une grosse partie de la délégation française qui a participé à ces actions, le plus gros groupe étant devant les représentations de la France et de la Grande-Bretagne (deux bâtiments mitoyens).

Jeudi matin, action du même type en noir face à l’entrée des diplomates à l’ONU, sur la première avenue, nous étions une vingtaine, et nous avons vu le défilé des limousines et aussi beaucoup des gens qui s’arrêtaient, nous prenaient en photo ou qui nous faisaient des signes d’encouragement. Cette action est faite tous les jours depuis lundi, mais c’est la première fois que j’y vais (des ateliers à la même heure), le 1° jour ils étaient pas loin d’une centaine.

Certains dans le groupe ont pu rencontrer des représentants de pays : Egypte et Irlande. Un autre a parlé au self avec l’ambassadeur du Togo. Notre accréditation nous permet en effet de manger à l’ONU, ce qui peut permettre des rencontres... Ces discussions ont été bénéfiques, elle permettent d’appuyer l’idée d’une convention de désarmement globale, face à l’échec des dispositions actuelles.

En début d’après midi nous avons été reçu par le représentant de la France, Eric Danon (c’est lui qui a fait le discours devant l’assemblée générale, alors que la plupart des pays ont été représenté par leur ministre des affaires étrangères ; quand Hillary Clinton est venue c’était un ballet d’une vingtaine de limousines pour son arrivée. Cette sous représentation de la France n’est pas neutre, elle doit signifier le peu d’importance que la France attache à cette question). Nous étions près de 150 dans la salle des ONG qui nous avait été allouée, quelques « ibakushas » (survivants d’Hiroshima et Nagasaki) qui n’avaient pas réussi à le rencontrer ce sont joints à nous, et nous les avons laissé intervenir.

Pour Eric Danon, la dynamique pour le désarmement n’a jamais été aussi forte. La conférence a déjà beaucoup mieux commencé que celle d’il y a 5 ans, enlisée pendant 20 jours dans des questions de procédure, cette fois réglées dès le 3° jour, il pourrait donc y avoir un texte sur le désarmement qui sorte de la conférence. Sur la question d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient, jusqu’ici impossible à discuter, des avancées seraient possibles. Quant au nucléaire civil (sujet de prédilection de notre président) il y aurait une dynamique forte pouvant amener à 250 centrales, donc une augmentation des risques et des mesures à mettre en place pour les contrer.

Plusieurs sont intervenus, un militant de l’ouest de la France sur le missile M51 et les têtes nucléaires nouvelles, je suis intervenu sur la poursuite de la course aux armements (la France avec ses missiles, les USA à Los Alamos) en contradiction avec le TNP. Sa réponse a été que tous les états modernisent, et que ce qui comptait c’est la puissance nucléaire totale, et que sur ceci la France avait diminué.

Le point le plus intéressant a été sur l’absence de débat en matière de solutions pour la sécurité. Il a indiqué que « sur le nucléaire ou les énergies renouvelables, il y avait énormément de matériel, de publications... et que ce travail n’avait pas été mené en matière de sécurité. S’il n’y a plus de dissuasion, qu’est ce qu’on met à la place ? Il faut bâtir un gros travail de réflexion, transformer les pratiques sur cela, ce n’est pas fait. La dissuasion c’est très fort. Si je suis contre la dissuasion, y a-t-il une dissuasion non-nucléaire ? Il y a énormément de travail à faire sur une dissuasion non nucléaire... » (noté en gros)

A la contestation du principe même de dissuasion, il a répondu que nous n’avions jamais eu une aussi longue période de paix, et que l’existence de la dissuasion pouvait l’expliquer (il a toutefois indiqué qu’il était impossible de prouver que sans dissuasion cela aurait été différent). « Avant de changer de système il faut penser le système d’après et être sûr qu’il marche, il faut que la société civile s’y mette. »

Je trouve qu’il vaudrait la peine de le prendre au mot, et de s’y mettre, à ATTAC, en intégrant une autre réflexion qui est venue pendant ces actions, le premier jour à Riverside Church : l’idée de l’usage des principes de non-violence entre Etats.

Le dernier jour pour moi a été vendredi. Matinée dans le bâtiment provisoire où se tenait la session générale. Les documents des ONG pacifistes sont sur des tables à l’entrée de la salle, des délégués les prennent, je suis passé au fond de la salle pendant la session prendre des documents. Le chantier de rénovation va débuter dans la salle de l’assemblée générale. Puis, dans la zone des ONG j’ai participé à la rencontre avec la représentante permanente de la Norvège (d’autres à la même heure voyaient l’Algérie) (notes difficiles en anglais, je traduis, je me suis présenté comme représentant d’ATTAC, elle m’a dit savoir qu’ATTAC existait dans son pays, mes précisions pour comprendre sont entre crochets) « nous pensons que ce qui se passe ici est très très important en raison de l’environnement international favorable... les attentes sont très élevées d’avoir des résultats substanciels... Nous souhaitons avoir des résultats parallèles sur les 3 piliers du TNP [désarmement, non-prolifération, nucléaire civil], les Etats Nucléaires ont une responsabilité pour diminuer le rôle de l’armement nucléaire dans leur sécurité. Il faut faire progresser la confiance en améliorant la transparence... La menace nucléaire diminue la sécurité globale, ne perdons pas la sécurité avec la menace de destruction. Sur les bombes nucléaires tactiques de l’OTAN nous avons une coopération avec la Grande-Bretagne pour la vérification (voir notre site web de l’ONU)... Nous espérons des initiatives à cette conférence sur la transparence et sur l’état d’alerte [actuellement, il est permanent, c’est à dire qu’une frappe nucléaire peut se déclencher en permanence, la première étape de la convention porte sur ce point]. Sur la convention, nous avons convenu d’étudier toutes les possibilités pour diminuer les armes nucléaires. Une convention sera de plus en plus discutée, ce peut être à New-York... Nous continuons à discuter d’une zone dénucléarisée au moyen-orient, toutes les parties du TNP sont d’accord là-dessus [mais Israël n’est pas signataire]... En Norvège, toutes les forces politiques sont d’accord sur notre orientation, et nous avons beaucoup d’échanges avec les organisations non gouvernementales. A Genève [lieu de discussion du TNP hors de l’assemblée générale] nous travaillons à les intégrer. Il y a un meilleur climat et des espérances importantes. »

Après un repas au self de l’ONU, rassemblement et départ vers l’aéroport, pour arriver à Roissy le lendemain matin après un détour de 1000 km pour éviter le nuage du volcan et 2 h ½ de retard.

Et la CNCL (atelier paix) l’après-midi.

Daniel

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